Citation:
Je profites d'abord de ma première question de l'année pour vous souhaitez chana tova
Merci.
Vous de même, très bonne année.
Quant à moi, je profite de ma réponse pour présenter mes excuses pour le retard, nous sommes déjà à 'Hanouka.
Citation:
et vous remercier infiniment de toutes vos réponses et du temps que vous y consacrez, en espérant que vous continuerez à le faire cette année.
Je l’espère aussi. Hashem Yaazor.
Citation:
Venons en la question.
C’est une très bonne question.
Avant de tenter d’y répondre, je tiens à souligner que c’est une bonne question car il faut aussi comprendre que même en l’absence de réponse, cela ne changerait rien à la conclusion qui est la nôtre, cette question est très bonne mais ne peut pas dépasser le stade de « question », elle ne constituera pas une « preuve » contre la règle que nous avons établie puisqu’elle est –elle aussi- basée sur de solides preuves qui la rende indiscutable.
Votre question ne pourra que nous obliger à réfléchir si nous avons bien cerné l’idée et la volonté de D.ieu dans ce passage de la Akeida.
Posons donc la question : comment D.ieu peut-il souhaiter que l’on sacrifie un être humain sans raison alors que ça nous paraît contraire au bon sens ; pourquoi tuer un innocent ?
Le premier élément à apporter, c’est le
Rashi sur place
(Bereshit XXII, 2) qui écrit explicitement que D.ieu ne lui a pas dit de l’égorger, mais seulement de le « faire monter » sur l’autel.
Rashi écrit que D.ieu ne voulait PAS qu’Avraham le tue et ne le lui a PAS demandé.
La source de
Rashi est en fait un
Midrash Bereshit Raba (LVI, 8) qui présente une discussion entre D.ieu et Avraham après l’épisode de la Akeida, Avraham demande à comprendre :
Tu me dis que j’aurai une grande descendance par Its’hak, puis Tu me dis de l’égorger, puis Tu me dis de ne rien lui faire… à quoi riment ces allers-retours contradictoires ?
Et D.ieu de lui répondre :
lorsque Je t’ai dit de prendre ton fils Je ne t’ai pas dit de l’égorger, seulement de le « faire monter » (sur l’autel).
C’est comme l’histoire d’un roi qui dit à son ami «
fais monter ton fils à ma table » et l’ami arrive avec le fils et un couteau, le roi lui dit «
pensais-tu que je t’ai dit de le faire monter à ma table en tant que plat ? je parle de le faire monter à ma table par sympathie (qu’il vienne me voir à ma table) » [NDLR : en hébreu ça passe mieux, en français, on ne dit pas vraiment « faire monter à table » ni dans un sens ni dans l’autre].
A ce stade, votre question devrait être répondue : D.ieu n’a en effet JAMAIS ordonné d’égorger un innocent ni de faire un sacrifice humain, c’est une lamentable erreur de la part d’Avraham qui n’a heureusement pas porté à conséquence, D.ieu ayant fait le nécessaire pour l’arrêter à temps.
Seulement, il convient de pousser la réflexion un peu plus loin : La notion de malentendu fortuit ne devrait pas exister dans le cadre d’une « discussion » avec D.ieu, lorsque D.ieu parle à Avraham, il s’agît d’une « hassaga », d’une perception, pas d’un dialogue. Il faudrait donc dire que D.ieu aurait délibérément piégé / trompé Avraham et savait bien que ce dernier comprendrait d’égorger son fils.
Nous allons donc reporter la question sur Avraham lui-même : comment a-t-il pu comprendre qu’il fallait égorger son fils alors que c’est contraire au bon sens, il aurait dû deviner/comprendre qu’il avait mal compris la volonté de D.ieu !
[Ceci en supposant que cela fasse partie du bon sens qu’il faille suivre le bon sens pour suivre D.ieu. Je veux dire que l’on pourrait se contenter d’une réponse du genre : c’est justement DEPUIS l’épisode de la Akeida -depuis que D.ieu a arrêté Avraham et lui a dit qu’il ne souhaite pas de sacrifices humains, que NOUS savons que D.ieu va toujours dans le sens du « bon sens » (et les versets Derakheiha Darkei Noam et Cie sont -bien entendu- postérieurs à l’épisode de la Akeida), mais Avraham ne pouvait encore le savoir/en être sûr.
Toutefois, je n’adhère pas à cela, je pense qu’Avraham avait déjà les éléments « philosophiques » qu’il faut pour comprendre qu’il n’est pas possible que D.ieu soit contraire au bon sens, nous n’allons donc pas considérer cette « réponse ».]
La Gmara dans
Taanit (4a) interprète le verset (dans Jérémie)
Velo Alta Al Libi « c’est Its’hak le fils d’Avraham » qui –à l’instar des sacrifices du fils de Meisha et de la fille de Yifta’h, a été le sujet d’une tentative d’infanticide par un père imaginant accomplir la volonté de D.ieu.
De la
Gmara elle-même, on peut encore comprendre –comme dans le
Midrash- que c’est Avraham qui s’est trompé et aurait mal compris D.ieu, mais le commentaire du pseudo-
Rashi sur place
(Taanit 4a) l’interprète comme une volonté de D.ieu de « tromper » Avraham afin de le tester.
C-à-d que D.ieu n’a jamais souhaité de sacrifice humain bien entendu, mais l’a délibérément laissé entendre à Avraham pour tester sa dévotion.
Cet élément supplémentaire n’apparaît pas dans le
Rashi sur la Torah.
[Je parle de pseudo-Rashi car le Rashi sur Taanit n’est pas de Rashi. Ça se voit à son style (par exemple dans le commentaire concerné) qui diffère de Rashi et il y a aussi dans le Rashi sur Taanit quelques anomalies et citations inhabituelles, par exemple, en daf 15a « Rashi » cite Tosfot…
Le Maharats ‘Hayes fournit quelques preuves pour certifier qu’il ne s’agît pas de Rashi dans cette Massekhet.]
Il faut donc s’interroger ainsi : comment Avraham est « tombé dans le panneau » et n’est pas resté fidèle à la règle sacro-sainte du bon sens ?
On peut imaginer différentes approches pour y répondre.
Tout d’abord, comme vous le dites, il y a une différence énorme entre un ordre venant de D.ieu et un ordre venant d’un prédicateur.
Celui qui a la capacité de percevoir un message de D.ieu qui lui est adressé personnellement, comprend qu’il ne peut pas y avoir de messages basés sur de mauvaises intentions ou sur la bêtise d’un prédicateur.
Il lui est donc clair que c’est D.ieu qui s’adresse à lui.
Dans ces conditions, Avraham a certainement eu le bon réflexe qui consiste à remettre en question sa propre conception du bon sens (ce qui ne devait d’ailleurs pas être aussi éloigné du bon sens que ça l’est de nos jours -sur ce point, puisqu’à cette époque, toutes les religions concevaient le sacrifice d’un enfant).
Il y a toujours deux possibilités : soit c’est mon bon sens qui ne va pas dans le bon sens, soit c’est la Mitsva que j’ai mal comprise. Cette seconde option étant écartée d’office lorsqu’on a « discuté » directement avec D.ieu, il restait la première.
[Attention : en effet le
Midrash dit qu’Avraham a mal compris l’ordre de D.ieu, mais puisqu’il ne PEUT pas y avoir de mauvaises intentions d’un prédicateur qui brouilleraient le message, Avraham est sûr qu’en accomplissant ce qu’il comprend de D.ieu, cela correspond à ce que D.ieu souhaite qu’il comprenne de Ses dires.
Et –si jamais il y avait erreur, D.ieu pourrait toujours l’empêcher de commettre l’irréparable.
Reste à définir ce qui octroie le droit de s’attribuer l’assurance d’avoir réellement été en contact avec D.ieu
(–sans quoi n’importe quel fou va sacrifier son fils en pensant que D.ieu le lui ordonne et pour le coup, il ne sera pas en mesure de percevoir le message de D.ieu l’arrêtant dans cette entreprise), mais disons que pour Avraham c’était assez logique, après Our Kasdim et Cie.]
Donc, lorsque vous demandez:
Citation:
Dans ce cas, pourquoi ne pas imaginer que la Torah aussi nous demanderait parfois de faire des choses immorales ... ?
la réponse est claire: si c'est un intermédiaire (rabbin/etc.) qui vous dit que la torah demande une chose qui
vous semble immorale, ce n'est pas comme si c'est D.ieu qui vous le demande.
(PS: message tapé rapidement sans prendre le temps de me relire, veuillez excuser les fautes, merci.)