Citation:
Je suis toujours embarrassé quand je lis ou écoute des histoires sur des juifs qui ont gardé les Mitsvot pendant la Choa et qui, grâce à cela, ont eu la vie sauve.
Par exemple, j'ai récemment entendu un rav raconter le sauvetage des étudiants de la Yéchiva de Mir et imputer ce sauvetage grâce au Limoud Hatorah de ces Bakhourim.
Premièrement, je me dit qu'il y a eu des milliers d'autre juifs tout aussi méritant qui n'ont pas eu la vie sauve malgré leur dévouement [le rav El'hanan Waserman qui a été arrêté pour être fusillé alors qu'il étudiait la Torah selon la description du rav Ochry, le pogrom de 'Hevron de 1929 qui a touché la Yéchiva, l'attentat de la Yéchiva de Merkaz Harav...)
Deuxièmement, on trouve dans notre tradition des textes qui nous explique que ce n'est pas si simple: le principe du libre arbitre, les Guilgoulim, le fameux 'Hazon Ich qui nous apprend qu'avoir la Emouna en Hachem ne signifie pas croire que tout finira bien mais plutôt que tout vient d'Hachem, Rabbi El'azar Ben Pedat (Ta'anit) qui fut condamné à la pauvreté...)
D'un autre coté, je ne nie pas que le principe de Sékhar Vé'onech est un principe rapporté par la Torah.
Qu'en pensez-vous ?
Vous avez parfaitement raison, il n’est pas judicieux de comprendre les choses ainsi.
Cependant, m’est avis que lorsque le Rav que vous avez entendu imputait le sauvetage de la yeshiva au Limoud Hatorah des élèves de la yeshiva, l’intention n’était pas de dire que ça serait le seul et unique élément de cette Hatsala.
Il y a assurément des tas de paramètres qui nous échappent, et l’assassinat du Rav Wasserman et ses élèves le prouve bien.
L’idée serait qu’un des facteurs bénéfiques étant (dans leur cas) le Limoud, il est POSSIBLE que ce fut l’élément décisif, celui qui aurait fait pencher la balance du bon côté.
Mais ça ne veut pas dire qu’à lui seul, il devrait (systématiquement) annuler tous les mauvais décrets.
Je ne connais pas le Rav dont vous parlez et je me dois de reconnaitre que je ne sais pas si c’est dans cet esprit qu’il le disait, mais j’ai naturellement tendance à juger positivement tout Rav, donc je suppose que c’était son intention.
Quoi qu’il en soit, que ce fut ou non son intention, c’est la mienne 😊.
Je veux dire qu’il est possible qu’un Rav répète ce qu’il aurait entendu d’un autre Rav sans vraiment le saisir pleinement et sans penser aux contradictions que l’on pourrait opposer à sa compréhension limitée.
Ici, il se peut qu’un Rav vous dise que c’est le Limoud qui a sauvé la Yeshiva de Mir durant la guerre, en pensant que ce fut le seul et unique paramètre. Mais en réalité il ne fait que répéter ce que d’autres auraient dit (dans des cas similaires) en ayant l’intention que je décrivais plus haut ; dire que c’est UN élément parmi d’autres et qu’il a peut-être joué un rôle majeur en faisant basculer la destinée.
Cette interprétation que je vous livre ici pourra être reprise et utilisée pour comprendre encore d’autres assertions qui peuvent paraître étonnantes à y réfléchir, notamment dans le Talmud et les Midrashim, il est fréquent qu’on impute un sort ou une situation à un péché ou une bonne action, et l’analyse des textes semble contradictoire sur ce point, ou encore, on constate que divers textes mettent en exergue un élément différent.
Cette contradiction apparente trouvera sa solution par l’explication présentée plus haut.