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La réponse de qualité à vos questions

La quantité de halahott

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Joki
Messages: 4
Bonjour rav

J'ai eu l'occasion d'étudier quelques fois le livre birkat hachem de rav moché levi et je me suis demandé comment est-ce possible qu'avant de manger, un homme doive connaître autant de halakhot. Il existe tellement de détails et de subtilité que juste connaître toutes les halakhot sans même les mekorot de chacune est un travail colossal. Ma question est en realité beaucoup plus générale, la même problématique se trouve lorsque je compare le aroukh hachoulkhan avec le michna beroura. Comment se fait-il qu'en étudiant le aroukh hachoulkhan tout a l'air assez simple et il n'y a pas trop de détails. Et ensuite lorsque je passe au michna beroura il y a un déferlement de détails.
Qu'aurait fait le aroukh hachoulkhan dans tous ces cas, pourquoi n'en a-t-il pas parlé ? A-t-il considéré que ces détails seraient insignifiants et qu'un homme pourrait largement se débrouiller dans la halakha avec ce qu'il a écrit, ou bien s'est-il dit: je vais écrire les grandes lignes et après à chacun d'étudier chaque cas ?
Et si le michna beroura n'avait pas été là, comment aurions-nous fait ?

J'ai l'impression que plus on remonte le temps, plus la Torah était "générale, dénuée de détails". Mais est-ce vraiment possible ? Vous décriez vous-même cette super spécialisation des rabanim, mais d'un autre coté il en ressort que quelqu'un qui ne se spécialise pas fera des fautes de frappe dans sa pratique, ne connaissant les sujet que dans sa généralité. Alors comment voir les choses ?

Je vous remercie.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6882
Citation:
J'ai eu l'occasion d'étudier quelques fois le livre birkat hachem de rav moché levi et je me suis demandé comment est-ce possible qu'avant de manger, un homme doive connaître autant de halakhot. Il existe tellement de détails et de subtilité que juste connaître toutes les halakhot sans même les mekorot de chacune est un travail colossal. Ma question est en realité beaucoup plus générale, la même problématique se trouve lorsque je compare le aroukh hachoulkhan avec le michna beroura. Comment se fait-il qu'en étudiant le aroukh hachoulkhan tout a l'air assez simple et il n'y a pas trop de détails. Et ensuite lorsque je passe au michna beroura il y a un déferlement de détails.
Qu'aurait fait le aroukh hachoulkhan dans tous ces cas, pourquoi n'en a-t-il pas parlé ? A-t-il considéré que ces détails seraient insignifiants et qu'un homme pourrait largement se débrouiller dans la halakha avec ce qu'il a écrit, ou bien s'est-il dit: je vais écrire les grandes lignes et après à chacun d'étudier chaque cas ?
Et si le michna beroura n'avait pas été là, comment aurions-nous fait ?
J'ai l'impression que plus on remonte le temps, plus la Torah était "générale, dénuée de détails". Mais est-ce vraiment possible ? Vous décriez vous-même cette super spécialisation des rabanim, mais d'un autre coté il en ressort que quelqu'un qui ne se spécialise pas fera des fautes de frappe dans sa pratique, ne connaissant les sujet que dans sa généralité. Alors comment voir les choses ?



Vous semblez penser que le Aroukh Hashoul’han précédait chronologiquement le Mishna Broura, en réalité, ils sont contemporains et ont publié les différents tomes de leurs livres en même temps (fin XIXème-début XXème siècles).
Le Aroukh Hashoul’han comprend lui aussi beaucoup de détails, peut-être vouliez-vous comparer le Mishna Broura avec le Shoul’han Aroukh (et non Aroukh Hashoul’han) ?

Il est vrai que le Aroukh Hashoul’han est beaucoup plus clair et facile à étudier que le Mishna Broura, mais c’est parce que ce dernier n’est pas un « livre de halakha », c’est un « commentaire sur un livre de halakha ».
C-à-d qu’il vient commenter le Shoul’han Aroukh, donc certains points seront incomplets localement et se complèteront mutuellement en poursuivant la lecture. Tandis que le Aroukh Hashoul’han est un « livre de halakha » qui présente les choses clairement, dans son langage.

Il faut aussi souligner qu’il cherche à expliquer les Svarot et Mekorot de la halakha, cela veut dire qu’il comporte à la fois le travail du Mishna Broura et celui du Biour Halakha, tout en incluant aussi la partie du Shoul’han Aroukh. C’est une sorte de 3 en 1.

Du coup, comme il présente les Svarot des Rishonim, on comprend automatiquement un peu mieux qu’à la lecture du Mishna Broura, et de ce fait, on peut déjà deviner plusieurs détails et subtilités pour des cas précis.

Quant au fond de votre question, effectivement, plus on avance dans le temps, plus les livres de halakha se font complexes et détaillés.
Je distingue deux facteurs entrainant ce phénomène ; tout d’abord, la multiplication des désaccords et des précisions halakhiques (depuis des siècles d’analyse et de discussions) fait que notre « patrimoine halakhique » est plus riche, plus précis.
Ce point est globalement positif.

Mais il y a aussi un excès dans ce domaine, le fait que nous ayons accès à énormément de livres et que nous sachions quasiment en temps réel ce que chaque rabbin dit ou pense même s’il habite à plus de 3000km, a créé une nouvelle vision du devoir halakhique, certains rabbins se sont imaginés que l’idéal du psak halakha serait de « cocher un maximum de cases », de s’arranger avec toutes les shitot, de « collectionner » toutes les ‘houmrot.
Ce qui a aussi entrainé cette spécialisation que vous mentionnez (en mon nom).
Nous avons donc des Sfarim spécialisés sur un sujet précis, qui traitent tout ce qui a été dit sur ce sujet en tenant compte de toutes les opinions ou presque.
Ça rend la halakha pratique parfois assez indigeste, ce n’est pas le but.
Idéalement, il faudrait étudier le Talmud et ainsi avoir une compréhension des sujets halakhiques et pouvoir (interpréter et) prendre position dans chaque cas rencontré.

Avant la rédaction des codes halakhiques, chacun se débrouillait avec le Talmud pour trancher sa halakha. Depuis la « faiblesse » en Torah qui a amené nos Rabanim à nous rédiger des codes pour nous simplifier la vie, cela a paradoxalement aggravé (à long terme) notre compréhension de la Halakha.

Toutefois, il faut savoir que l’essentiel (ou plutôt : l’idéal) reste de comprendre convenablement le Talmud et d’arriver à la Halakha par une compréhension talmudique, quitte à ne pas connaitre tous les détails des Poskim du XXème siècle. J’ai déjà mentionné ce qu’écrit le Maharal (Netiv Hatorah §15) à ce sujet. Voyez par exemple ici : https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=46329#46329
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