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Est ce qu'on peut dire que reish lakish (AZ 5a) qui pense que si les juifs n'avaient pas commis la faute du veau d'or, cela aurait été comme si nous n'étions pas venu au monde, car ils auraient vécu éternellement et nous aurions été considéré comme insignifiants par rapport à eux , ne pense pas comme le ibn Ezra (bereshit 3,6)?
C’est difficile à dire.
En réalité c’est une supposition «
s’ils n’avaient pas fauté », mais dans les faits, ils ont fauté.
La Gmara essaie de comprendre ce qu’a dit Reish Lakish, au départ elle comprend qu’il dit que si nos ancêtres n’avaient pas fauté, ils auraient été comme des Malakhim et n’auraient pas eu d’enfants et nous ne serions donc pas nés.
C’est seulement par la suite qu’elle donne une autre interprétation de ce qu’a dit Reish Lakish, que s’ils n’avaient pas fauté, nous serions venus au monde mais serions «
comme si nous n’étions pas venus au monde », et c’est là que
Rashi explique que l’intention est de dire qu’en étant immortels, nous serions bien petits face à ces anciens (c-à-d que nous bénéficions de leur absence aujourd’hui…).
D’autres commentateurs expliquent ce passage autrement, et certains même attaquent la compréhension de
Rashi [cf.
Ein Eliahou (AZ 5a) et
Yearot Dvash (I, §12)].
Je dirais donc que votre remarque se rapporte plutôt à
Rashi, c’est de
Rashi qu’on voit qu’il ne pensait pas comme le
Ibn Ezra (et ce n’est pas un ‘hidoush d’ici).
Et même d’après la lecture de
Rashi, notez que par la suite la Gmara va dire que cette vue de Reish Lakish n’irait que d’après l’enseignement de R. Yossi, mais pas d’après le Tana Kama qui interprétera le verset (parlant de mort) qui sert de source à R. Yossi, comme voulant parler de la pauvreté [qui occasionne une sorte de mort (sociale…) et] qui est répertoriée parmi les quatre situations où l’homme est considéré « comme » mort (
Nedarim 64b et
AZ 5a).
[Ceci étant dit, j’ajouterais encore que même si l’on voulait interpréter cette Gmara dans le sens de
Rashi, on pourrait encore accorder le
Ibn Ezra avec Reish lakish en expliquant que même s’il ne s’agissait « que » de vivre 1000 ans, cela porterait aussi préjudice aux jeunes générations (car tant qu’on n’aurait pas soi-même plus de 900 ans, on vivrait entouré d’anciens etc.).]