Ok, donc je reprends vos questions :
Citation:
1) Pourrait-on sauter ce passage à cause de la tirh'a du tsibour.
Si la communauté n’a pas l’habitude de dire un texte facultatif, le ‘hazan d’appoint n’a pas le droit de l’imposer au tsibour.
Citation:
2) De manière général, à partir de quel moment peut on invoquer la "tirh'a du tsibour lors de la tephila
Voyez la
mishna dans
Sota 40b où il est dit que le
cohen gadol, à
yom kippour, au
beth amikdash, lorsqu’il lira la Thora dans le sefer thora, ne devra pas rouler le sefer pour lire la dernière partie
(qui se trouve dans parshat Pin’has) mais « lire » ce passage oralement (par cœur).
Et la
gmara expliquera
(Sota 41a) que c’est un problème de respect du tsibour , ne pas faire attendre le tsibour le temps de rouler le sefer Thora. (voir encore
Yoma 70a).
Or, il est interdit de réciter la Thora par cœur
(Guitin 60a), il faut impérativement lire du sefer .
Mais cet interdit est repoussé face au problème du kvod tsibour
(Tosfot Yeshénim Yoma 70a) (Tosfot Arosh Yoma 68b).
Vous imaginez bien que si pour la
kriat athora, du
cohen gadol, à
yom kippour, et au
beth amikdash , on est prêt à faire passer le kvod tsibour avant une ala’ha de ne pas « lire par cœur » la Thora,
à plus forte raison que pour la lecture d’un texte qui n’est
pas obligatoire, par un
‘hazan d’appoint, à
shavouot, dans
votre synagogue, et
après une nuit blanche, que le kvod tsibour -voire la souffrance du tsibour- passe avant ce minhag qui n’est pas instauré dans votre synagogue.
Comme je suppose que vous ou quelqu’un d’autre me demandera comment se fait-il alors que dans nos synagogues on ne récite pas le maftir de yom tov (ou de shabbat rosh ‘hodesh) par cœur pour le kvod tsibour,
je vous devance en précisant que selon certains
rishonim, s’il n’y a qu’un seul sefer thora à la synagogue, on ne devra pas le rouler pour lire le maftir de yom tov, mais on lira ce maftir d’un ‘houmash imprimé.
(Tsouvat aRashba citée dans le Beth Yossef §144).
Cependant le
Ritva (Yoma 70a et cité par le
Beth Yossef) écrit qu’on devra rouler le sefer jusqu’au maftir car il vaut mieux ne pas respecter le principe de kvod tsibour que la takanat ‘ha’hamim.
C’est l’avis retenu par le
Shoul’han Arou’h (ora’h ‘haim §144, 3).
Sur quoi le
Maguen Avraham (§144, sk.7) s’étonne à partir de la souguia du cohen gadol
(Sota 41a et Yoma 70a) où l’on voit bien que le maftir n’est pas lu dans le sefer pour ne pas « enfreindre » kvod tsibour.
Il répond qu’à la synagogue, le tsibour est « mo’hel » sur son kavod afin d’accomplir la takana comme il se doit, mais qu’au beth amikdash il y avait tout Israel qui ne sont pas mo’hlim.
Cette réponse est assez obscure.
Le
Netsiv dans son
Meromei Sadé (Sota 41a) exprime son étonnement sur deux points :
-d’où vient ce « tout Israel » au beth amikdash à yom kippour ?
il n’y a pas de aliya lareguel à yom kippour !
-Et quand bien même tout Israel y serait réuni , quelle différence entre tout Israel et une petite communauté, pourquoi est-il évident que ces derniers sont mo’hlim si tout Israel ne le serait pas ?
C’est pourquoi le
Netsiv répond différemment :
au beth amikdash la lecture du cohen gadol n’était pas une obligation pour le peuple, car chacun amenait son propre sefer pour y lire
(Yoma 70a et Sota 41a), ce qui n’est pas le cas à la synagogue.
C’est pourquoi à la synagogue on suppose que le tsibour est mo’hel afin d’accomplir la mitsva convenablement.
Le
Raavia (Meguila §586) quant à lui apporte une autre réponse, il n’a été interdit de rouler le sefer en public qu’au milieu d’une lecture, mais entre deux montées (bein gavra legavra) c’est permis.
C’est donc la ala’ha de nos jours, on roule le sefer si on en possède qu’un seul, malgré la tir’ha detsiboura, car le public est mo’hel afin d’accomplir la mitsva convenablement.
(au passage , je m’étonne du
Rashba qui indique de lire le maftir dans un ‘houmash si on ne possède pas de deuxième sefer thora, j’en comprends que si on dispose de deux sifrei thora on devra lire le maftir dans le deuxième sefer (qui est déjà à la bonne page) , pourtant le temps de changer de sefer est parfois aussi long que le temps de le rouler à la bonne page !
La svara du
Raavia semble donc s’imposer !)