Citation:
Je me pose une question qui n'est pas abordée, du moins à ma connaissance:
Pourquoi Hachem a eu "besoin" de nous transmettre la Torah Orale ? J'entends par là, la nécessité de ne pas avoir tout détaillé sous forme écrite, par exemple, les Téfilin avec leur fabrications etc, et d'avoir laissé le soin aux Hakhamim de le faire. Surtout que cela aurait pu éviter de nombreuses Mahloktot et de schismes comme avec les Karaïtes.
C’est une bonne question, qui avait été abordée lors d’un shiour que j’avais donné tout une nuit à l’occasion d’une veillée de Shavouot, il y a une dizaine d’années.
Ce qui est écrit est figé et permet que se créent des doutes sur l’intention de la phrase, car avec les changements d’époque, les formulations sont différentes et pourraient être mal comprises.
Si vous lisez un ancien texte d’il y a 3000 ans, ou même moins, vous verrez qu’il y a beaucoup de doutes sur le sens des phrases, MÊME si vous en connaissez la langue (-et même un texte récent peut prêter à confusion).
C’est ce qu’explique le
Rambam (Moré Nevoukhim I,§71) pour répondre à votre question.
Alors qu’une transmission orale permet de « mettre à jour » à chaque génération la formulation orale pour rendre au mieux l’idée transmise.
Et pour s’en convaincre, il suffit de voir à quel point les doutes et discussions se sont multipliés depuis qu’on a mis par écrit la Torah orale ! CQFD.
[C’est ce qui explique aussi qu’au départ, quand Rabbi a décidé qu’il fallait mettre la Torah orale par écrit
(ou, selon d’autres, « regrouper/ordonner » la Torah orale), il est resté assez succinct.
Ça nous a donné la Mishna.
Mais peu de temps après on s’est rendu compte que ça ne suffirait pas et il a été décidé de mettre la Gmara aussi par écrit.
Pourquoi Rabbi n’y est pas allé franchement dès le départ en ajoutant des précisions dont ne parle que la Gmara ? Car il voulait rester assez concis, afin d’éviter la multiplication de sources de doutes.]
Ce qui est transmis par écrit n’est pas « vivant » comme ce qui est transmis à l’oral.
Le
Smag dans sa
Hakdama ramène au nom des
Pirkei Rabbi Eliezer que la Torah Orale n’a pas été écrite (au départ) car D.ieu savait que les peuples allaient s’approprier la Torah des juifs et les adapter à leur goût.
Et c’est pourquoi, même si elle a finalement été mise par écrit, ça ne devait pas se faire avant que les deux autres monothéismes naissent, de peur qu’ils copient aussi la Torah orale et se l’approprient et la détourne.
[Note 1 : L’Islam émerge au VIIème siècle. Selon de nombreuses opinions, le Talmud était déjà rédigé depuis au moins un siècle.
Note 2 : D’où Rabbi Eliezer Hagadol (qui a vécu au 1er siècle) nous parle de l’Islam ? Il faut savoir deux choses : d’abord ce Midrash n’a pas été écrit de la main de Rabbi Eliezer mais bien après en se basant sur des enseignements de Rabbi Eliezer. Ensuite, il faut aussi savoir que ce passage -cité par le Smag comme provenant des Pirkei DeRabbi Eliezer- ne figure pas dans les Pirkei DeRabbi Eliezer, comme le souligne le Radal dans son Mavo (Il y a néanmoins un texte similaire dans la Psikta Rabati §5).]
La Gmara
Guitin (60a) nous dit que l’alliance entre D.ieu et les Bnei Israel est par la Torah orale, et non par la Torah écrite qui, elle, est aux mains de tous les peuples.
Et c’est justement parce qu’à l’oral on peut garantir une meilleure transmission que le Brit est sur la Torah orale.
Une autre idée est avancée par le
Maharsha (Guitin 60a) : lorsque tout est écrit dans un livre, on peut avoir tendance à ne pas réviser ce livre sans cesse, se dire que c’est là, c’est écrit, en cas de doute je peux vérifier.
Par contre, quand ça doit rester à l’oral, on est poussé à réviser sans cesse (de peur d’oublier), de sorte qu’on a toujours les enseignements en tête à chaque situation.
C-à-d qu’une Torah orale accompagne l’homme plus qu’une Torah écrite. (Finalement, nous avons dû la mettre par écrit car il fallait la préserver à tout prix, et nous avons effectivement perdu cet avantage initial qui faisait qu’on avait la Torah en tête.)
Citation:
Bien sur, cela aurait largement "alourdi" le parchemin et aurait rendu la tâche quasiment impossible aux Sofrim.
Vous devriez penser aussi à celui qui fait la Hagbaha 😊.
PS: je ne me relis pas, j'espère que ça sera assez clair malgré tout.