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La réponse de qualité à vos questions

Kriat chema pour les femmes

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aaron26
Messages: 16777214
Bonjour Rav Wattenberg,

je m'occupe d'enseigner dans le cadre d'une communauté depuis quelques mois et une des participantes à un cours m'a posé la question suivante, à laquelle je n'ai pas de réponse claire. Il s'agit d'une femme ayant pris sur elle (non sous forme de neder mais d'habitude) de lire le chema chaque matin, et de faire sa amida. Aussi, elle se demandait si les modalités d'accomplissement de la mitsva de déclamation du chema, qui s'appliquent aux hommes (cad à des personnes : 1) dans l'obligation de le faire et 2) qui, au vu de ces obligations, doivent le faire d'une certaine manière, à des moments bien précis etc... - du moins pour celui du matin -) s'appliqueraient aussi à elle. En bref : a-t-elle toute la journée pour le déclamer ou n'a-t-elle que les trois premières heures du jour, voire aussi le moment entre 'alot achahar et le nets ? Ou peut-elle accomplir la cette lecture toute la journée ? Ma façon d'envisager le problème était la suivante, et j'aimerais votre avis sur ma façon de raisonner.
Il y a, même pour les hommes, deux raisons pour lesquelles nous faisons le chema : 1) Du fait de l'obligation toraïque, qui est celle de réciter ces paroles, "avant de te coucher et quand tu te lèveras" (qui me semble, et dites moi si cela vous semble inexact, une forme d'étude obligatoire et minimale aux deux bornes de la journée) 2) Du fait qu'il est nécessaire de recevoir le joug divin. Le chema, selon ce deuxième angle serait donc (et là, peut-être que je m'avance un peu trop) une forme de "heikhi timtsé", de moyen, pour accomplir cette autre "mitsva" qu'est la kabalat 'ol malkhout chamayim (que j'aimerais bien vous entendre définir, car recevoir le joug divin s'entend plus comme un préalable à l'accomplissement des mitsvot que comme une mitsva en soi, et on pourrait envisager la même discussion sur son statut que celle qui existe sur le 1er commandement de la torah et de son statut de "mitsva" ou, selon d'autres, de "hakdama").
Selon cela, une femme n'ayant pas d'obligation à remplir dans le chema, n'accomplirait celui-ci que sous ce deuxième angle, et celui-ci, même pour les hommes, n'est pas soumis à exécution à un moment particulier de la journée (car un homme qui aurait raté le zman du chema devra quand même le réciter pour être "mekabel ol chamayim" et cette "obligation" reste de mise toute la journée).
Néanmoins, je me permets de rajouter à cette réflexion trop peu documentée quelque chose d'assez simple mais néanmoins évocateur : le fait que la torah insiste sur ces moments de la journée montre tout de même que cette déclamation prend tout (ou grande partie de) son sens quand elle est faite à des moments précis. L'intention de la torah semble, si on reste dans une lecture simple et littérale à ce stade, que ces "paroles là" nous fassent commencer et terminer notre journée. Ainsi, une personne qui lirait kriat chema tous les jours de sa vie, mais à un mauvais horaire, quand bien même elle n'aurait pas l' "obligation" de le faire dans les trois premières heures de la journée (comme dans notre cas), passerait à côté, on peut dire, de toute la dimension du chema. Je reformule ma question en termes plus "lomdich" (ou philosophiques) : le rapport au temps est-il consubstantiel à l'idée même de lecture du chema ? Si c'est ainsi, on pourrait envisager que même une personne non-obligée aurait tout intérêt - mais ne serait-ce qu'un "plus" ou d'une véritable importance ? - à faire le "chema du matin", le matin.
Merci pour votre éclairage, bonne semaine, et tous mes souhaits de réussite pour la sortie de vos prochains ouvrages.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Citation:
je m'occupe d'enseigner dans le cadre d'une communauté depuis quelques mois et une des participantes à un cours m'a posé la question suivante, à laquelle je n'ai pas de réponse claire. Il s'agit d'une femme ayant pris sur elle (non sous forme de neder mais d'habitude) de lire le chema chaque matin, et de faire sa amida. Aussi, elle se demandait si les modalités d'accomplissement de la mitsva de déclamation du chema, qui s'appliquent aux hommes (cad à des personnes : 1) dans l'obligation de le faire et 2) qui, au vu de ces obligations, doivent le faire d'une certaine manière, à des moments bien précis etc... - du moins pour celui du matin -) s'appliqueraient aussi à elle. En bref : a-t-elle toute la journée pour le déclamer ou n'a-t-elle que les trois premières heures du jour, voire aussi le moment entre 'alot achahar et le nets ? Ou peut-elle accomplir la cette lecture toute la journée ? Ma façon d'envisager le problème était la suivante, et j'aimerais votre avis sur ma façon de rai
sonner.
Il y a, même pour les hommes, deux raisons pour lesquelles nous faisons le chema : 1) Du fait de l'obligation toraïque, qui est celle de réciter ces paroles, "avant de te coucher et quand tu te lèveras" (qui me semble, et dites moi si cela vous semble inexact, une forme d'étude obligatoire et minimale aux deux bornes de la journée) 2) Du fait qu'il est nécessaire de recevoir le joug divin. Le chema, selon ce deuxième angle serait donc (et là, peut-être que je m'avance un peu trop) une forme de "heikhi timtsé", de moyen, pour accomplir cette autre "mitsva" qu'est la kabalat 'ol malkhout chamayim (que j'aimerais bien vous entendre définir, car recevoir le joug divin s'entend plus comme un préalable à l'accomplissement des mitsvot que comme une mitsva en soi, et on pourrait envisager la même discussion sur son statut que celle qui existe sur le 1er commandement de la torah et de son statut de "mitsva" ou, selon d'autres, de "hakdama").
Selon cela, une femme n'ayant pas d'obligation à remplir dans le chema, n'accomplirait celui-ci que sous ce deuxième angle, et celui-ci, même pour les hommes, n'est pas soumis à exécution à un moment particulier de la journée (car un homme qui aurait raté le zman du chema devra quand même le réciter pour être "mekabel ol chamayim" et cette "obligation" reste de mise toute la journée).
Néanmoins, je me permets de rajouter à cette réflexion trop peu documentée quelque chose d'assez simple mais néanmoins évocateur : le fait que la torah insiste sur ces moments de la journée montre tout de même que cette déclamation prend tout (ou grande partie de) son sens quand elle est faite à des moments précis. L'intention de la torah semble, si on reste dans une lecture simple et littérale à ce stade, que ces "paroles là" nous fassent commencer et terminer notre journée. Ainsi, une personne qui lirait kriat chema tous les jours de sa vie, mais à un mauvais horaire, quand bien même elle n'aurait pas l' "obligation" de le faire dans les trois premières heures de la journée (comme dans notre cas), passerait à côté, on peut dire, de toute la dimension du chema. Je reformule ma question en termes plus "lomdich" (ou philosophiques) : le rapport au temps est-il consubstantiel à l'idée même de lecture du chema ? Si c'est ainsi, on pourrait envisager que même une personne non-obligée aur
ait tout intérêt - mais ne serait-ce qu'un "plus" ou d'une véritable importance ? - à faire le "chema du matin", le matin.
Merci pour votre éclairage, bonne semaine, et tous mes souhaits de réussite pour la sortie de vos prochains ouvrages.


Je résume votre question pour ceux à qui -comme moi- sa longueur a fait peur:

Si une femme a pris sur elle de faire le Shema tous les jours (mitsva qui n’incombe qu’aux hommes), doit-elle en respecter les horaires (auxquels les hommes sont astreints)?

Vous expliquez la question ainsi :

Citation:
le rapport au temps est-il consubstantiel à l'idée même de lecture du chema ?

Il l’est très probablement, mais ça ne voudrait pas encore dire qu’il serait une condition sine qua non, un aspect rédhibitoire, seulement que c’est un aspect très conséquent de la Mitsva.

Une femme pourrait « prendre sur elle » de lire le Shema mais pas d’en respecter les horaires, cela aurait encore du sens.

La question à se poser est donc si cette personne s’est « engagée » à pratiquer la MITSVA du Shema (le lire comme les hommes et donc avec astreinte des horaires), ou seulement à LIRE le Shema quotidiennement (et dans ce cas, peu importe l’heure).

C’est à elle qu’il faut poser la question, mais a priori, j’imagine qu’elle a simplement souhaité s’engager à lire le Shema (à moins qu’elle sache que ce qui la séduisait dans cette mitsva était aussi l’aspect d’astreinte horaire…).
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