Aralé a écrit:
Ne vaut-il pas mieux que des Juifs non pratiquants, des jeunes par exemple, qu'on n'a pas réussi à attirer vers la Tora, fassent leur Alya ? En France ils vont s'assimiler, faire des mariages mixtes etc. En Israël même s'ils restent hiloni, leurs enfants, petits enfants reviendront à la Tora avec l'aide de Dieu ?
Ça dépend de quel niveau de « non-pratique » nous parlons.
Un jeune juif qui ne va jamais à la synagogue et qui se marierait avec une non-juive sans y voir de problème est en effet à un point d'éloignement tel qu'il est préférable qu'il soit en Israël selon votre logique (même si les péchés commis en Israël sont considérés bien plus graves...).
Seulement ces gens-là ne se posent généralement pas vraiment la question de faire la Aliya. C'est plutôt une préoccupation des juifs pratiquants ou légèrement pratiquants. Dès qu'un juif va de temps à autre à la synagogue, ou bien s'il a des enfants en école juive, ou encore s'il lui arrive de rentrer dans une épicerie kasher, chacune de ces situations est de nature à le maintenir dans un sentiment d'insécurité et donc le pousse à penser à la aliya.
Or ces juifs (les pratiquants et les « intermittents de la pratique ») sont les véritables concernés par une éventuelle Yerida en Israël. Les pratiquants dont les enfants le sont moins au bout de 5 ou 10 ans en Israël, c'est du classique, il y en a beaucoup malheureusement.
Les semi-pratiquants et pratiquants partiels, en fonction de leur niveau de pratique peuvent parfois être plus juifs en France qu'en Israël. Ils ne se seraient pas mariés avec des non-juifs en France. Mais étant en Israël, où des non-juifs sont israéliens, parlent l'hébreu, servent dans Tsahal, fêtent 'Hanouka et Pessa'h, il est bien moins évident de rompre une relation (qui s'est installée avant d'avoir su que l'autre n'est pas juif/juive), surtout si cet autre est tout de même passé par un processus de conversion chez les réformés…
Savez-vous combien il y a de russes non-juifs en Israël ?
Pensez-vous qu'ils soient « makpidim » de se marier entre non-juifs ?
Voyez encore ce que je m'apprête à écrire dans la suite.
Citation:
On craint que l'Alya entraine la baisse spirituelle des familles religieuses. Est-il envisageable que les milieux religieux mettent sur pied un "cadre de réception" adéquat permettant d'éviter autant que possible ce problème? Je pense essentiellement à l'éducation des enfants.
Ça l'est, bien sûr, et de telles institutions existent déjà et se créent encore.
Mais le fait est que ça ne marche pas aussi bien qu'on l'aurait souhaité.
Je ne dis pas que « ça ne marche pas », je dis seulement qu'il y a encore beaucoup trop de « casse ».
Seuls les juifs dits « sionistes religieux » peuvent aller en Israël sans craindre trop de difficultés pour leurs enfants, mais les religieux qui sont plutôt attachés au monde ‘hareidi (Rabanim Steinman/Kanievsky/Abou'hatsira/Yossef/etc.) ne trouveront pas ce qu'ils espèrent en Israël.
Les religieux français souhaitent souvent garder un compromis entre les études de 'hol et de kodesh comme ils le faisaient en France, en espérant que leur fils puisse étudier dans les plus grandes yeshivot, or en Israël c’est très difficile voire quasi-impossible.
Il faudra soit envoyer les enfants dans les structures sionistes et il leur sera pratiquement impossible d'intégrer par la suite les « grandes yeshivot » (qui s'apparentent aux rabanim susmentionnés), ou les mettre dans un 'heider classique où ils auront un mal fou à s'adapter et ne feront presque pas de 'hol.
Ceux qui sont un peu moins religieux, type baalei tshouva qui envoient leurs enfants dans des écoles assez religieuses - en France, bénéficient sans en prendre conscience du manque d'écoles « frum »; leurs enfants se retrouvent en classe avec des enfants de famille bien plus engagées et ça peut propulser leur enfant à un niveau plus élevé, ce qui fera parfois aussi progresser les parents.
Par contre en Israël, de telles écoles n'existent pas et
ne peuvent pas exister, car il y aura le choix et les parents « frum » n'enverront pas leurs enfants dans des écoles où il y a tous les styles de famille.
En Israël, il y a beaucoup moins de melting pot scolaire, voire pas du tout.
Résultat: L'enfant de famille « traditionaliste non-orthodoxe » qui est scolarisé en école religieuse en France, va se rapprocher de D.ieu grâce à ses fréquentations (ce n'est pas systématique, mais très fréquent).
Mettez ce même enfant en Israël, il n'y aura pas d'enfants de famille « orthodoxes très engagées» dans sa classe et il risque - AU MIEUX - de ne pas se rapprocher de D.ieu et au pire, de s'en éloigner très concrètement (ce n'est pas systématique, mais très fréquent).
En conclusion:
*Pour les enfants de
famille non pratiquantes qui se
marieraient volontiers à des non-juifs: il vaut mieux faire la aliya.
*Pour ceux des
familles ultra-orthodoxes et qui
connaissent bien la situation en Israël: je pense qu'ils sauront diriger leur choix en fonction du potentiel rou'hani qui s'offre à eux et à leurs enfants dans chacun de ces deux pays, ils n'ont pas besoin de moi pour analyser le pour et le contre de chaque côté.
*Et enfin pour
les enfants des autres familles (c'est, je pense, la majorité du lectorat de Techouvot.com): si les parents souhaitent qu'ils ne s'éloignent pas de la tradition, il n'y a pas de « réponse standard ». C'est pour ces personnes que j'écrivais plus haut mon message du 15 février.