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Rashi 'holek sur 'hazal ?

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sat1
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Rashi sur Shmouel II, 1, 2 nous rapporte la Psikta qui est d'avis que l'homme venu du camp de Shaoul dont il est question dans le verset se trouve être Doeg. Puis il conclu qu'il n'en est pas convaincu.
Comment Rashi peut-il affirmer cela ?
Rav Binyamin Wattenberg
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Citation:
Rashi sur Shmouel II, 1, 2 nous rapporte la Psikta qui est d'avis que l'homme venu du camp de Shaoul dont il est question dans le verset se trouve être Doeg. Puis il conclu qu'il n'en est pas convaincu.
Comment Rashi peut-il affirmer cela ?


Rashi ne « l’affirme » pas, il n’affirme rien, il dit seulement qu’il a dû mal à comprendre ce que dit la Psikta.

Vous avez titré votre question : « Rashi 'holek sur 'hazal ? », non, Rashi n’est pas « ‘holek » mais il souligne qu’il a dû mal à comprendre ce que dit la Psikta.

Il n’y a aucun mal ni rien de dédaignant à dire qu’on ne comprend pas (אינו מיושב על לבי) ce que disent les ‘Hazal, et les Rishonim (à la différence de certains A’haronim) sont très décomplexés à ce propos, personne (ou presque) n’y voyait une insulte envers ‘Hazal.

De nos jours, certains veulent imposer leur vision étriquée selon laquelle dire qu’on a dû mal à comprendre une parole de ‘Hazal signifie leur faire insulte, les mépriser, les remettre en question, prétendre qu’on a tout compris et eux rien, etc.
Mais heureusement, les Rishonim (comme la majorité des A’haronim) étaient des gens sensés et non hypocrites.

Se priver de souligner son incompréhension d’un texte de ‘Hazal ne favorise pas la compréhension, on reste flou et on se dit qu’on a compris alors qu’en réalité on ne comprend rien.
Ce n’est pas ça « étudier la Torah », il faut comprendre ce que ‘Hazal disent et s’identifier à chaque Svara/idée.
Il peut y avoir (et il y a souvent) des passages avec lesquels on n’est pas à l’aise, mais il faut arriver à l’assumer, il faut en prendre conscience, c’est ainsi qu’on se donne une chance de comprendre un jour, en restant constamment sur le qui-vive, à l’affut d’une information qui pourrait éclaircir ce qui le nécessite.

D’autre part, il se peut aussi qu’il y ait une erreur dans le texte que nous avons de ce qu’ont dit les ‘Hazal, les fautes de frappe ou de copiste sont plus que fréquentes et elles peuvent parfois porter à conséquence, il faut donc être alerte et ne pas tout avaler les yeux fermés, mais rester critique.

En l’occurrence, ici, il faut savoir qu’il y a une autre version de ce Maamar ‘Hazal, dans le Midrash Tan’houma (Tetsé § 11) [et aussi dans le Tan’houma Yashan dont Rashi disposait (Tetsé §18)] qui identifie cet anonyme comme étant le fils de Doeg (et non Doeg lui-même).
Il est peu probable que ce soit une « Ma’hloket », il s’agit plus probablement de deux Guirsaot d’un même Maamar, ce qui veut dire que seule l’une d’elle serait authentique.
D’autant que dans les deux sources (Psikta et Tan’houma), c’est le même auteur, c’est R. Its’hak qui parle.

[Il y a néanmoins dans le Yalkout Shimoni sur Shmouel (§141) une formulation qui fait cohabiter ces deux versions :
אמר רבי יצחק בנו של דואג האדומי היה ... ואית דאמרי דואג עצמו היה
Mais il indique sa source comme étant le Midrash Tan’houma et cette seconde proposition n’y apparait guère, ce qui porte à croire que c’est un ajout dans le Yalkout, en se basant sur Rashi ou sur la Psikta.]


Quant à ce qui dérange Rashi dans le texte de la Psikta pour qui c’est Doeg lui-même, c’est que cet homme semble parfaitement inconnu à David, comme à Shaoul (plus bas, passouk 8), alors que tous deux connaissaient bien Doeg qui était le ministre du bétail de Shaoul/son intendant des troupeaux (cf. Shmouel I,21,8 et I ,22,9).
De plus, cet anonyme est qualifié (Shmouel II,1,5-6) de Naar (jeune homme), alors que Rashi (lui-même) nous dit (Shmouel I,21,8) qu’il était le Av Beit Din.

Voilà ce qui explique, selon le Seder Hadorot (I, année 2882, daf 51c), la difficulté qu’avait Rashi à accepter le commentaire de la Psikta.

Ce qui est étonnant, c’est que Rashi ne se soit pas souvenu du Tan’houma où il est écrit que c’est le fils de Doeg, ce qui aurait été acceptable à ses yeux.
Le Seder Hadorot souligne aussi cet étonnement ; comment Rashi ne s’est pas souvenu du Tan’houma ?

Il indique encore un autre passage du Yalkout Shimoni (fin de Beshala’h, §267) qui mentionne uniquement la version de la Psikta.

Pour conclure, ce qui reste le plus plausible, c’est que Rabbi Its’hak avait dit que l’anonyme était le fils de Doeg.
D’autre part, comme l’indique le Seder Hadorot, il est étonnant que Rashi ne se soit pas souvenu du Tan’houma au moment où il a écrit son commentaire.
Mais quoi qu’il en soit, Rashi a eu bien raison de souligner l’étrangeté du commentaire de la Psikta (tel qu’il apparait devant nous) identifiant l’anonyme inconnu à Doeg en personne.
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