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pourquoi avant les rabbanim du chass et les richonim étaient béchalom entre eux et alors que de nos jours il y a des makhloquettes dures entre les rabbanim (pas tous, mais il y en a) ?

Faut -il en déduire que les rabbanim de nos jours ne sont pas des tsadikim, ou qu’ils sont moins tsadik qu’a l’époque du chass ?
Rav Binyamin Wattenberg
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Citation:
pourquoi avant les rabbanimes du chass et les richonimes étaient béchalom entre eux et alors que de nos jours il y a des makhloquettes très dur entre les rabbanimes (pas tous mais il y en a beaucoup).
Faut il en déduire que les rabbanimes de nos jours ne sont pas des tsaddiquimes ou qu’ils sont moins tsaddiq qu’a l’époque du chass ?


Les Tanaïm aussi ne s’arrangeaient pas tous entre eux et n’étaient pas forcément amis.

Je ne vous parle pas de la multitude des disciples de Rabbi Akiva qui ne se respectaient pas mutuellement לא נהגו כבוד זב"ז, mais les tensions entre Raban Gamliel et Rabbi Yehoshoua sont palpables, surtout dans Brakhot (27b-28a).

Et si les Sages affirment (Yoma daf 9) que le second Temple a été détruit par la Sinat ‘Hinam, c’est quand même très explicite.

Le Netsiv (Pti’ha de Bereshit) insiste pour dire que cette haine, à l’époque du second Temple, sévissait même parmi les (certains des) Tsadikim entre eux, chacun estimant que seul son chemin dans la Avodat Hashem est valable et que toute autre voie est hérétique, ils n’hésitaient pas à dénigrer leurs collègues en les considérant Min/Kofer/Apikoros.

A l’époque des Amoraïm ça n’était pas beaucoup mieux, à part quelques incidents non représentatifs comme celui entre R. Yo’hanan et Reish Lakish dans Baba Metsia (84a), la Gmara Psa’him (113b) mentionne, au nom de certains (יש אומרים), que les Talmidei ‘Hakhamim de Bavel se haïssaient mutuellement (שלשה שונאין זה את זה... וי"א אף ת"ח שבבבל).

Ce qui semble corroboré par la Gmara Sanhédrin (24a) qui nous dit que les Talmidei ‘Hakhamim de Bavel s’agressent (s’offensent) mutuellement dans leur étude ( תלמידי חכמים שבבבל שמחבלים זה לזה בהלכה ), mais pas ceux d’Erets Israel (il semblerait que le vent ait tourné depuis…😊).

Le Divrei Shaoul [suite à la Gmara de Yoma (daf 9) qui dit que le second Temple a été détruit par la faute de Sinat ‘Hinam] parle des (ultérieurs) « Talmidei ‘Hakhamim de Bavel » en disant qu’il y avait de la Sinat ‘Hinam parmi eux et c’est à cause de cela qu’ils n’ont pas pu éclaircir tous les doutes halakhiques qu’ils n’ont pas tranchés dans le Talmud Bavli (à la différence du Yeroushalmi qui reste avec moins de doutes), car cela nécessite du partage d’étude, du respect mutuel et de la bonne entente.

On retrouve ce lien entre les nombreux doutes halakhiques des babyloniens et leurs mauvais rapports entre eux, dans Rashi (Sanhédrin 24a sv. Bema’hashakim).

Hélas nous le retrouvons parfois aussi dans notre réalité d’aujourd’hui, et pas seulement en Israël, en France aussi.
Il ne faut pas forcément imaginer de la véritable et conséquente haine (quoique parfois…), mais une sorte de « lo nahagou kavod zé bazé » dû à une suspicion permanente de l’autre rav/talmid ‘hakham tant qu’il ne m’est pas inféodé ou qu’il n’est pas « dans mon petit clan » épousant au millimètre près l’absolue totalité de mes hashkafot.

Donc un respect de façade, mais on se tient bien à distance et on est plutôt critique au lieu de voir le positif et la grande part commune entre deux Rabanim qui œuvrent (chacun à sa manière) pour plus de Kidoush Hashem.

Il y a tout de même une différence, et de taille, entre les Talmidei ‘Hakhamim de Bavel que critique le Shas d’un côté, et la haine et le mépris (parfois) parmi les rabanim (français) aujourd’hui de l’autre.
C’est que les Talmidei ‘Hakhamim de Bavel, même si, considérant que le Derekh de Avodat Hashem de l’autre n’était pas la meilleure voie, ne s’appréciaient pas toujours, mais comme c’était un sentiment motivé Leshem Shamayim (et pas Leshem leur propre Kavod) ils savaient au moins s’unir lorsqu’il fallait un combat collectif pour le Kvod Shamayim et la diffusion de la Torah.
A la différence d’une partie des Rabanim d’aujourd’hui qui remarquent eux aussi les différences de Drakhim de Avodat Hashem chez leurs collègues, mais les déprécient surtout pour leur propre Kavod et non celui de D.ieu.

L’absence d’union sur des sujets consensuels le prouve (même si certains auront l’audace de se mentir et prétexter l’impératif de rester à distance du « Kofer »…).

C’est ce que dénonçait déjà, en 1891, le Shout Rashban (o’’h §184, daf 143d), en montrant que plusieurs Tanaïm connaissaient des tensions entre eux, mais qu’ils s’unissaient lorsqu’il s’agissait d’agir pour le Klal Israel.

C-à-d que les différences entre les Rabanim sont normales (et même souhaitables), et que cela puisse créer une sorte de petite distance entre eux est aussi un phénomène normal.
Qu’il leur arrive d’émettre des critiques sur un autre Rav peut aussi être (très) positif (tant que c’est Lishma).
Ce qui ne va pas, c’est le manque excessif de tolérance qui amène certains à considérer l’autre comme Apikoros dès qu’il ne s’inscrit pas exactement dans sa Shita/Hashkafa.

Il y a une espèce de sentiment d’orgueil qui pousse parfois des Rabanim à considérer qu’ils sont les seuls détenteurs de l’absolue vérité et qu’il n’existe pas d’autres voies acceptables que la leur. C’est de la Gaava (et non de la Yirat Shamayim comme ils le prétendent).

Mais il y a aussi B’’H des Rabanim plus tolérants [j’utilise ce terme, bien qu’il soit hélas déjà quasiment connoté négativement et affilié à un manque de Yirat Shamayim ; dès qu’on parle de tolérance en matière de religion ça rime dans les esprits avec « respect relatif de la Halakha ».
Mais c’est le malheureux résultat de cette intolérance que je dénonce ici, qui est le fruit de l’orgueil et non de la Ahavat Torah.
Au contraire, la tolérance est une valeur religieuse et positive, directement liée à la Anava.
Ça ne veut pas dire accepter tout et n’importe quoi, mais ça veut dire qu’il peut y avoir plusieurs bons Drakhim dans la Avodat Hashem et que pas tous les Tsadikim étaient exactement les mêmes au niveau des Hashkafot.]


Donc pour en revenir à votre question, il y a toujours eu des désaccords et différentes voies, c’est normal et souhaitable et très bien.
Ces différences ont toujours entrainé une petite distance entre des Rabanim -et les Tanaïm n’y ont pas échappé.
Par contre, il faut savoir raison garder et se souvenir que les différences (entre Rabanim Yirei Shamayim) restent globalement des détails et qu’elles ne doivent pas amener à un mépris profond de l’autre en le reléguant au rang de Kofer.
Il ne s’agit pas de soutenir un "rav" qui va à l’encontre de la Torah, mais il faut arrêter de voir du Kofer et Apikoros partout, c’est généralement l’orgueil qui pousse à ça.

On pourrait se dire que ça ne nous regarde pas, que c’est une histoire de Rabanim, mais je pense que le "peuple" a sa part de responsabilité dans les dérives autoritaires de( certain)s Rabanim.

On a les Rabanim que l’on mérite. J’en ai déjà parlé sur ce site, je ne sais plus où (si quelqu’un le sait, merci de poster le lien).
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