Citation:
J'ai lu dans la préfecture du Manot Halevi qu'il avait envoyé son livre en guise de Michloah Manot à son gendre....
Il le semblait qu'il n'est pas possible halakhiquement de se rendre quitte ainsi ?
Comme vous avez posté votre question le lendemain de Pourim, je me dis que vous devez être hiérosolymitain et fêter Pourim ce jour-là, ce qui expliquerait, que dans une rédaction alcoolisée, vous parliez de la «
préfecture » du Manot Halévi… 😊
Ça expliquerait aussi d’autres points, notamment le fait que vous parliez de son gendre au lieu de son beau-père, venahafokh hou…
Vous demandez comment le
Manot Halévi pensait s’acquitter de Mishloa’h Manot en envoyant un livre à la place d’un aliment, alors qu’il est bien connu qu’il faut envoyer des mets consommables et non un livre.
En fait, selon le
Manot Halévi(=R. Shlomo Elkabats), on peut s’acquitter avec un livre !
Certains
(Shout Tirosh Veyitzhar §170) estiment, verset à l’appui, que le mot «
Manot » signifie quelque chose de consommable et non un objet ni un livre.
C’était déjà la position du
Troumat Hadeshen (§111).
Néanmoins cela parait fort discutable. Bien qu’il soit fréquent -comme dans
Esther- que cette occurrence soit associée à la nourriture et aux aliments
[cf. Vayikra (7,33) et (8,29), Shmouel 1 (1,4-5) et (9,23), Ne’hémia (8,10), (8,12) et (13,10), Divrei Hayamim 2 (31,4) et (31,19)], nous trouvons aussi des versets desquels nous pourrions soutenir la position du
Manot Halévi [cf. Shemot (29,26), Tehilim (11,6), (16,5) et (63,11) et même dans la Meguilat Esther elle-même (2,9), ou encore le terme Monim -si c’est la même racine- dans Bereshit (31,7) et (31,42)].
Il y a deux [types d’]explications à la Mitsva de Mishloa’h Manot: on peut dire qu’il s’agit d’une Takana afin de s’assurer que tous aient de quoi faire un petit repas à Pourim
(que personne ne soit réduit à jeûner par manque de nourriture), ou alors, qu’il s’agirait d’une Takana pour manifester la camaraderie.
Selon la première raison, dite du
Troumat Hadeshen (§111), envoyer un livre n’aiderait aucunement.
[Bien qu’il existe une idée de substitution de la nourriture par de la nourriture spirituelle et certains s’accommodent, en cas de besoin, d’un accomplissement de Seouda Shlishit par des Divrei Torah -cf. Zohar (III, 95a). Voir aussi Shout Peoulat Tsadik (III, §174) et Shout Lehorot Natan (II, §25,4-5-6).]
Tandis que pour la seconde, dite justement du
Manot Halévi (IX,16) (et Hakdama), un livre participe aussi à la camaraderie. Voir
Shout ‘Hatam Sofer (o’’h §196).
R. Shlomo Elkabats, auteur du poème mondialement récité « Lekha Dodi », aurait envoyé son
Manot Halévi à son beau-père comme on enverrait un bijou à sa Kala
(au père de sa kala pour qu’il le lui transmette), voyez à ce propos le
Koré Hadorot (daf 36a, ou dans la nouvelle édition Ahavat Shalom 2008, p.130), cité aussi dans
Maalot Hayou’hassin (Lemberg 1900, p.9).
Il y a aussi des auteurs
(Sefer ‘Hassidim §713, Maté Moshé §517) qui écrivent qu’on peut s’acquitter de Mishloa’h Manot en envoyant de l’argent.
Ce qui semble indiquer qu’ils pensaient comme le
Manot Halévi (car ils ne mettent pas pour condition qu’il reste encore assez de temps avant la fin de Pourim de sorte que le bénéficiaire puisse acheter son nécessaire de Mishté).
Le
Daat Torah (§695,4) invalide l’envoi d’argent.
D’autres auteurs s’inscrivent vraisemblablement aussi dans la voie du
Manot Halévi, comme le
Ritva (Meguila 7b) pour qui les Mishloa’h Manot ont pour but la Sim’ha, ce qui explique qu’on en donne aussi aux riches. Nous trouvons la même idée dans le
Aroukh Hashoul’han (o’’h §695,13).
Idem pour le
Ba’h (§695) qui souligne le but de la Sim’ha, comme de nombreux autres -dont le
Shout Beit Israel (Horowitz) (o’’h §88). Voir aussi
R. Shimon Sofer (fils du ‘Hatam Sofer) dans
Igrot Sofrim (IV, p.52-53) qui écrit que le sens des Mishloa’h manot est Ahavat Réim…
Il y a aussi des Kadmonim qui semblent comprendre la chose comme le
Troumat Hadeshen, voyez
Rabénou ‘Hananel (Meguila 7b) (pour qui une boisson -même du vin- n’est pas valable…),
Or’hot ‘Haim de Lunel (Pourim §36), Kol Bo (§45), Méiri (Meguila 5a), Radbaz (§508), Maharalba’h (§32), Levoush (§695,4).
Et il y a encore d’autres explications de la Takana de Mishloa’h Manot, selon lesquelles on comprend qu’un Sefer pourrait aussi faire l’affaire.
Par exemple,
R. Tsadok Hacohen de Lublin (Tsidkat Hatsadik §255) demande pourquoi Mordekhaï n’a pas laissé Bigtan et Teresh tuer A’harshverosh, ce qui aurait permis de sauver Esther de la Aveira constante dans laquelle elle était malgré elle ?
Il répond que la mauvaise Mida centrale en Perse était la Tsarout Ayin
(~radinerie, ne pas voir d’un bon œil la réussite d’autrui), c’est pourquoi, Mordekhaï, craignant d’agir par Tsarout Ayin envers A’hashverosh, ne voulait pas laisser faire, de peur que sa motivation soit plutôt Tsarout Ayin (et la vengeance) et non la haine du péché.
Il a donc préféré se soucier de sauver A’hashverosh et contrer ainsi la Tsarout Ayin. C’est pourquoi, les sages ont instauré cette Mitsva de Mishloa’h Manot, qui est l’inverse de la Tsarout Ayin.
[On pourrait se poser plusieurs questions : cette crainte de Mordekhaï ne devrait pas être en mesure de justifier l’abandon d’Esther dans ce péché, et il est probable que la mort d’A’hashverosh n’aurait pas rendu sa liberté à Esther, elle aurait été incorporée au harem du prochain monarque sans qu’on lui demande son avis.
Donc Mordekhaï n’avait aucun moyen de la sauver. Etc.
R. Elisha Gallico dans son commentaire sur la Meguila (Venise 1583, daf 30b-31a) se demande pourquoi Mordekhaï a tenu à sauver A’hashverosh et répond de trois manières (assez curieuses) :
a) Parce qu’A’hashverosh était circoncis ( ?!?).
b) pour ne pas qu’on puisse dire que tant qu’il n’était marié qu’à des Goyot tout allait bien et depuis qu’il a épousé une juive il est mort.
c) pour ne pas qu’on puisse dire que tant qu’il n’était entouré que de Goyim tout allait bien et depuis que Mordekhaï est là il se fait tuer.]
La position dite du
Troumat Hadeshen est retenue dans la Halakha [cf.
Rambam (hil. Meguila II,15), Shoul’han Aroukh (O’’H §695,4), Taz (§695, sk.4) et Elia Raba (sk.9)].
D’aucuns pensent comme le
Troumat Hadeshen mais valident le don d’argent s’il est encore possible de faire ses courses avant l’heure du Mishté, et valident même le don d’objet (sefer ou autre) dans la mesure où il serait possible de le revendre et d’acheter avec la somme obtenue de quoi faire le Mishté, le tout à temps avant la fin de la journée. Cf.
Shout Halakhot Ktanot (II, §163) et Baer Heitev (§695, sk.7).
Certains [
Shout ‘Hatam Sofer (o’’h §196), Birkhei Yossef (§695), Shout Beèr ‘Haim Mordekhaï (III, §3) (dans une lettre adressée à son gendre qui lui demande si l’on peut s’acquitter de Mishloa’h Manot en envoyant des ‘Hidoushei Torah)] veulent dire que cette Ma’hloket entre le
Troumat Hadeshen et le
Manot Halévi se retrouve aussi entre le
Rama et le
Pri ‘Hadash, car le
Rama (o’’h §695,4) écrit que si celui qui reçoit le Mishloa’h Manot ne l’accepte pas et le retourne à l’expéditeur, ce dernier est tout de même quitte, alors que le
Pri ‘Hadash n’est pas d’accord.
Il semblerait que le
Rama valide la Mitsva car il pense comme le
Manot Halévi que le but de cette Takana est de créer une ambiance de paix et de camaraderie, la mission est donc accomplie. Tandis que pour le
Pri ‘Hadash, qui penserait comme le
Troumat Hadeshen, la Takana vise à ce que chacun dispose d’un Mishté et n’est donc pas respectée dans ce cas.
La comparaison est discutable, car même selon le
Troumat Hadeshen on pourrait imaginer que l’on soit quitte dans un tel cas
(de retour à l’expéditeur) puisque nous devons nous soucier que chacun ait de quoi manger, et si celui-ci retourne le Mishloa’h Manot, il y a fort à parier qu’il ne soit pas à ce point en manque.
Et inversement, on pourrait aussi imaginer, même pour le
Manot Halévi que l’on ne soit pas quitte dans le cas d’un refus, car la camaraderie s’installe beaucoup plus lorsque le cadeau est accepté, souvent le fait de refuser d’accepter un cadeau indique une volonté de ne pas être « redevable », c’est précisément le problème.
Voir aussi ce qu’écrit le
Binian Tsion (I, §44).
D’ailleurs, dans le
Shout Miyam Hahalakha (I, §113), il indique que le
Pri ‘Hadash (§694) exempte le pauvre de Matanot Laevyonim, alors qu’il
(Pri ‘Hadash §695) ne l’exempte pas de Mishloa’h Manot, ce qui pourrait paraître contradictoire, et est résolu par le
Miyam Hahalakha en expliquant que le
Pri ‘Hadash penserait comme le
Manot Halévi dans l’interprétation de l’origine de la Takana des Mishloa’h Manot qui serait pour entretenir et favoriser la camaraderie. N’étant pas une Mitsva de Tsedaka, elle concernerait les pauvres au même titre que mettre les Tfilines et les Tsitsiot.
(Nous voyons donc que la position du
Pri ‘Hadash peut aussi bien être assimilée à celle du
Troumat Hadeshen qu’à celle du
Manot Halévi.
R. Metzger remarque de lui-même que cela contredit le
‘Hatam Sofer (op cit), voir ce qu’il explique pour résoudre ça.)
[Pour ceux qui seraient choqués que je puisse citer le Miyam Hahalakha (R. Yona Metzger) alors qu’il a été condamné pour corruption, j’indique que je ne m’intéresse pas ici à sa personne mais à l’idée elle-même, que l’on peut formuler même s’il ne l’avait pas formulée.
Je me sers de son sefer en tant que renvoi pour permettre plus facilement de cerner l’idée.]
Cependant, dire que le
Rama pensait comme le
Manot Halévi semble acceptable étant donné qu’il a écrit un commentaire de la Meguilat Esther titré
Me’hir Yayin, où, dans la Hakdama, le
Rama explique qu’il l’a écrit durant un exil temporaire de Cracovie, dans la vile de Shidlov, ville pauvre où même obtenir de l’eau était compliqué, et n’ayant pas pu faire le Mishté de Pourim, il a travaillé sur la Meguila et a produit ce commentaire, qu’il a envoyé à son père, comme il l’écrit dans la ‘Hatima (épilogue), en tant que Mishloa’h Manot !
(Cela peut aussi se comprendre comme une pure Melitsa, c’est d’ailleurs le cas pour beaucoup d’A’haronim qui écrivaient cela dans leurs lettres.)
Le
Maharit Tsahalon a lui aussi rédigé un commentaire
(Leka’h Tov) sur Esther et l’a envoyé à son père en tant que Mishloa’h Manot
(Haga Mena’hem Tsion sur Shem Hagdolim I, Youd, §94, note 68).
D’autres Sfarim ont été rédigés et envoyés en tant que Mishloa’h Manot, le
Rivevot Ephraïm (III, §471,2) écrit que
Rav Ephraïm Zalman Margaliot a lui aussi écrit un commentaire sur la Meguila qu’il a envoyé à son père en Mishloa’h Manot comme indiqué au début de son
Maalot Hayou’hassin.
Je n’ai pas vu cela dans le
Maalot Hayou’hassin de
Rav E.Z. Margaliot, il écrit
(éd. Lemberg 1900, p.9) que le
Rama a écrit et envoyé son
Me’hir Yayin à son père en Mishloa’h Manot, et que
Rav Shlomo Elkabats a écrit et envoyé son
Manot Halévi à son beau-père, mais il n’écrit pas en avoir fait autant avec son commentaire sur la Meguila.
D’ailleurs, je ne sais pas quel est ce livre où il commente la Meguilat Esther, il y a un livre
Shem Ephraïm (Munkacz 1913), ce sont ses annotations sur le commentaire de Rashi sur le Nakh, mais il n’y a rien sur Esther.
[A propos de
Rav Ephraïm Zalman Margaliot, j’ai aussi vu dans
Hamaor (n°476, année 70, kountras 4, Nissan Iyar 5777, p.167) une lettre de
Rav Tsvi Arié Friedman de Monsey qui écrit avoir lui-même envoyé en Mishloa’h Manot son sefer
Imrei Tsvi sur Pourim
(mais en l’accompagnant de mets), et il indique que
R. Ephraïm Zalman Margaliot a écrit et envoyé une Tshouva en Mishloa’h Manot à
Rav Yaakov Landau, imprimée aujourd'hui dans son
Shout Beit Ephraïm (o’’h §67).
Ce Siman est du
Rav Landau, il voulait donc parler du suivant
(§68), mais d’une part, rien n’indique que c’était « en tant que Mishloa’h Manot »
(bien qu’il remercie son correspondant et écrit avoir reçu « une Mana » écrite…), et d’autre part, comme
Rav Landau lui a écrit le jour de Pourim, il est peu probable que la réponse ait elle aussi été écrite le même jour, bien qu’elle débute par אחד"ש ביום משתה ושמחה.
Voir aussi
Nitei Gavriel Pourim, Shout (§28).]
Voyez aussi le Maamar de
R. Tovia Preschel qui indique plusieurs Sfarim qui ont été rédigés et envoyés en Mishloa’h Manot, dans
Hadoar (8 Adar 5731, p.283), ainsi qu’un ajout du même auteur dans
Maamarei Tovia (I, p.304). Et
Nitei Gavriel (Pourim, Shout §28) qui indique lui aussi plusieurs cas de Sfarim envoyés en tant que Mishloa’h Manot.
R. ‘Haim Kanievsky a écrit le
Kountras Beshaar Hamélekh et l’a terminé le soir de Pourim en 1957, afin de pouvoir l’offrir à son père (le
Steipler) le lendemain en Mishloa’h Manot
(Divrei Sia’h, Pourim, p.101).
Une autre année, il a aussi envoyé en Mishloa’h Manot à son père son
Kountras Ish Iter.
Et il a raconté que le
Tour qui a écrit ses notes et Guematriot sur la Torah en une nuit, c’était la nuit de Pourim et il aurait donné son texte en Mishloa’h Manot à son père (le
Rosh) le jour de Pourim
(Hasfarim, p.51).
(Mishloa'h Manot mal perçu, car on raconte que le Rosh aurait réprimandé son fils d’avoir « perdu son temps » à écrire des Parperaot sur la Torah au lieu d’étudier et d’écrire des sujets d’étude plus sérieux. Voyez aussi ce que j’ai écrit ici https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=47108#47108 à propos du Bitoul Torah en qualité qui ne l’est pas en quantité).
Selon une autre source
(Min’hat Toda, R. Koenigsberg, Torah, p.191) la première version du
Taama Dekra de
R. Kanievsky aurait aussi été envoyée en Mishloa’h Manot.
Toujours selon cette source,
R. ‘Haim Kanievsky, associé à un ami (
R. Weintraub), avait aussi envoyé lors d’un Pourim, « Likhvod Sim’hat Pourim »
(« Sim’hat Pourim » signifie « Mishloa’h Manot » en langage ashkenaze), un Kountras de questions sur le Shas
(une par Massekhet, depuis Brakhot jusqu’à Baba Batra) à leur maître,
Rav Shakh.
En tout cas, le
rav Schik (Shout Rashban o’’h §283) écrit qu’on ne peut pas s’acquitter de Mishloa’h Manot par l’envoi de ‘Hidoushei Torah, car la raison d’être de la Mitsva de Mishloa’h Manot est de permettre à tous de manger dignement en ce jour
(voyez son explication, Mordekhaï voulait en fait appliquer à Pourim les règles de Sim’ha d’un jour de Yom Tov).
Il ne mentionne pas du tout le
Troumat Hadeshen et le
Manot Halévi, mais considérant la raison d’être de la Mitsva comme le
Troumat Hadeshen, il en conclut qu’un Sefer ne fera pas l’affaire.
Idem pour beaucoup d’autres, comme le
Shout Mishnat Yossef (VI, §103,2).
Finalement, les A’haronim
(Ktav Sofer §141) conseillent de tenir compte des deux explications (Le’houmra), ce qui implique d’envoyer des aliments et non des livres, mais aussi de se soucier que le bénéficiaire sache qui lui a envoyé ce Mishloa’h Manot, car sans cela, par un envoi anonyme, on ne resserre pas les liens amicaux et on « perd » le Taam du
Manot Halévi (cf.
Ashrei Haïsh O’’H III, §47,14).
Il y a plusieurs A’haronim qui voyaient les choses comme le
Manot Halévi et ont trouvé acceptable d’envoyer un Sefer ou un ‘Hidoush à Pourim au titre de Mishloa’h Manot, voyez par exemple le
Shout Mahari Aszod (en fin de §206). Toutefois, bien qu’il termine sa missive en demandant à son correspondant de bien vouloir l’accepter en tant que Mishloa’h Manot במקום משלוח מנות, cela n’indique pas nécessairement qu’il ait pensé pouvoir s’acquitter de la Mitsva de la sorte. Mais l’idée est tout de même mentionnée.
Voir aussi
Shout Haradad (o’’h §46) qui commence par מכתבו היקר אשר שלח לי מנות
(et est écrit à Pourim -mais difficile d’imaginer que l’envoi et la réception aient eu lieu à Pourim).
Il y a aussi une lettre imprimée dans
Nezer Hatorah (II, Nissan 5762, p.5) (au sujet de Matsa Shel Tevel) écrite par le
Rabbi de Radzimin (R. Shlomo David Yehoshoua Guterman) à son futur gendre (
R. Tsvi Hirsh Morgenstern, petit-fils du Kotzker Rebbe) et il commence par lui dire qu’il lui envoie un
Rif en tant que Mishloa’h Manot.
Je pense que (là encore) c’est une simple Melitsa
(d’autant qu’il écrit ça le jour de Pourim et que ça n’est probablement pas arrivé le jour même par UPS).
[Le fils de ce
Rebbe de Radzimin -et donc beau-frère de
R. Tsvi Hirsh Morgenstern- était
R. Mendel Guterman (1860-1934) qui a ouvert une yeshiva et y a placé en tant que Rosh Yeshiva le
Rav Pin’has Mendel Zinger, père d’
Isaac Bashevis Singer.
Ce dernier parle du
Rabbi de Radzimin dans ses livres, surtout dans
Au tribunal de mon père (éd. Stock 1990, p.65, 67,68,69).
Il y a une photo de ce
Rabbi de Radzimin dans le livre sur
Rav Rubinstein « Harav Mipariz » (tome 1, p.200 et aussi p.46).]
Le
Bnei Shmaya (III, §25) valide l’envoi de ‘hidoushei Torah comme Mishloa’h Manot en rappelant que les Divrei Torah sont indispensables pour le Mishté lui-même comme nous l’indique la Mishna dans
Avot (III,3).
Voir aussi
Divrei Yatsiv (VII, §65) qui le valide lui aussi si le bénéficiaire apprécie les Divrei Torah/le Sefer.
Idem pour le
Mishné Halakhot (IV,§91) qui valide même selon le
Troumat Hadeshen étant donné que le sefer constitue une nourriture, certes spirituelle, mais quand même ( !).
Voir aussi
Shout Shraga Haméir (III, §113).
Et effectivement, certaines personnes préféreront de loin recevoir un Sefer qu’un énième Mishloa’h Manot consommable.
Selon cette idée, on devrait aussi pouvoir envoyer un habit ou un bijou à ceux à qui ça fait plaisir, et si le Talmud
(Psa’him 109a) nous dit que les hommes trouvent la Sim’ha dans « viande et vin », les femmes préfèrent des « habits de couleur » (cf.
Shout Beit Shearim O’’H §380).
Certains
(Shout Divrei Israel I, §223) vont même jusqu’à valider un cigare (ou cigarette).
Voir encore
Shout Tirosh Veyitzhar (§171,4).
[Il va sans dire que c’est loin de faire l’unanimité, cf.
Tsits Eliezer (IX, §33).]
Bref, pour en revenir à votre question : il est vrai que nous évitons de nous acquitter par des Sfarim, mais selon le
Manot Halévi cela semble parfaitement valide.
[Je précise que selon certains, il serait absurde d’imaginer valider un Mishloa’h Manot par un livre et ils considèrent que les A’ahronim qui l’écrivent dans leurs lettres, le font de manière purement symbolique, c’est un vœu pieux que leur missive soit perçue comme un Mishloa’h Manot qu’ils ne peuvent malheureusement envoyer, mais pas qu’Halakhiquement cela soit vraiment valide et suffisant. Voyez le Shout Mishpateikha Leyaakov (Grünwald) (o’’h §61).]
Si l’on suit l’interprétation du
‘Hatam Sofer (op cit), le
Rama devrait autoriser, néanmoins le
Shoul’han Aroukh insiste sur l’envoi de mets consommables.
Nous pourrions donc y voir une divergence entre Sfaradim et Ashkenazim, mais dans la pratique, on se montre rigoureux et si l’on veut envoyer un sefer, on l’accompagne de deux mets.
Voyez encore
Shout Rivevot Ephraïm (III, §471), Moria (53-54, kislev-shvat 5734, p.83), Ye’havé Daat (VI, §45) et Birourei ‘Haim (I, §32).
PS: comme vous semblez ne pas l'avoir fait, je ne me relis pas non plus, s'il y a des fautes, adressez-vous à ma préfecture !