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J'ai cherché le commentaire du Rav חיד"א dans plusieurs de ses sfarim sur la mikra דבש לפי ,חמת אנך ,פני דוד ,נחל קדומים וכו mais je n'ai pas trouvé son commentaire sur ויהי בנסע הארן dont les 85 lettres représenteraient en fait le sefer Torah le plus long de l'histoire du כלל ישראל depuis Bereshis jusqu'au קץ et même דלעתיד לבוא ; savez-vous dans lequel de ses sfarim se trouve ce פרוש ?
Ce que le
'Hida écrit c'est que ce "petit sefer" de deux versets est en réalité bien plus long, autant que tout le reste de la Torah, mais nous n'aurons la "partie manquante" qu'après le dévoilement messianique.
Vous pourrez lire cela dans ses livres :
Kissé Ra'hamim (Sofrim VI,1, tosfot sv. Vayehi)
et
'Homat Anakh (Zekharia IV,2)
Vous n'avez pas trouvé ce commentaire car vous n'avez cherché que sur le Passouk en question, et c'est vrai qu'il ne l'écrit pas sur place.
A l'avenir, si vous cherchez un commentaire du
'Hida et ne le trouvez pas sur le passouk concerné, vous pourrez probablement le trouver grâce à une série appelé
'Houmash Ha'hida, qui rapporte, autour du 'Houmash, plusieurs explications du
'Hida depuis tous ses Sfarim.
Selon cette idée des kabbalistes, la Torah écrite serait en réalité à peu près deux fois plus longue que ce que nous en avons, ceci pourrait expliquer ce que l'on trouve dans le
Zohar 'Hadash à la fin de Shir Hashirim (daf 74d) [et voir aussi
Megalé Amoukot (§186)] selon qui il y a 600.000 lettres dans la Torah, alors que nous savons qu'il n'y en a que 304.805, c-à-d à peu près la moitié... Après y avoir pensé, j’ai retrouvé cette idée dans le
Midrash Talpiot (40c-d).
Plusieurs réponses ont été données, parmi lesquelles le
Pnei Yehoshoua (Kidoushin 30a) qui propose de dire que c'est en comptant le Targoum, ce qui doublerait (approximativement) la somme.
Bien entendu, cette réponse reste De'houka, c'est ce que soulignent quelques A'haronim, dont le
Torat Reem (R. Sender Margaliot, 1897, Tshouvot §20)
Une autre possibilité du même acabit serait d'imaginer qu'avec ce complément de Sefer Torah dont parle le
'Hida, nous arrivions à 600.000.
Mais bon, ça reste insuffisant comme réponse.
Il se trouve que j'en ai parlé récemment (il y a 8 jours) dans mon Shiour de Shabbat après-midi au Centre Alef, mais assez brièvement, en ne citant que quelques réponses. Dans un autre Shiour, il y a 20 ans (en 2004, à la Rachi Choule), j'avais rapporté beaucoup plus d'avis et de réponses.
Pour en revenir au
'Hida, ce qui me dérange plus dans cette idée, c'est qu'elle semble contredire le 9ème principe de foi du
Rambam, selon lequel rien ne doit ni ne devra être retranché ni ajouté à la Torah que nous avons.
Le
'Hida et les kabbalistes dont il parle seraient donc à considérer comme des hérétiques selon le
Rambam ?! Comment se résilier à pareille idée ?
[Il existe une autre idée, selon laquelle chaque passouk de la Torah correspond à une année, et qu’il y aurait en réalité 6000 psoukim pour les 6000 années (ce qui sous-entend une fin du monde au bout de 6000 ans !), à propos de quoi certains ont écrit que la Torah « du Ciel » est complète et qu'à celle « sur terre » il manquerait 112 versets
(basé sur le compte de 5888 versets dans Kidoushin 30a, mais nous n’en avons que 5845) qui nous serons dévoilés à la venue du messie... Là encore, on parlerait d’une Torah incomplète.]
Ceci étant dit, les kabbalistes ne suivent pas toujours le
Rambam et ses principes, et plus particulièrement sur ce principe, nous avons des opinions divergentes même parmi les Rishonim, voyez
Sefer Habatim (éd. Jér. 1983, Amoud 6,V §4, p.183),
Sefer Haïkarim (maamar 3 §13-16) (qui s’oppose explicitement au
Rambam)
Or Hashem (III, §5),
et
Rabénou Be'hayei (Shemot 23,19) (pour qui le Issour Bassar Be’halav sera annulé à la fin des temps).
Et on retrouve ces idées chez des A'haronim:
Maassé Touvia (Olam Haélion, Maamar 3, §3 -daf 8d),
Migdal Oz (Yaabets) (Otsar Hatov, Mossad 5, §6 -p.17-18 dans l'éd. Fischer 1991-93) (qui s’oppose explicitement au Rambam).
[voir aussi
Alfei Menashé (I,§129 -Vilna 1822, daf 48b) ]
Il est aussi de notoriété publique que le
Arizal disait (cf.
Midbar Kdémot, Khaf §14 ) qu’à la fin des temps, les cohanim et leviim seraient « inversés », ce qui constitue un changement important et va à l’encontre de la Torah qui donne le rôle de cohen aux descendants de Aharon, ainsi qu’à ceux de Pin’has.
Leur retirer ce statut est donc un changement par rapport à la Torah.
(Il y a d’autres objections et contradictions à cette idée qui apparaissent dans le Talmud duquel on comprend qu’il pensait qu’à la fin des temps, les cohanim resteraient des cohanim.)
Ce principe de foi n’est donc pas unanime et à l’instar des Rishonim qui n’étaient pas d’accord avec le
Rambam sur ce point, nous pouvons imaginer que d’autres rabanim se plaçaient du côté de ces opposants au
Rambam.