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Abayé veRava et dikdouk halashon

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sat1
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Il me semble vous avoir déjà entendu faire la remarque que Rava resterait plus "fidèle" au texte, plus proche des mots que Abayé, tandis que Abayé accorderait plus d'importance à la svara quitte à "s'arranger" avec les mots.
Par exemple dans sanhédrin 10b אמר רבא והא עיבור קתני

Je propose un contre-exemple à ce klal où Rava semble s'écarter des mots de la Mishna dans Psa'him 51b רבא אמר לעולם אסיפא והכי קאמר אין בזו מפני שינוי המחלוקת

Qu'en pensez-vous ?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Citation:
Il me semble vous avoir déjà entendu faire la remarque que rava resterait plus "fidèle" au texte, plus proche des mots que abayé tandis que abayé accorderait plus d'importance à la svara quitte à "s'arranger" avec les mots.
Par exemple dans sanhédrin 10b אמר רבא והא עיבור קתני
Je propose un contre exemple à ce klal où rava semble s'écarter des mots de la mishna dans psa'him 51b רבא אמר לעולם אסיפא והכי קאמר אין בזו מפני שינוי המחלוקת
Qu'en pensez-vous ?


Oui, il m'est arrivé dans mes shiourim de souligner cette attitude de Rava. Bravo.

Vous avez raison que parfois Rava s’écarte un peu des mots.
Je précise qu’il ne s’agit pas de dire que Rava serait coincé et engagé vis-à-vis des mots, mais que souvent dans les désaccords entre Abayé et Rava, c’est ce dernier qui s’attache plus aux mots par rapport à Abayé qui s’accommodera plus facilement à expliquer un sens moins évident de ces mots.

Voici des exemples (liste non exhaustive) :

Psa’him (5b, 46a, 51b, 58a, 68a)
Ktouvot (12a)
Kidoushin (24a, 48b)
Sanhédrin (10b, 36a, 41b, 46b, 51b, 63b, 64a)
Yevamot (31b)
Baba Kama (46b)
Baba Metsia (31a, 62b, 70b)
Baba Batra (4a, 86a, 139b)
‘Houlin (41b, 94b, 130a)
Nedarim (14a, 23b)
Guitin (10b)
Zva’him (64b, 82b)
Shvouot (29a)
Bekhorot (16b, 31a)
Erouvin (21b)
Moed Katan (14b)
Nazir (10a)
Avoda Zara (76a)
Yoma (46a)
Sotah (4b, 7b, 8b, 11a)
Souka (21a, 36a)
Brakhot (20b, 22b, 59a)
Shabbat (2b, 13a, 107b, 122b, 134b)
Mena’hot (21a, 110a)
Nida (38b)


Bref, Rava objecte souvent à Abayé (mais pas seulement à Abayé) à partir des mots.

Il ira même parfois jusqu’à changer la Guirsa afin de retrouver une cohérence avec les mots, contrairement à Abayé qui acceptera le Do’hak Halashon.
Voir par exemple Zva’him (75a).

D’un autre côté, il arrivera aussi à Abayé de s’attacher aux mots,
voir par exemple
Psa’him (45b), Shabbat (41b) et (74a).

Un contre-exemple aurait donc été un cas de ma’haloket entre Abayé et Rava où c’est Abayé qui s’attache plus aux mots et Rava qui prend des libertés avec eux pour se concentrer sur la svara.

Il existe, par exemple dans Kidoushin (18a) où Rava dit
לא קשיא, כאן בגניבה אחת, כאן בשתי גניבות.
Suite à quoi la Gmara cite Abayé qui lui dit :
אמר ליה אביי בגניבתו טובא משמע
Et Abayé apporte une autre réponse.

Là, il y a effectivement une sorte d’inversement des rôles (bien que ce ne soit pas exactement la même chose, on ne peut pas dire que ce que dit Rava serait faux dans les mots).

On trouve encore des contre-exemples dans Souka (20a), Psa’him (55b), Sanhédrin (75a).

Il y a aussi des exemples ou un autre Amora reproche à Rava un problème de syntaxe ou de Dikdouk dans son interprétation, comme dans Zva’him (42a) et Mena’hot (16a) où c’est Rav Ashei (Ashi) qui objecte sur les dires de Rava « מידי שתק קתני ? ».

Une autre fois, dans Zva’him (43b), la Gmara objecte contre l’interprétation de Rava « מידי מקוה כתיב ? ». (Peut-être que c’est Rav Papa, son élève, qui fut à l’origine de cette objection, puisqu’il vient juste après proposer une autre interprétation.)
Il y a aussi dans Sanhédrin (35a) un cas où Rava n’est pas trop Makpid sur les mots.

Et nous voyons parfois Rava être Do’hek dans les mots et déclarer qu’il faut lire/comprendre autrement (Rava dit « enseigne ainsi », sans pour autant corriger la Guirsa). Cf. Bekhorot (15a), Tamid (28a), Avoda Zara (50a), Shvouot (20b), Nida (38a), ‘Houlin (74a).


Un sujet voisin est que, de manière générale, Rava n’aimait pas trop faire des Oukimtot pour résoudre les contradictions entre deux enseignements comme le fait Abayé, il avait plutôt tendance à considérer que c’est une Ma’hloket entre les Tanaïm (et non un avis commun qui se conjugue selon la Oukimta).
Il y a donc souvent des désaccords entre Abayé et Rava sur ce point aussi, Abayé faisant une Oukimta et Rava expliquant que ce n’est pas le même Tana.

Voir :
Baba Batra (80a)
Brakhot (47b)
Zva’him (43a, 97a)
Yoma (41b)
Kidoushin (39b)
Beitsa (14a)
Rosh Hashana (20a)
Tamid (27a)
Avoda Zara (43a)

Et là aussi, il existe des contre-exemples comme dans Zva’him (78b-79a) où c’est Abayé qui résout le problème en disant « הא דידה הא דרביה », et Rava qui préfère faire une Oukimta.
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