Citation:
Pouvez vous me dire où trouvez dans le Minyane hamitzvotes du Rambam la mitsva de makhzir grouchato ?
Vous m’en demandez beaucoup, je vais avoir du mal à vous indiquer où trouver cette Mitsva dans le décompte du
Rambam, étant donné qu’elle n’y figure pas !
En effet, cette « mitsva » d’être Ma’hzir Groushato (=se remarier avec la femme de laquelle on a divorcé -si elle ne s’est pas mariée entre temps) est une mitsva « imaginaire », inventée.
On ne la trouve ni dans le Talmud, ni dans le
Rambam, ni dans le
Shoul’han Aroukh.
(Oui, oui, je sais, c'est étonnant, mais c'est comme ça.)
Certains se basent sur le
Yeroushalmi (Ktouvot 11,3), le
Yalkout Shimoni (Yishaya §492), le
Midrash Bereshit Raba (17,3) et
Vayikra Raba (34,14) où l’on voit qu’il faut se soucier du Kavod de son ex-femme et l’aider financièrement si c’est nécessaire, au titre de « מבשרך לא תתעלם ».
C’est ce qu’a fait R. Yossi Haglili après que son ex-femme se soit remariée, mais dont le nouveau mari ne gagnait pas assez sa vie. (cf.
Rama E’’H §119,8).
S’il faut l’aider et la soutenir alors qu’elle s’est remariée, à plus forte raison faudra-t-il l’épouser
(lorsqu'elle le souhaite) si elle ne s’est pas remariée depuis le divorce.
(Cette logique s’inscrit dans son temps, à une époque où une femme non mariée avait du mal à trouver une Parnassa. L’épouser consistait donc aussi à l’aider financièrement et lui assurer sa Parnassa).
D’après le
Shout ‘Hayei Halévy (IV, §55,4), c’est la source de cette « mitsva ».
Ainsi, nous lisons dans le
Shout Avnei Shaïsh (I, §42) qu’il y a une Mitsva d’être
Ma’hzir Groushato que les ‘Hazal apprennent du verset מבשרך לא תתעלם.
Le vocable «
Mitsva » est assez large et peut aussi concerner une « bonne action », même si elle n’est pas considérée « mitsva officielle », mais l’expression du
Avnei Shaïsh montre qu’il considère qu’il s’agit d’une véritable Mitsva.
R. Shmouel Vital dans son
Shout Beèr Mayim ‘Haïm (§80) ira jusqu’à écrire qu’il n’y a pas de plus grande mitsva ( ?!) que d’être
Ma’hzir Groushato, surtout si c’était sa première épouse, ou s’ils ont eu des enfants ensemble.
Chez les Rishonim, le
‘Hinoukh (§580) écrit que si la divorcée ne s’est pas remariée, il est autorisé de se remarier avec elle, et il ajoute que c’est même ce qu’il faut faire (=qu’il est convenable de le faire) si elle n’est pas impie.
Il ne s’agirait donc pas d’une mitsva dans le sens officiel du mot, mais d’une bonne action à encourager.
Par contre, les mots du
Rashbats (III, §9) sont plus catégoriques, puisqu’il parle de Mitsva
(Leha’hzir Groushato) par rapport à une Shvoua qui irait à l’encontre (Nishba Levatel eth hamitsva).
Toutefois, là-bas aussi, on pourrait encore interpréter cette « Mitsva » dans le sens de bonne action (qui s’inscrirait dans une Mitsva plus globale).
[Il y a aussi dans le
Ritva (Makot 16a) une phrase (ויש מצוה להחזירה ולהתירה) de laquelle on pourrait comprendre que c’est une Mitsva mais le contexte est particulier, il s’agit d’un mari qui a divorcé de sa femme en raison d’une mauvaise rumeur sur son compte, rumeur qui s’est avérée infondée.]
Toutefois, le
Radbaz (VIII, §153) semble dire clairement qu’il n’y a aucune Mitsva d’être
Ma’hzir Groushato.
Si un remariage comporte un aspect de ‘Hessed envers son ex-femme qui ne peut pas gagner sa vie décemment en étant célibataire, ça sera une « bonne action », mais pas qu’il y ait une Mitsva en soi dans le fait de se remarier avec son ex-femme.
Bref, vous ne trouverez pas dans la liste des 613 Mitsvot du
Rambam cette Mitsva de
Ma’hzir Groushato.