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J'avais lu (où ?) un maassé qui racontait que le Hazon Ish ne priait pas lorsqu'il était taroud, ou bien triste. Il me semble notamment qu'il y était cité le maassé où, durant sa traversée en bateau pour faire sa alyah, il était tellement impacté et inquiet qu'il n'avait pas prié. Ce maassé est-il vrai ?
Et si c'est le cas, quel est le fondement halakhique ? Est-ce que ça s'applique pour tout un chacun, ou bien le niveau spirituel du Hazon Ish fait que ce genre de notion n'est pas applicable pour nous ?
Je ne sais pas si le
‘Hazon Ish n’a pas prié tant qu’il était sur le bateau, mais vous semblez étonné par l’idée même de ne pas prier lorsqu’on est "préoccupé" (Taroud) et en demandez le "fondement halakhique", or c’est mentionné dans le
Shoul’han Aroukh (o’’h §98,2) de manière explicite, mais il ajoute juste après que de nos jours on ne fait plus attention à cette halakha car nous ne sommes plus tellement mekhavnim dans la tfila de toute façon.
A ce stade on pourrait se dire que le Taroud, de nos jours, est tenu de prier malgré tout.
Mais on trouve plus loin
(o’’h §101,1) l’obligation de Kavana dans la Amida, et que si l’on a prié sans Kavana la 1ère Brakha de la Amida, on doit reprendre (toute la Amida).
Certes le
Rama indique là encore que, de nos jours, on ne reprend pas, car il y a de fortes chances que la seconde Amida soit aussi récitée sans Kavana. Mais le
Mishna Broura (sk.3) écrit que si l’on sent qu’on ne pourra pas être Mekhaven au moins pour la 1ère Brakha, on ne doit pas prier (c’est ce qui ressort de la Gmara
Brakhot 30b), mais attendre que notre esprit se calme de sorte de pouvoir au moins avoir la Kavana sur cette 1ère Brakha.
Et s’il ne se calme pas à temps et que l’heure du Sof Zman Tfila arrive, c’est une situation de Oness et on fera deux Amidot à la Tfila suivante
(Prisha o’’h §101, sk.2).
Du coup, la conduite du
‘Hazon Ish n’a absolument rien d’étonnant, s’il se sent Taroud au point de ne pouvoir garantir la Kavana dans la 1ère Brakha, il n’a pas le droit de prier d’après le
Mishna Broura !
Il est vrai que ce n’est pas toujours ce qui se pratique de nos jours, car d’autres Poskim n’ont pas retenu la même conclusion halakhique que le
Mishna Broura, par exemple le
Erets Tsvi (I, §22) et le
Aroukh Hashoul’han (o’’h §101,2). Mais il est logique de penser que le
Mishna Broura aurait lui-même suivi ses propres directives en cas de Tirda l’empêchant d’avoir la Kavana pour la 1ère Brakha, dès lors il ne devrait rien y avoir d’étonnant à ce que le
‘Hazon Ish en pense et fasse autant.