Chalom Rav Wattenberg.
Comme nous le savons, il y a toutes sortes d'enseignements de Torah qui sont enseignés de manière plus ou moins fréquente.
Je citerais à titre d'exemples :
- Cas n°1 : la Michna dans Avot (III, 5) :
רַבִּי נְחוּנְיָא בֶּן הַקָּנֶה אוֹמֵר, כָּל הַמְקַבֵּל עָלָיו עֹל תּוֹרָה, מַעֲבִירִין מִמֶּנּוּ עֹל מַלְכוּת וְעֹל דֶּרֶךְ אֶרֶץ. וְכָל הַפּוֹרֵק מִמֶּנּוּ עֹל תּוֹרָה, נוֹתְנִין עָלָיו עֹל מַלְכוּת וְעֹל דֶּרֶךְ אֶרֶץ
- Cas n°2 : le Béour Halakha (sur le Choul'han 'Aroukh O"H 156) :
סופה בטלה וגוררת עון – כתבו הספרים שזהו נאמר לכלל העולם שאין כולם יכולים לזכות לעלות למדרגה רמה זו להיות עסקם רק בתורה לבדה אבל אנשים יחידים יוכל להמצא בכל עת באופן זה [וזהו שאמרו בברכות ל״ו ע״ב הרבה עשו כרשב״י ולא עלתה בידן ר״ל דוקא הרבה] והקב״ה בודאי ימציא להם פרנסתם וכעין זה כתב הרמב״ם פי״ג מהלכות שמיטין ויובלות ולא שבט לוי בלבד וכו׳ עי״ש ובפרט אם כבר נמצאו אנשים שרוצים להספיק לו צרכיו כדי שיעסוק בתורה בודאי לא שייך זה ויששכר וזבלון יוכיח
- Cas n°3 : la Gmara dans Massékhet Chabbat (118a).
א״ר שמעון בן פזי א״ר יהושע בן לוי משום בר קפרא כל המקיים שלש סעודות בשבת ניצול משלש פורעניות מחבלו של משיח ומדינה של גיהנם וממלחמת גוג ומגוג מחבלו של משיח כתיב הכא יום וכתיב התם {מלאכי ג׳:כ״ג} הנה אנכי שולח לכם את אליה הנביא לפני בוא יום וגו׳ מדינה של גיהנם כתיב הכא יום וכתיב התם {צפניה א׳:ט״ו} יום עברה היום ההוא ממלחמת גוג ומגוג כתיב הכא יום וכתיב התם {יחזקאל ל״ח:י״ח} ביום בא גוג
(Textes copiés depuis le site:
https://alhatorah.org ).
Or, il y a des Rabbanim qui ramènent ces enseignements en racontant des faits historiques (vrais ou pas, c'est un autre problème) de gens qui ont échappé à l'armée russe en acceptant sur eux le joug de la Torah (cas n°1), ou qui ont pris sur eux de devenir Avrekh sérieux et qui ont commencé tôt ou tard à être aidés par des gens qui les subventionnent financièrement (cas n°2), ou encore qui ont été sauvé de toutes sortes de malheurs, comme des guerres terribles entraînant la faim, les souffrances, parfois même la mort, etc. (cas n°3, surtout en disant Kal Va'homer pour des cas moins graves que ceux cités par la Gmara elle-même).
Je ne viens pas ici aborder ces sujets cités plus haut; vous avez déjà parlé de ces sujets sur ce site ou ailleurs (d'autres Rabbanim aussi d'ailleurs), notamment :
- Ici :
https://www.techouvot.com/parnassa_min_hachamayim_si_on_etudie_constamment-vt8029438.html
- Ici :
https://www.techouvot.com/le_guilgoul_vrai_ou_faux-vt16117.html ;
- Ici :
https://www.techouvot.com/references_du_guilgoul-vt8028635.html ;
- Ou encore ici :
https://www.centre-alef.fr/22604/
Le problème que je voudrais soulever et qui me dérange avec tout cela, c'est qu'il y a des gens qui rapportent ces mêmes enseignements en disant comme quoi il faut les comprendre tels qu'ils sont dits, de manière simple et textuelle (« Pchat Hapachout » comme on pourrait dire), comme s'il n'y avait pas à les comprendre d'une autre manière ou les comprendre de manière plus approfondie et recherchée, et surtout pas les contredire ou les remettre en question.
Et si l'on donnait des contrexemples qui viendraient remettre en question ces mêmes enseignements de Torah (sans toutefois dire qu'ils sont faux, 'Has Véchalom, mais seulement pour mieux les comprendre/les approfondir), il y a des gens (Rabbanim ou pas) qui sortiraient l'argument « incassable » du Guilgoul.
C'est comme si on disait par exemple :
- Celui qui prend sur lui le joug de la Torah, on retire de lui le joug de l'autorité du pays et du Dérekh Erets.
- Ah mais pourtant on voit qu'il y en a pour qui ça n'a pas marché … ?
- Oui mais eux, c'est parce que ce n'était pas vraiment Léchem Chamayim.
- Ah mais pourtant il y avait parmi eux des grands Rabbanim/Talmidei 'Hakhamim pour qui ça n'a pas marché … ?
- Oui mais eux, c'est parce qu'ils devaient récupérer des étincelles de sainteté là où ils ont été forcés d'y aller, ou parce qu'ils devaient réparer des petites fautes de leurs anciens Guilgoulim, ou etc.
- Ah mais qui vous dit que c'est pour des raisons de Guilgoul et pas autre chose ?
- Quoi ?! Tu ne crois pas au Guilgoul ?! C'est vrai qu'il y a 500 ans en arrière, il y avait des grands Rabbanim qui ne croyaient pas au Guilgoul, mais de nos jours, celui qui ne croit pas au Guilgoul, s'il touche du vin, on jette le vin au toilettes (= c'est un Kofer) !
C'est ça qui m'énerve, parce que quand il y a des réalités qui remettent en question tel ou tel enseignement de la Torah, et que ces personnes ou ces Rabbanim ne savent pas quoi répondre, ils sont capables de sortir des arguments « incassables » et « passepartouts » comme la notion du Guilgoul.
Mais moi aussi je peux sortir des arguments « incassables » et « passepartouts » quand ça m'arrange ! Ça ne voudra pas dire pour autant que c'est le Émet ...
Et le pire, c'est qu'avec ce genre d'argument de Guilgoul ou de Nitsotsot de Kdoucha égarées par exemple, qui sont certes des notions de Torah (Kabbala) mais que l'écrasante majorité des gens - y compris moi-même - ne comprend pas, on peut dire absolument tout ce qu'on veut et son contraire, et donc la Torah entière ne servirait plus à rien et par conséquent ne vaudrait plus rien ('Has Véchalom).
Le problème, c'est que ces notions kabbalistiques (Guilgoulim, Nitsotsot de Kdoucha, etc.) restent malgré tout des notions de la Torah elle-même…
Dès lors, on ne peut pas non plus dire que ces arguments que sortent certaines personnes, et peut-être aussi des Rabbanim, sont totalement fausses.
Plus encore, qu'est-ce qu'on en sait ? Ou qu'est-ce que ces mêmes personnes/Rabbanim en savent ? Qui nous dit que c'est vraiment pour des raisons de Guilgoulim par exemple que tel ou tel principe fondamental de la Torah ne s'est pas appliqué dans tel ou tel cas ?
Et donc, je voudrais vous demander ce que vous pensez de tout ceci, et surtout comment aborder et confronter ces différentes notions kabbalistiques aux différents enseignements de la Torah, et notamment de la Gmara.
Merci d'avance.
Bessorot Tovot, Yéchou'ot Véné'hamot.