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Tehilim pendant l'allaitement

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Techouvot_MIR
Messages: 12
Bonjour Rav,

Peut/on lire des Tehilim en allaitant ?

Merci.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
Citation:
Peut/on lire des Tehilim en allaitant ?


Oui.

Le fait d’allaiter en soi n’est pas incompatible avec la lecture de Tehilim, ou la récitation d’une Brakha.

Toutefois, il faudra veiller à d’autres éventuels problèmes :

1) Il faut se laver les mains après avoir touché une partie (généralement) recouverte du corps (mais si vous n’avez rien touché, pas besoin).

2) Si la couche de bébé est salle et émet une odeur, on ne peut pas lire les Tehilim. (et de toute manière, il est préférable qu’il ait la couche propre pour qu’il puisse bien manger.)

Si le bébé est exclusivement allaité et ne mange aucun produit à base des 5 céréales, c'est moins problématique (Cf. Souka 42b, fin de Perek 3), néanmoins le Maguen Avraham (O"H §81, sk.1) écrit qu'il convient de s'en abstenir dès que le bébé a 8 jours.
Le Mishna Broura (O"H §81, sk.3) lui emboite le pas (en indiquant lui aussi 8 jours).
Cependant, la preuve du Maguen Avraham est basée sur le Rama dans Yoré Déa (§265, 8) et s’il n’apparait pas de manière évidente que ce soit l’intention du Rama, il serait encore moins évident d’imposer cela aux Sfaradim (pour ceux d’entre eux) qui ne suivent pas le Rama.
Néanmoins, le Kaf ha’haim (O’’H §81, sk.6) l’indique aussi.

Je ne sais pas d’où vient l’idée de 8 jours, pourquoi pas 3 ou 12 ou 30 ou dès la naissance ?
Le Baal Hatanya dans son S.A. (o’’h §81, 2) indique cette notion concernant un bébé dès son premier jour.
C’est aussi ce qui se déduit du Shakh (Y’’D §265, sk.19).

[Il y a aussi des Poskim qui, se basant sur l’expression du Shoul’han Aroukh (O’’H §81, 1), indiquent que même si le bébé ne consomme aucune céréale, s’il est en âge d’en consommer, cela suffit. Mais voyez le Maguen Avraham (op cit) qui s’y oppose.
Le S.A. Harav Baal Hatanya (o’’h §81, 2) ne le suit pas.]


Je précise encore que non seulement la femme qui allaite pourra réciter une Brakha et des Tehilim, mais aussi une autre femme qui serait présente [selon l’opinion du Rashba -en désaccord sur cela avec le Rosh.
Les A’haronim retiennent l’avis permissif du Rashba. Voir Rama (o’’h §75, 1) et Mishna Broura (§75, sk.8), Shaar Hatsiyoun (ad loc) et Baer Heitev (§75, sk.4)].

Par contre, un homme (quand bien même son propre mari) ne le pourra pas.
(Ce n’est pas un statut de Erva, sans quoi ça aurait été problématique même pour la femme, c’est un problème de Hirhour.)

S’il fallait apporter un Smakh à partir du Talmud qu’il est autorisé de dire des Tehilim en allaitant (bien qu’une partie du corps soit découverte), j’indiquerais la Gmara Brakhot (10a) qui dit au sujet de David :
ינק משדי אמו ונסתכל בדדיה ואמר שירה

Ou encore, la Gmara Sotah (30a) qui, lorsqu’elle nous dit qu’au moment de l’ouverture de Yam Souf même les nourrissons ont chanté les louanges de D.ieu, précise :
עולל מוטל על ברכי אמו ותינוק יונק משדי אמו כיון שראו את השכינה עולל הגביה צוארו ותינוק שמט דד מפיו ואמרו זה אלי ואנוהו

Dans ces deux cas, ce n’est pas de la mère qu’il s’agit, et David n’était pas une femme, mais étant donné qu’à cet âge il n’y a pas lieu de craindre le Hirhour, son statut est comme celui d’une femme vis-à-vis de ce point.

Nous constatons donc que cette partie découverte n’a pas le statut halakhique de Erva (interdisant la récitation d’une prière).

On pourrait encore s’appuyer sur différents faits qui nous sont rapportés dans les Sfarim au sujet de bébés qui ont fait la Brakha Shehakol avant d’être allaités.
J’en indique des exemples dans mes notes publiées sur le Safa Leneemanim (Varsovie 2021, note 11 page 63), comme
le ‘Hidoushei Harim de Gur (cf. Méir Einei Hagola tome 1, §16),
le Avnei Nezer (cf. Avir Haroïm, Piotrkow 1935, tome 1 §10),
Reb Tsadok Hacohen (cf. Toldot rabbi Tsadok, Lublin 1924, p.14 note 1),
Avraham Binyamin Lewin (le fils de Reb Aryé Lewin, décédé à l’âge de 9 mois) (cf. Ish Tsadik Haya p.43).

Dans tous ces cas, il s’agit d’enfants et on ne devrait pas tenter d’apporter un soutien halakhique à partir d’un bébé -si prodigieux soit-il- qui faisait la Brakha Shehakol à l’âge de 9 mois, mais il faut comprendre que si ce bébé récitait la Brakha avant d’être allaité, c’est probablement parce que sa mère la récitait « pour lui » habituellement à ce moment (et nous pouvons donc en déduire qu’un adulte a considéré que la partie découverte n’avait pas un statut de Erva).

Bien qu’il y ait matière à discuter sur cette initiative (en principe, c’est plutôt une Brakha Levatala pour la mère, puisque le bébé n’est pas en âge de ‘Hinoukh), mais ce n’est pas notre sujet et surtout, comme, en l’occurrence, on constate que ces bébés ont ainsi appris à faire la Brakha, il s’avère donc qu’ils étaient effectivement en capacité d’apprendre et le ‘hinoukh avait son sens (reste à savoir d’où les mères l’auraient su à l’avance).

De manière plus explicite, nous trouvons au sujet de Reb Zelmalé (Toldot Adam, éd. Vilna 1884, daf 4a) que sa mère l’a habitué à faire la brakha avant l’allaitement au point qu’il réclamait que sa mère récite la bénédiction avant qu’il ne commence à se nourrir.
C’était donc bien sa mère qui la récitait.

On nous raconte aussi dans le Zikhronot Ish Yeroushalayim (II, p.34) qu’il était fréquent à Tsfat d’allaiter jusqu’à 2 ou 3 ans et qu’il y avait par conséquent des enfants qui récitaient la Brakha Shehakol avant d’être allaités.

[On pourrait prétexter qu’ils devaient certainement mettre un lange avant la Brakha pour dissimuler la Erva, mais il resterait étrange qu’aucune de ces sources ne l’ait précisé.]

Je parle un peu plus de tout ça dans mes remarques sur le Safa Leneemanim (op cit), je vous y renvoie.


Enfin, un dernier point auquel il faut faire attention : si une femme seule avec son bébé, ou en présence de son mari, peut allaiter sans souci, dans le cas où d’autres personnes seraient présentes, il convient de faire attention à la Tsniout en couvrant d’un lange AVANT de se défaire.

S’il est judicieux -et louable- de mettre à profit ces moments où l’on est immobilisée, en lisant des Tehilim ou en apprenant des Halakhot, il convient avant tout de s’assurer du respect de la Tsniout et ne pas allaiter en présence d’autres hommes que son mari (à moins d’être assez agile pour veiller à la Tsniout à l’aide du lange en question).
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