L’araméen occupe dans la tradition juive une place particulière, en quelque sorte celle d’une « seconde langue » à côté de l’hébreu.
Elle a droit de cité dans certains livres du Tanakh, comme celui de Daniel, et même dans la Tora (Berèchith 31, 47). Son importance est soulignée dans le Talmud (Yerouchalmi Sota 7, 2), et elle aurait été, selon une opinion, la langue parlée par Adam (Sanhédrin 38b).
Elle n’est cependant pas « comprise » par les anges (Sota 33a ; Chabbath 12b).
On peut comprendre cette « ignorance » comme illustrant l’importance que nous attachons à adresser nos prières directement à Hachem. Il est vrai que les anges aident nos prières à être exaucées par Lui, mais ce sont Ses envoyés à Lui, pas les nôtres.
La raison en est, explique Raavad (Rabbi Avraham ben David de Posquières), que Hachem ne veut pas que les anges se fassent auprès de Lui les porte-parole des prières récitées en araméen, et ce de peur que les gens en viennent à employer systématiquement cette langue dans leurs prières, au dépens de l’hébreu.
Selon le Roch, les anges comprennent effectivement l’araméen, mais cette langue leur est répulsive car elle représente une perversion de l’hébreu, la langue sacrée.
Un exemple de prière récitée en araméen est le paragraphe de ha la‘hma ‘anya que l’on dit au début du Sédèr de Pessa‘h. L’une des raisons que l’on donne de l’emploi de cette langue, et non de l’hébreu, est que nous ne devons pas, dans la pauvreté, nous en remettre aux anges, mais à Hachem Lui-même.