Citation:
… Si l'on retrouve ce genre de valeur chez Rav Edelstein, qu'en est-il des autres Rabbanim de manière générale (pas forcément chez les Gdolim) ?
… j'ai l'impression qu'il y a des Rabbanim, qui connaissent beaucoup de Torah, et qui – justement – « ne comprennent pas les gens », ni les jeunes, ni les moins jeunes.
Ce qui me fait penser à cela est le fait que je ne connaisse pas beaucoup de Rabbanim qui se soucient réellement des gens, même des gens de leur communauté, …ils vont leur donner des conseils qui ne leur conviennent pas, ou ils vont leur dire des paroles de Moussar et de Hit'orérout qui ne les aideront pas car elles ne leur correspondent pas et ne vont pas les aider à s'améliorer, ou pire, elles vont les rabaisser et/ou les enfoncer encore plus qu'avant ...
Ou encore, ils vont donner des directives (Halakhiques ou autres) à l'ensemble de leur communauté, même si ce sont des 'Houmrot, et sans se demander si cela convient aux gens sans que ça ne soit trop dur pour eux.
Plus que cela, j'ai l'impression que pour certains Rabbanim, si quelqu'un n'est pas Talmid 'Hakham comme il le conçoit, ou qui n'est pas « à la hauteur », même si c'est quelqu'un qui est gentil et qui a de bonnes Midot, alors il ne vaut rien ou pas grand chose.
J'ai lu ce que vous avez récemment rédigé concernant le principe de Tinok Shenishba, ici :
https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=57261#57261
Et franchement, qui est-ce qu'on entend dire des choses similaires ?
Personnellement, j'entends tellement de gens (Rabbanim ou pas) dire volontiers des choses de manière très sévère et intransigeante que je ne sais plus vraiment quoi penser de leurs opinions (est-ce qu'on va dire qu'ils ont tous tort ou qu'ils sont tous fous ?! Ou alors que c'est moi qui aie toujours tort ou qui suis complètement fou ?!).
Bref, ma question est : si Rav Edelstein (par exemple) comprenait sa génération, serait-ce à dire que c'est quelque chose de rare, que c'est une valeur que l'on ne retrouve que rarement chez quelques Rabbanim ?
Il y a plusieurs points dans votre question, je vous cite par endroits pour mieux vous répondre :
Citation:
… j'ai l'impression qu'il y a des Rabbanim, qui connaissent beaucoup de Torah, et qui – justement – « ne comprennent pas les gens », ni les jeunes, ni les moins jeunes.
Ça c’est votre impression, la mienne c’est que la vôtre n’est pas qu’une impression.
Pas tous ceux qui ont beaucoup de connaissances en Torah comprennent parfaitement les autres.
Citation:
Ce qui me fait penser à cela est le fait que je ne connaisse pas beaucoup de Rabbanim qui se soucient réellement des gens, même des gens de leur communauté, …ils vont leur donner des conseils qui ne leur conviennent pas, ou ils vont leur dire des paroles de Moussar et de Hit'orérout qui ne les aideront pas car elles ne leur correspondent pas et ne vont pas les aider à s'améliorer, ou pire, elles vont les rabaisser et/ou les enfoncer encore plus qu'avant ...
S’il existe un rabbin de communauté qui ne se soucie pas réellement des gens, c’est un problème. Un Rav qui ne se soucie pas réellement du bien-être de ses fidèles, c’est un souci.
Citation:
Ou encore, ils vont donner des directives (Halakhiques ou autres) à l'ensemble de leur communauté, même si ce sont des 'Houmrot, et sans se demander si cela convient aux gens sans que ça ne soit trop dur pour eux.
Il y a effectivement des rabanim abonnés à la ‘Houmra. Mais en principe, ils ne forcent pas leurs fidèles à devenir leurs fidèles. Je veux dire qu’il incombe à chacun de choisir son Rav.
Si une personne sent que les ‘Houmrot de tel Rav lui correspondent, qu’elles sont vraiment nécessaires et le font progresser, aimer le Limoud et se rapprocher de D.ieu, et qu’elle souhaite suivre toutes les directives de ce Rav, c’est son droit.
Si, en parallèle, un autre juif, trouve que ce même Rav impose beaucoup trop de ‘Houmrot au lieu de laisser le choix, libre à lui de ne pas accepter ce Rav comme étant son Rav.
C’est vrai qu’avant, les juifs habitaient des petits villages, en Europe ou au Maghreb, et ils n’avaient souvent pas d’autre rabbin sous la main que celui de la ville. Mais de nos jours, il y a souvent plusieurs rabanim par ville et des moyens de consulter un autre rav que le rav officiel de sa communauté.
Citation:
Plus que cela, j'ai l'impression que pour certains Rabbanim, si quelqu'un n'est pas Talmid 'Hakham comme il le conçoit, ou qui n'est pas « à la hauteur », même si c'est quelqu'un qui est gentil et qui a de bonnes Midot, alors il ne vaut rien ou pas grand chose.
Si c’est le cas, c’est une erreur du Rav.
Si un fidèle est gentil et a de bonnes Midot, il « vaut » énormément.
Bien sûr, il « vaudrait » beaucoup plus en étant aussi érudit en Torah, mais il « vaut » déjà beaucoup comme ça, suffisamment pour le respecter -et même bien plus que celui qui serait à l’opposé, connaissant plein de Torah mais sans gentillesse et avec de mauvaises Midot.
Citation:
J'ai lu ce que vous avez récemment rédigé concernant le principe de Tinok Shenishba, ici :
https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=57261#57261
Ahaha ! Vous tombez pile sur un sujet où un Rav m’a reproché ce que j’ai écrit, justement.
Il estimait que ma réponse était trop laxiste ou trop tolérante et qu’il fallait se montrer beaucoup plus sévère et intransigeant (voyez mon message ajouté ensuite sur ce fil).
Du coup il me reprochait encore plusieurs points, comme un prétendu Zilzoul des rabanim israéliens, Zilzoul des Baalei Tshouva, et surtout que le seul Psak valide à ses yeux était de répondre « Assour d’y aller, point final ».
Par chance, ce Rav est intelligent et son intention est -réellement- Leshem Shamayim (ce qui est assez rare dans ces configurations où l’on attaque autrui), ce qui fait qu’on a pu échanger jusqu’à se comprendre, éliminant au fur et à mesure les chefs d’accusation, pour aboutir au seul point crucial qui nous sépare, c’est que lui pense qu’il faut malgré tout interdire de manière catégorique, alors que je suis d’avis qu’il n’y a pas de règle valable pour tous les cas.
Je cite des Rabanim qui pensent qu’il faut y aller, ou qu’il ne faut pas y aller, et je présente mon avis qui est qu’il convient d’avoir recours au « psak sur mesure » pour ces questions, car les paramètres changent d’un cas à l’autre.
Quoi qu’il en soit, l’avantage avec les gens intelligents et qui travaillent leur Midot, c’est qu’on peut discuter et se comprendre.
Quand il manque l’un des deux aspects, ça complique les discussions (et lorsque les deux font défaut, c’est catastrophique).
Citation:
Et franchement, qui est-ce qu'on entend dire des choses similaires ?
Ben, disons que dans ma réponse je cite deux rabanim qui tiennent une position encore plus catégorique que la mienne et disent qu’il faut qu’il aille au mariage de sa cousine afin de préserver le lien et les bonnes relations avec elle.
Après, si vous trouvez que ma position est sensée, sachez que vous n’êtes pas le seul à le penser, il y a aussi moi 😊. Mais on ne peut pas dire que notre position soit unanimement partagée.
Citation:
Personnellement, j'entends tellement de gens (Rabbanim ou pas) dire volontiers des choses de manière très sévère et intransigeante que je ne sais plus vraiment quoi penser de leurs opinions (est-ce qu'on va dire qu'ils ont tous tort ou qu'ils sont tous fous ?! Ou alors que c'est moi qui aie toujours tort ou qui suis complètement fou ?!).
Ça, ça dépend des sujets.
Il faut parfois se montrer ferme.
Il y a des rabanim qui tolèrent tout et n’importe quoi, ça ne va pas, il faut veiller à ce que le judaïsme ne parte pas à la dérive.
Donc il est important d’avoir des limites, des lignes rouges à ne pas franchir.
Mais il faut toujours être capable (quand on est rabbin) d’analyser chaque situation et rester alerte, si jamais de nouveaux facteurs entraient en jeu et changeaient la donne.
Il y a des rabbins qui ferment les yeux sur tout (ou presque), d’autres qui se montrent intolérants à tout (ou presque) et très durs, je pense que ces deux voies ne sont pas bonnes.
Citation:
Bref, ma question est : si Rav Edelstein (par exemple) comprenait sa génération, serait-ce à dire que c'est quelque chose de rare, que c'est une valeur que l'on ne retrouve que rarement chez quelques Rabbanim ?
Non, rassurez-vous, il y a des rabanim clairvoyants, il ne faut pas se baser sur quelques exemples négatifs.
D’autres Rabanim comprennent aussi les gens mais considèrent qu’il faut être dur malgré tout, ce n’est pas parce qu’ils sont durs qu’ils ne comprennent pas les gens (même s’il en existe qui sont durs parce qu’ils ne comprennent pas les gens, ce n’est pas toujours la seule raison).
Il y a différentes approches et différents caractères.
Rav Edelstein estimait que se montrer intransigeant était souvent contre-productif et il est vrai que l’application de cette idée dans le rapport que l’on doit entretenir avec les non-religieux, a été pour plusieurs rabanim un ‘hidoush bouleversant leurs vues, jusque-là ils prônaient plutôt une rigueur catégorique et intransigeante, estimant que se montrer relativement souple et respectueux du fauteur constituait un ‘hilloul hashem et une caution à sa aveira.
Je suis d’avis, là encore, qu’il ne peut pas y avoir qu’une seule règle, parfois c’est vraiment une caution de la aveira, d’autres fois ça ne l’est pas du tout.
Mais les prises de position tranchées de Rav Edelstein ont eu le mérite d’ouvrir les yeux à beaucoup de rabanim et ont influencé ces derniers vers plus de tolérance notamment dans le cas de parents dont un des enfants abandonne la pratique de la religion juive.