Techouvot.com

La réponse de qualité à vos questions

La Hitbodedout

Voir le sujet suivant Voir le sujet précédent
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet
Yan
Messages: 11
Bonjour,

J'ai lu il y a une semaine de cela sur une sidra de manière allusive que notre patriarche Yaakov s'isolait dans les champs pour partager à Hashem ses sentiments sur les coups tordus de son escroc d'oncle Lavan et sur les multiples épreuves auxquelles il était exposé. D'une autre source, j'ai aussi appris que Moché Rabenou s'isolait également dans le désert pour méditer et communiquer avec Hashem. Peut-on considérer qu'ils se livraient à ce que les Breslev appellent aujourd'hui la Hitbodedout ?

La hitbodedout est définie comme une forme de communication intime et directe avec Hashem: est-elle vraiment accessible à tous? Hashem écoute-t-il vraiment les prières de TOUT LE MONDE, ou y a-t-il des individus qui ont sa préférence du fait qu'ils le servent mieux que d'autres ?

Enfin, la hitbodedout est-elle une pratique exclusivement Breslev, ou d'autres hassidout comme Habad les recommandent-elles ?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
Citation:
J'ai lu il y a une semaine de cela sur une sidra de manière allusive que notre patriarche Yaakov s'isolait dans les champs pour partager à Hashem ses sentiments sur les coups tordus de son escroc d'oncle Lavan et sur les multiples épreuves auxquelles il était exposé. D'une autre source, j'ai aussi appris que Moché Rabenou s'isolait également dans le désert pour méditer et communiquer avec Hashem. Peut-on considérer qu'ils se livraient à ce que les Breslev appellent aujourd'hui la Hitbodedout?


Oui.
Je veux dire que oui, selon CES sources, c’est de ça qu’il s’agissait.

Après, cela reste une interprétation en marge, rien n’impose d’accepter cette information sur le contenu de leurs méditations.
Les patriarches et Moshé étaient bergers et par conséquent souvent isolés durant de longs moments. C’est propice à la réflexion et à la méditation (voir Rabénou Be’hayei Bereshit 46,30). Mais cette dernière ne prenait pas forcément la forme d’un monologue adressé à D.ieu à propos des pépins de la vie de tous les jours.

Citation:
La hitbodedout est définie comme une forme de communication intime et directe avec Hashem:est-elle vraiment accessible à tous?

Oui. Absolument. Cf. Likoutei Moharan (II, §25), c’est « accessible au petit comme au grand, tous peuvent suivre cette Hanhaga » (la Hitbodedout).


Citation:
Hashem écoute-t-il vraiment les prières de TOUT LE MONDE

Oui.
Je veux dire qu'Il écoute mais pas qu'Il exauce nécessairement tout le monde (mais ça, vous le saviez).


Citation:
ou y a-t-il des individus qui ont sa préférence du fait qu'ils le servent mieux que d'autres?

Oui aussi.
L’un n’empêche pas l’autre, Il écoute tout le monde mais, bien entendu, plus la personne est élevée spirituellement, plus elle s’est séparée de la Gashmiout, plus sa prière est en mesure d’avoir un impact concret.
Voir aussi Yevamot (daf 64) concernant la différence entre la prière d’un Tsadik fils de Tsadik et celle d’un Tsadik fils de Rasha.

Et il y a aussi des péchés qui sont, plus que d’autres, de nature à bloquer les prières du contrevenant à la Halakha. [Notamment le Guézel, le Shaatnez, etc.]


Citation:
Enfin, la hitbodedout est-elle une pratique exclusivement Breslev ou d'autres hassidout comme Habbad les recommandent-elles?

Je ne sache pas que les ‘Habad soient particulièrement adeptes de la Hitbodedout, pas plus que d’autres courants.
Ils y ont recours, me semble-t-il, pour leur anniversaire, mais n’en font pas un usage massif comme les Breslevers pour qui la Hitbodedout constitue une Maala suprême pour se rapprocher de D.ieu (cf. Likoutei Moharan II, §25 : התבודדות הוא מעלה עליונה וגדולה מן הכל)

Les fidèles de Novhardok s’isolent eux aussi en forêt, et plus longuement que les Breslevers. Ils appellent ça « Bedidout » (de la même racine que Hitbodedout, בדד).
Rav Yossef Yosel Horovitz (Novhardok) passait de très longs moments en Bedidout, seul dans une cabane (où on lui amenait à manger sans y entrer).
Il y a eu des Rabbis ‘Hassidiques qui ont eu des périodes où ils s’isolaient beaucoup et ne parlaient à personne (d’autre qu’à D.ieu).

On peut donc dire que les deux courants les plus adeptes de « l’isolement » sont Breslev et Novhardok.
Ceci étant dit, il n’est aucunement requis d’être encarté pour avoir recours à la Hitbodedout, qui n’est qu’une sorte de Tfila et qui concerne tout le monde.
Tout le monde peut s’adresser à D.ieu, dans ses mots, dans sa langue. Pas besoin d’être d’une obédience particulière autorisant cette discipline, tous les courants l’autorisent.
N’importe quel juif, ou non-juif, peut prier et s’adresser directement à D.ieu, sans passer par un secrétaire (c’est au contraire recommandé de s’adresser à Lui directement et interdit de s’adresser à un intermédiaire).

La Hitbodedout permet de s’élever spirituellement, comme il est dit (Tehilim 91,1) Yoshev Besseter -Elyon (c’est un Rémez, pas le Pshat, of course).

Elle était nécessaire pour l’accession à la prophétie, comme l’écrit le Rambam (hil. Yessodei hatorah VII,4) (כל הנביאים אין מתנבאין בכל עת שירצו אלא מכוונים דעתם ויושבים שמחים וטובי לב ומתבודדים), voir aussi ce qu’écrit son fils dans Sefer Hamaspik (chapitre sur la Hitbodedout), et c’est un moyen de concentration spirituelle non négligeable qui permet de relativiser la Gashmiout (cf. Likoutei Moharan I, §52 et voir encore Likoutei Moharan II, §99).

Il ne faut pas croire que ce soit l’invention de R. Na’hman de Breslev, déjà bien avant lui la Hitbodedout était pratiquée et même recommandée, notamment par le Shla (Massekhet Yoma, Hilkhot Tshouva, daf 233a sv. Vetalmid ‘hakham ד"ה ות"ח) qui indique de faire Hitbodedout 1 fois par semaine ou par quinzaine, mais pas moins d’une fois mensuelle (voir aussi Shla, Shaar Haotiot, Tsniout).
Pourtant le Shla n’était ni Breslever, ni Novhardoker.

Rabbi Na’hman de Breslev quant à lui, indique de faire un moment de Hitbodedout quotidien et soulignait déjà que plusieurs Tsadikim ont dit avoir accédé à leur niveau spirituel grâce à la Hitbodedout (Likoutei Moharan II, §25 et §100).

Voir aussi
Messilat Yesharim (§14 et §15),
Shaarei Tshouva (II, §14) et
Mikhtav Meéliahou (IV, p.282).
Montrer les messages depuis:
Voir le sujet suivant Voir le sujet précédent
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum