La notion de « mauvais œil », à laquelle on a souvent l’habitude de se référer à tout bout de champ, et en général mal à propos, comporte selon la Tora plusieurs connotations.
Ce peut être une expression d’avarice, par opposition au « bon œil » qui caractérise ceux qui donnent de bon cœur, comme dans Avoth 2, 11.
Le « mauvais œil », c’est aussi une forme de punition qui frappe ceux qui transgressent la Tora. C’est ainsi que la tradition interprète le verset : « Que l’ange qui m’a délivré de tout mal bénisse les garçons, et qu’en eux soit appelé mon nom, et le nom de mes pères Abraham et Isaac ! Qu’ils se multiplient abondamment (littéralement : “comme des poissons”) au milieu du pays ! » (Berèchith 48, 16) en l’appliquant à Joseph : Le mal n’a pas de pouvoir sur l’œil qui a refusé de profiter de ce qui ne lui appartenait pas, c’est-à-dire de la femme de Potifar (Berakhoth 20a).
De là un certain nombre de pratiques rituelles associées à cette notion. C’est ainsi que la cérémonie de Tachlikh, qui a lieu dans l’après-midi du premier jour de Roch hachana, a lieu devant une nappe ou un cours d’eau, afin que le « mauvais œil » n’ait pas prise sur nous, de même qu’il n’a pas prise sur les poissons (Kitsour Choul‘han ‘aroukh 129, 21).
Il va de soi, en revanche, que les pratiques comme le port d’un « fil rouge », en réalité d’origine tibétaine (à moins qu’il ne constitue un relent de la légende du « fil d’Ariane » issue de la mythologie grecque), ou celui du hamsa ou de la « main de Fatma », probablement repris des superstitions arabo-musulmanes, sont totalement étrangères à la tradition juive.