Citation:
Que pensez-vous des développements élaborés par des universitaires, par exemple Bar Ilan, sur la Parasha ?
N'y a-t-il pas un risque de rencontrer des idées erronées, ou non conformes à la pensée traditionnelle de Hazal ?
Si, si. Absolument. Ce risque existe et le "label Bar Ilan" n'est aucunement une garantie de fiabilité ni d'attachement aux Hashkafot traditionnelles.
Sachez tout de même, puisque vous parlez de la parasha, que l'on trouve aussi chez les interprètes traditionnels des explications qui s'écartent des paroles des 'Hazal. L'idée étant qu'en matière Agadique, pour la Parshanout, il est licite d'expliquer à sa manière tant que ce la ne contrevient ni à la Halakha ni à une Emouna de la tradition juive.
Toutefois, les universitaires pourront aisément dépasser ces limites.
Citation:
Je vous demande cela car je suis tombé récemment sur un de leur travaux qui explique au nom de Phylon d'Alexandrie que Ménaché et Efraïm n'était qu'une allégorie.
Si ce n'est que ça, il n'y a pas mort d'homme. Ils peuvent mentionner que selon Philon c'est ainsi, ça ne veut pas dire y souscrire.
S'ils y souscrivent c'est autre chose.
Il faudrait aussi se demander, si Ephraïm et Menashé n'ont jamais existé, et que tous le passages où l'on parle d'eux sont des fables et allégories, pourquoi inventer des personnages et les nommer? et surtout, qui sont tous ces descendants qui étaient appelés "tribu de Menashé" ou "tribu d'Ephraïm"? Et qui a bénéficié de ces terrains qui leur ont été attribués lors de la conquête de Canaan ?
Il faudrait admettre que 200 ans à peine après
(ou 400 diraient-ils), l'allégorie était déjà prise littéralement et que des gens perdus auraient tous décidé qu'ils étaient en famille et qu'ils descendaient d'un de ces deux personnages imaginaires...
ça fait un peu beaucoup.
Il faut comprendre que les garanties universitaires (Bar Ilan inclus) ne sont pas des garanties au niveau de la transmission et de l'authenticité des idées apportées.
Il y a toutes sortes d'universitaires, certains sont très rigoureux, d'autres le sont moins.
Mais au-delà de ces considérations, même en se focalisant sur les plus rigoureux, cela ne les empêche pas de faire appel à leur imagination, à laquelle il manque parfois beaucoup de données.
Les Talmidei 'Hakhamim aussi font parfois appel à leur imagination pour résoudre une énigme dans le domaine de leurs études, mais leur plus vaste culture religieuse leur permet de diriger leurs pensées et ne pas élaborer des élucubrations absurdes.
De la même manière qu'on peut trouver qu'il y a des rabbanim qui seraient trop "parti pris" pour le fait religieux, il y a à l'autre extrême des universitaires qui n'ont cure de la religion. Les deux se laissent volontairement tromper par leurs Neguiot.
Le religieux va vouloir interpréter dans son sens des textes qui n'ont pas du tout l'air de dire ce qu'il leur fait dire, et l'universitaire va en faire de même dans l'autre sens.
L'un dispose de la Yirat Shamayim, l'autre de l'esprit critique. Mais les deux sont nécessaires pour ce type d'analyse et aucun d'eux ne dispose des deux.
Seuls quelques universitaires (ou 'Hokrim) sont pétris de Yirat Shamayim et disposent de bases suffisantes pour se diriger sans s'égarer totalement.
Et il y a des Talmidei 'hakhamim assez ouverts et cultivés, et surtout dotés d'esprit critique, leur permettant d'entreprendre une recherche honnête. (Je ne dis pas que c'est le cas de tous les Rabbanim, loin s'en faut.)
En conclusion: Un livre édité par Bar Ilan peut parfaitement comporter des erreurs graves de Hashkafa et de nombreux chercheurs ont écrit des choses fort peu probables en raison de leur manque de connaissances
(ou d'intérêt) en matière religieuse.