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Kvod Hakhamim de Rav Landau

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MrQuestion
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Cher Rav Wattenberg,

Vous citez à plusieures reprises le Kvod Khakhamim de Rav Landau.

Par contre, mis à part le fait que c'est un descendant du Noda Biyehouda, je n'ai pas encore réussi a trouver quelconque référence biographique à son sujet...

Pouvez-vous svp nous en dire plus à son sujet ?

Merci.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Citation:
Vous citez à plusieures reprises le Kvod Khakhamim de Rav Landau.
Par contre, mis a part le fait que c'est un descendant du Noda Biyehouda, je n'ai pas encore réussi a trouver quelconque référence biographique à son sujet...
Pouvez-vous svp nous en dire plus à son sujet?


Il s’agit de Rav Yaakov (Yakobke) ben Elazar Landau, né vers 1823 à Brody, descendant du Noda Biyehouda .

Il y a effectivement eu deux Rav Elazar Landau connus à cette époque dans la descendance du Noda Biyehouda et il est difficile de recouper les informations concernant celui-ci spécifiquement sans s’embrouiller avec son homonyme.

L’auteur du Kvod ‘Hakhamim était vraisemblablement R. Yaakov le fils de Rav Elazar Landau auteur du Yad Hamélekh sur le Rambam (1778-1831), fils de R. Israel Landau (1758-1829), fils du Noda Biyehouda (1713-1793).
Le Kvod ‘Hakhamim était donc arrière-petit-fils du Noda Biyehouda (c’est ce qu’il appelle « dor revii » en page de garde de son sefer).

Le doute que j’ai à ce propos c’est que Rav Kamelhar (qui est généralement bien renseigné) a écrit un livre sur le Noda Biyehouda (Mofet Hador -Piotrkow 1934) où il mentionne les fils du Noda Biyehouda dont R. Israel, et réserve un chapitre au sujet du fils de ce dernier, R. Elazar, à la fin duquel (p.104) il cite ses enfants, 4 filles et 3 garçons, et les garçons sont prénommés Yehouda, Zeev Wolf et Moshé. Il ne mentionne pas de Yaakov.

Toutefois, je crois qu’il fait erreur et que notre auteur était bien le fils du ce R. Elazar Landau, qui avait d’ailleurs encore un 5ème fils qu’il ne mentionne pas, R. Mena’hem Mendel Landau.

Le Yad Hamelekh (père vraisemblable du Kvod ‘Hakhamim) était le Rav de Brody avec lequel Rav Shlomo Kluger était toujours en désaccord.
Le Shiva Enayim de Rav Kluger est dirigé contre les Psakim du Rav Elazar Landau (auteur du Yad Hamelekh).

Avant d’être rabbin de Brody, il avait été le Rav de Sternberg, puis il a été choisi comme rav pour Levov (=Lviv = Lemberg), mais une partie de la communauté lui préférait Rav Yaakov Ornstein (le Yeshouot Yaakov).
Au départ c’est Rav Landau qui avait été retenu, on le préférait car il avait aussi des connaissances séculières, et « qu’il était grand et majestueux » ( !).
Mais suite aux tensions dans la ville entre les deux camps, le maire de la ville a imposé que ce soit le Yeshouot Yaakov.
Depuis cet épisode, ces deux rabbins se haïssaient (p.103).

Rav Kamelhar raconte qu'une fois, quelqu'un est venu dire au Yad Hamelekh que le Yeshouot Yaakov a donné une Drasha extraordinaire, et lui en a révélé le contenu.
Rav Elazar Landau lui a répondu qu'il aurait lui aussi pu donner la même Drasha, que tout ce qu'enseigne Rav Ornstein lui est accessible et qu'il peut dire lui-même tout ce que dit ce Rav, sauf UNE phrase qu'a prononcée Rav Ornstein qu'il (le Yad Hamélekh) n'aurait jamais pu dire, c'est la phrase Harei At Mekoudeshet Li que Rav Ornstein a prononcée à l'adresse de son épouse! (Voulant dire par-là qu'il ne supporte pas Mme Ornstein non plus.)
Cela indique le niveau de discorde qui régnait entre ces deux rabbins.

Mais ils ont ultérieurement fait la paix, au point qu’une des filles du Yad Hamelekh épouse le petit-fils du Yeshouot Yaakov (le fils de son fils Rav Mordekhaï Zeev) (p.104).

Rav Elazar Landau a ensuite été nommé à Brody, mais n’y est pas resté longtemps car il est décédé en 1831 à l’âge de 52 ou 53 ans, lors de l’épidémie de choléra.
Il allait et venait parmi les malades pour s’occuper d’eux (faire Bikour ‘Holim) tout en étant conscient du danger, mais ne pouvait pas se résoudre à abandonner ces malheureux à leur sort (et il allait aussi faire Ni’houm Avélim pour chaque mort), jusqu’à ce qu’il soit contaminé et décéda à son tour.


Le Yad Hamélekh a été marié deux fois, sa première épouse, ‘Haya Hinda fille de R. Mordekhai (ou Mena’hem) Mendel Yarish, est décédée lorsqu’il était rabbin de Sternberg, puis il s’est marié avec Rivalé (Rivka) Bernstein (qui lui survivra plus de trois décennies, jusqu’en 1862), fille de R. Aryé Leibush Bernstein de Brody, c’est la mère de notre protagoniste, le Kvod ‘Hakhamim.

C’est là que R. Elazar Landau quitta son poste à Sternberg et s’installa à Brody sans occuper de fonction rabbinique, jusqu’en 1829 où le Rav de Brody (rav Aryé Leib Teomim, auteur du Yaalat ‘Hen et du Shout Gour Aryé Yehouda) vieillissant et se sentant trop faible pour continuer à son poste, pris sa retraite.
Les notables nommèrent donc Rav Elazar Landau rabbin à sa place, mais il ne l’occupa pas longtemps puisque deux ans plus tard il fut emporté par le choléra, comme on l’a dit, alors que son prédécesseur était toujours en vie !
(Un drame similaire a eu lieu avec le Aderet qui est venu à Jérusalem prêter main forte au Rav Shmouel Salanter vieillissant, et qui est finalement décédé prématurément du vivant du vieux rav Salanter.)

Le Kvod ‘Hakhamim a donc été orphelin de père vers ses 8 ans (mais il avait sa mère jusqu’à ses 39 ans).


Il y a un autre Rav Elazar Landau (1791-1886), lui-même arrière-petit-fils du Noda Biyehouda et son patronyme n’était pas celui du Noda Biyehouda -Rav Ye’hezkel Landau- bien qu’identique.

C-à-d que ce Rav Elazar Landau était fils de R. Pin’has Landau, fils de Rav Yossef Landau, lui-même GENDRE de Rav Ye’hezkel Landau alias Noda Biyehouda.
Il était donc cousin au second degré de R. Yaakov l’auteur du Kvod ‘Hakhamim.

Ce Rav Elazar a été Rav de la ville de Vilkovisk (Vilkaviškis) pendant plus de 50 ans et est décédé très âgé, à 95 ans, ce qui représente une longévité exceptionnelle pour cette époque. Il parait que tous ses enfants seraient morts de son vivant. (Certains le rajeunissent de 9 ans en le faisant naitre en 1800.)

C’est à lui que s’adresse la Tshouva de Reb Its’hak El’hanan Spektor dans le Shout Ein Its’hak (E’’H II, §27) bien qu’il écrive Eliezer au lieu d’Elazar (et c’est justement une réponse sur un Guet où le nom du mari a été écrit « Eliahou Elazar » alors qu’il ne s’appelait que « Eliahou » -et Elazar était une sorte de « nom de famille », Eliahou Elazars, qui veut dire fils ou petit-fils de Elazar).

Si l’on suppose que c’était CE Rav Elazar qui était le père du Kvod ‘Hakhamim, l’interprétation de Dor Revii signifierait 4ème génération SANS compter le Noda Biyehouda. Mais différents indices et recoupements indiquent que le Kvod ‘Hakhamim était le fils du Yad Hamélekh de Brody.


Concernant le Sefer Kvod ‘Hakhamim, c’est un commentaire sur les textes Agadiques du Talmud, imprimé à Lemberg en 1908.
Etrangement, Friedberg a oublié de le mentionner dans son Beit Eked Sfarim (tout comme le Midrash ‘Hakhamim du même auteur, ou l’autre Midrash ‘Hakhamim de Rav Kleinman sur Avot).

J’ai récemment appris qu’il y avait une édition moderne de ce Sefer (par les soins d’un certain R. Mordekhaï Yitshari, originaire du Yémen) mais je ne l’ai jamais eue en main, et il semblerait qu’elle soit dépourvue de Mavo ou de toute notice biographique sur l’auteur.
Toutefois, R. M. Yitshari nous raconte dans sa préface (qu'un ami m'a envoyée en photo) que ce livre était rare au Yémen et que son père, R. Tsadok Tsahari en avait copié des passages à la main.
J’avais lu ailleurs, je ne sais plus où, que ce livre (le Kvod ‘Hakhamim) avait été frappé d’interdit au Yémen, c’est ce qui expliquerait sa rareté et la copie manuelle du père.

Les yéménites du XXème siècle ont été très perturbés par l’émergence des Dardéim, ce groupe dirigé par Mori (=Rabbi) Ye’hia Kafi’h (1850-1931) (c’est le grand-père du fameux rav « Kapa’h » traducteur du Moré Nevoukhim) qui voyait en le Zohar et la prétendue Kabbala des kabbalistes modernes, une Kfira dans la Torah telle qu’elle avait été transmise jusque-là.

Tout le débat autour de la paternité du Zohar, ainsi que le rapport au mysticisme, a pris une importance majeure au Yémen au début du XXème siècle.
Ainsi, les Sfarim -comme le Kvod ‘Hakhamim- expliquant les Agadot du Shas de manière réaliste, étaient honnis par certains et adulés par d’autres.
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