Citation:
Dans le meme recit de Rabbi Yohanan ben Broka dont le Bavli et le Yeroushalmi rapporte il ya une fine difference:
Dans le Talmud Bavli il est écrit (חגיגה ג א):
"אי אפשר לבית המדרש בלא חידוש"
Or dans le Yeroushalmi il est ecrit (חגיגה דף א א):
"אי אפשר לבית המדרש שלא יהא בו דבר חדש בכל יום"
Qu'est-ce que le Yeroushalmi apporte de plus qui n'etait pas indiqué dans le Bavli dans le "בכל יום" ?
Ou plutot - étant donné que le Yeroushakmi a été écrit avant le Bavli - qu'est ce que le Bavli soustrait lorsqu'il retire les mots "בכל יום"?
Tout d’abord, je dirais qu’il n’était pas nécessaire d’ajouter les mots « bekhol yom » pour qu’on les comprenne, car dans cette histoire, Rabbi Yehoshoua demande (aux deux autres) :
מה חידוש היה בבית המדרש היום?
Quel ‘hidoush a été dit AUJOURD’HUI au beit hamidrash ?
Et quand ils lui répondent qu’ils n’ont fait que répéter ses enseignements :
תלמידיך אנו ומימיך אנו שותין.
C’est là qu’il leur dit que malgré tout, il est impossible qu’une étude groupée n’apporte pas un ‘hidoush:
אף על פי כן, אי אפשר לבית המדרש בלא חידוש.
Donc on comprend bien que ça veut dire « impossible qu’un beit hamidrash n’apporte pas un ‘hidoush
chaque jour », puisqu’il les avait questionnés sur le ‘hidoush de CE jour.
Ce qui implique qu’il n’y a pas de ma’hloket à voir entre les deux versions, les deux veulent dire la même chose.
Cependant, le
Alei Tamar (sur le Yeroushalmi ad loc) indique que le
Bavli a « abrégé » cet adage, et peut-être que cela signifie que le ‘hidoush supplémentaire ne s’obtiendrait qu’au bout "d’une semaine ou de quelques jours", alors que d’après le
Yeroushalmi c’est tous les jours. (עכת"ד)
Pour ma part, je ne pense pas qu’il faille y voir une ma’hloket, le
Yeroushalmi insiste seulement en ajoutant
bekhol yom pour dire qu’à chaque fois qu’on reprend une souguia on obtiendra un ‘hidoush, même si la dernière fois qu’on a étudié cette souguia ne remonte pas à « plus d’un an ». Même si l’on reprend la même souguia dès le lendemain, cette étude apportera un ‘hidoush.
Le
Bavli ne « retranche » pas forcément, et on peut même l’interpréter comme « encore plus me’houdash ». Le
Yeroushalmi, en voulant signifier que chaque étude apportera un ‘hidoush, précisait que c’est « bekhol yom », il se peut que le
Bavli, dans la ligne du
Yeroushalmi veuille dire la même chose avec encore plus de précision ; même si la précédente étude date du matin (c-à-d pas de la veille mais du même jour), là aussi il y aura un ‘hidoush à chaque fois que l’on reprendra l’étude de la souguia.
C’est pourquoi il dit que « chaque beit hamidrash (=étude groupée) apportera un ‘hidoush », alors que l’expression du
Yeroushalmi aurait pu être mal comprise en l’interprétant comme s’il y avait un minimum de temps d’un jour à laisser entre les deux études pour espérer y trouver un ‘hidoush supplémentaire.
Bref, on peut comprendre l’inverse de ce que dit le
Alei Tamar et dire que le
Bavli est plus me’houdash que le
Yeroushalmi.
Mais je pense qu’aucune des deux lectures n’exclut l’autre, les deux Talmuds sont d’accord pour dire que chaque étude (groupée) apportera un nouvel éclairage, sans qu’il y ait un minimum de temps requis entre les deux études. Le
Yeroushalmi ne disait «
bekhol yom » que pour exclure plus de temps qu’un jour (mais pas « moins de temps qu’un jour »).