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Entre סוכה ז ע״ב, ב״ב ע״ח ע״ב, ב״ק צג ע״ב, ב״מ קי״ח ע״ב, il semble qu’אביי avait l’habitude de ranger les תנאים par שיטה pour se clarifier les idées meme s’ils ne disent pas exactement la même chose (d’apres תוס׳ et רשב״ם dans ב״ב ע״ח)... D’ailleurs, en cherchant dans un moteur de recherche je suis tombé sur encore bcp d’endroits similaires où אביי a recours à cette méthode.
Cependant, dans סנהדרין ד ע״א, c’est ר׳ יוחנן, bien avant אביי, qui s’y met. D’ailleurs, qqch de ce style se retrouve dans ב״ק ס״ט ע״א-ע״ב où ר׳ יוחנן met en valeur la correspondance entre la שיטה de ר׳ דוסא et les צנועין... (un peu plus haut אביי faisait pareil ב״ק נט ע״א)...
Auriez vous une théorie pour expliquer cmt cette technique a pu passer de ר׳ יוחנן, habitant en ישראל bien avant אביי, à אביי en בבל bien après sans que personne d’autre ne le fasse ?
Ce n’est pas une question de première importance mais je me demandai si vous disposiez d éléments qui puissent permettre d’ouvrir une piste un peu plus élaboré que « cette méthode n’a plus qu’a אביי » sur plusieurs dizaines (centaines ?) de אמוראים.
Vous vous étonnez du fait que seul Abayé aurait suivi l’exemple de R. Yo’hanan et qu’on ne trouverait pas d’autres Amoraïm reprenant cette méthode.
Cependant, si vous aviez persisté dans votre étude de Massekhet
Souka (vous citiez daf 7), vous seriez tombé
(daf 36a) sur Raba qui pratique cette méthode et qui aurait pu être à l’origine de l’inspiration d’Abayé (Raba était son oncle et tuteur).
Vous retrouverez encore Raba qui a cette attitude dans
Nedarim (73b), Mena’hot (63b, 64a) et
Erouvin (86b).
Voilà, il n’y a pas qu’Abayé et Rabbi Yo’hanan.
Et Abayé a plus probablement suivi l’exemple de Raba que celui de R. Yo’hanan.
Et puis il y en a d’autres, voici des exemples :
Rabbi Elazar (Kreitot 14b)
Rav (Sotah 30a)
R. Pedat (Yoma 61b) (Nazir 46b)
Rav Yossef (Shabbat 77a, 147b)
R. Its’hak Bar Yossef (Sanhédrin 4a)
Rava (Yevamot 36b)
les frères de Rava (Ktouvot 111b)
Rav Ashei (Mena’hot 64a)
Mais il est clair que c’est plus fréquent chez Rabbi Yo’hanan :
Ktouvot (36b)
Psa’him (82b)
Yevamot (51b)
Shabbat (94a)
Baba Kama (69ab)
Sanhédrin (4a)
Baba Metsia (47b)
‘Houlin (58b, 75a, 124b)
Nida (27b)
Bekhorot (22b)
Makot (8a)
Mena’hot (57b)
Zva’him (11a)
Et Abayé est incontestablement le « champion » dans cet exercice:
Nedarim (10a)
Baba Kama (59a, 93b)
‘Haguiga (6a) (x2)
Psa’him (32b)
Baba Metsia (113b, 118b)
Baba Batra (26a, 27b, 78b, 165a)
Shabbat (26b, 27b, 65a, 128a)
Souka (7b)
Sanhédrin (64a)
Zva’him (47a)
Kidoushin (48b, 62b)
A peu près les deux tiers de ces dernières références sur Abayé sont indiqués par le
Margaliot Hayam sur Sanhédrin (64a §20) (qui ne mentionne pas les autres Amoraïm). Je suis un peu étonné qu’il lui en manque tant (sur Abayé).
Peut-être qu’il n’a sélectionné que l’expression spécifique de « amrou davar é’had » (qu’on retrouve chez Abayé dans
Sanhédrin 64).
Pour ma part, toutes les références que j’ai citées ici sont tirées de mes notes, qui ne se restreignent pas à une formulation particulière ni une expression précise, mais englobent tout ce qui se rejoint au niveau de la svara et qui indique une volonté d’un Amora de trier et regrouper des opinions similaires. J’inclus donc aussi les « Koulehou Svirei Lehou », « Koulan Shita A’hat Hen » etc.
J’ai utilisé mes notes, je n’ai pas revérifié les Gmarot, je ne peux donc pas garantir que
Rav Margulies se soit convenablement limité à telle ou telle formulation
(ce qui est de toute façon étrange, c’est une attitude des jeunes de la nouvelle génération, qui ont grandi avec les ordinateurs. Eux, seraient capables de n’indiquer que les références d’une expression précise car ils les auraient obtenues par recherche sur ordinateur, mais si c’est en lisant les Gmarot -comme l’a fait Rav Margulies-, il est assez classique et normal de noter toutes les références qui veulent dire la même chose, quand bien même la formulation serait différente).
Il y a d’autres expressions dans le Shas qui sont habituelles chez Abayé. Par exemple, il a l’habitude de dire « Naktinan » (j’ai noté ~25 références), et aussi « Af Anan Nami Taneina » ou « Af Anou Nomar » (~18 références). Ou encore « Hilkakh » (bien qu’il ne soit pas le seul, mais il en est le « champion » -cf.
Margaliot Hayam Sanhédrin 42a §7 qui indique 9 références, mais j’en ai noté quelques-unes qu’il a oublié de mentionner).
Il y a aussi le fameux « Layet Ala Abayé » qui est plus fréquent (au moins 6 fois) chez Abayé que chez les autres.
Voyez encore le
Tosfot Ktouvot (2b sv. Pashit).
Abayé aimait bien dire « Shtei Tshouvot Badavar »
(‘Houlin 10b) (Shabbat 77a), mais d’autres le disent avant lui (Rabbi) et après lui (Rav Ashei) et aucun ne le dit autant que Rava qui le dit au moins une quinzaine de fois dans le Shas.
Il y a encore d’autres expressions qui sont communes à Abayé et à Rabbi Yo’hanan, comme : « Mashmaout Dorshin Ika Benayhou ».
Ou encore, Abayé a aussi tendance à souligner dans massekhet shabbat ce qu’un pauvre fait (Sheken Ani…)
(Shabbat 74a, 76b, 102b, 102b). Et c’est aussi ce que fait Rabbi Yo’hanan
(Shabbat 64a). Mais il y a aussi R. Yirmiya
(shabbat 102b).