Bien, voilà 8 questions!
Après il ne faudra pas s'étonner si je n'ai plus le temps de répondre aux autres questions :)
Je tente tout de même de répondre, on y va:
Citation:
Vous dites: "Je CROIS que le 'Hafets 'Haim considérait que c'est permis."
1- Dois-je en déduire, que vous êtes quelque peu sceptique de cette affirmation?
Oui, c'est bien ce que veut dire ma phrase.
L'explication de ce doute se trouve déjà dans mon précédent message.
Citation:
On peut peut-être penser que le 'Hafets 'Haïm s'est censuré. En effet, si les autorités avaient eu entre les mains un ouvrage écrit par celui qui était considéré comme l'un des plus grands Rabbins du siècle, ... cela aurait pu avoir des conséquences très fâcheuses sur le peuple juif
Disons cela.
Même si je me permets encore une fois d'exprimer mon scepticisme, car le 'Hafets 'Haim n'était pas -à cette époque- considéré comme "l'un des plus grands rabbins du siècle" et certainement pas par les goyim.
Il n'était pas rabbin de communauté, il était épicier. Pour un goy, un épicier ne saurait représenter le monde rabbinique.
Citation:
je dois vous avouer que je suis sceptique de la preuve que vous avez ramené
c'est le bal des sceptiques aujourd'hui :)
voilà de quoi plaire à
Pyrrhon.
Citation:
il est écrit " shoum adam meisrael 'HOUTS ME'AL HAPIKORRSIM OUMALCHINIM, WE'HAYOTSE BEELOU, OTAM CHEYATSOU MIKELAL 'AMITEKHA"
Je traduis ainsi: "Aucun homme d'Israël, à l'exception des renégats, des délateurs, et de leurs semblables, qui sont exclus de la catégorié 'Amitekha, Ton peuple"
Sauf erreur de ma part, le statut d'Apikoross et de Malchin n'existent que pour des Juifs. Il est donc normal que le 'Hafets 'Haïm qui souhaite donner les exceptions à l'interdit de lachon hara' sur un Juif dise qu'il est interdit de médire de quiconque parmi les juifs à l'exception des quelques catégories dont on a le droit de médire.
Qu'en pensez-vous?
Même si le terme apikoros ne s'appliquait qu'aux juifs, il n'a pas à écrire "on ne dit du lashon ara sur aucun juif sauf l'apikoros", si les goyim sont concernés.
Citation:
les sages décrètent des interdits qui agissent comme des haies protectrices ... Si le Lachon Hara' sur un goy était permis par la Torah, les sages n'auraient-ils pas du, en toute logique interdire explicitement le Lachon hara's sur un Goy dans le Talmud? En effet, rien ne ressemble plus au Lachon hara' sur un Goy que le Lachon Hara' sur un Juif.
Tout d'abord, nous ne pouvons pas décider des cas où il aurait été logique de créer une haie protectrice. On ne peut pas comparer les gzeirot.
(Ensuite, il n'est pas exclu que les Sages aient mentionné cet interdit dans le Talmud de manière quelque peu détournée, certes, mais tout de même.
Mais là, c'est plus compliqué à expliquer ici.)
Enfin, selon moi, il est en effet interdit de dire du lashon ara sur un goy, je ne vais donc pas expliquer pourquoi ça serait permis!
Citation:
comment imaginer qu'une personne qui dirait continuellement du Lachon hara' sur un Goy puisse s'abstenir d'en dire sur un Juif?
Là aussi, il faut demander ça à ceux qui permettent, pas à moi.
Si c'est votre opinion, c'est que nous sommes d'accord, ne me demandez pas de justifier ceux qui -selon moi- se trompent (même si je pense pouvoir pointer du doigt leur logique).
Citation:
D'un point de vue hachkafa, comment concevoir que la Torah puisse faire des différences entre un Juif et un Goy sur une action comme le Lachon hara', vectrice de peine et de douleur? En effet, les juifs sont aussi sensibles que les goyims au Lachon hara'. Quelle serait la logique.
Là aussi, il semble que vous vous soyez trompé de destinataire, posez cette question à ceux qui permettent, pas à ceux qui interdisent.
J'écrivais plus haut que le bon sens aussi indique l'interdit, vous ne venez que confirmer mes dires.
Citation:
Si comme vous le suggérez le 'Hafets 'Haim permettait le lashon ara' sur un non juif qui se comporte bien
Je suppose qu'il faut corriger "permettait" en "interdisait" ?
Citation:
pourquoi ne pas le dire explicitement? Il n'y aurait plus lieu de craindre la censure.
Si, on peut toujours imaginer qu'il n'est pas bon de mentionner le simple terme "goy".
Il y a eu bien des sfarim qui ont été brûlés pour la simple mention de ce mot.
à une époque les imprimeurs remplaçaient tous les "goy" par "akoum" car les non juifs ne comprenant pas le sens du texte se contentaient de repérer les trois lettres qui forment le mot "goy" pour soupçonner une médisance de la part des juifs et décrétaient donc l'autodafé.
Il est même arrivé que des imprimeurs aient été réduits à imprimer "mi keam'ha israel AKOUM é'had baarets" alors que le mot "goy" se rapporte ici aux juifs!
Citation:
comment expliquez-vous que la plupart des Rabanims (francophones en l'occurrence) soient mekilims sur cette question, en se contentant de dire que" 'amitekha" exclue nécessairement les goyims?
C'est en effet très difficile de répondre, d'où le saurais-je?
Je ne sais pas qui sont ces "rabanim francophones", mais je sais que quelques personnes répondant à ce titre sont légèrement racistes.
Il y a parfois chez certains une mauvaise compréhension des textes qui leur permet de ressentir un "dégoût" du non juif, le goy devient une sorte d'abomination qui représente à leur yeux tous les vices.
C'est malheureux, surtout pour des juifs qui ont pourtant tellement souffert de ces amalgames [entre un (ou quelques) représentant(s) d'un peuple et tout le peuple].
D'autant que la Thora nous met explicitement en garde contre de tels sentiments.
Hélas, la bêtise humaine a rapidement raison du bon sens et d'un interdit explicite de la Thora qui nous enjoint de ne pas avoir le goy en abomination.
Il a beaucoup à dire sur le sujet, mais il y a trop de questions sur Techouvot pour que je me permette d'allonger ma réponse.
Peut-être cela fera l'objet d'un de mes prochains shiourim au Centre Alef.
Citation:
Je sais que vous n'êtes pas le mieux placé pour répondre à cette question et qu'il eu mieux valu la poser à ces Rabanims directement. Si je vous la pose néanmoins, c'est justement parce, j'ai déjà posé ces questions (en particulier les questions 2 et 5 du présent post) et que je n'ai pas obtenu de réponses
Si ceux qui permettent le lashon ara sur un goy ne sont pas capables de répondre et d'expliquer comment cela peut coller à l'esprit de la Thora, comment moi qui considère que c'est interdit pourrais-je justifier cette permission?
Tout ce que je peux dire c'est qu'il y a une mauvaise compréhension d'un contexte historique qui joue probablement pas mal dans cette affaire.
Il est une réalité historique que le judaïsme qui a formé la Thora des a'haronim a baigné dans une ambiance profondément antisémite et les goyim que côtoyaient les millions de juifs polonais, n'étaient généralement que des paysans ivrognes dont la foi et l'assiduité à l'église ne faisait qu'aggraver leurs sentiments racistes.
Ces goyim n'avaient rien à voir avec les goyim que nous pouvons rencontrer de nos jours et surtout en France.
Les goyim français au XVIIIème siècle étaient aussi assez souvent antisémites, mais au moins ils avaient un certain savoir vivre.
Il est probable que ceux des campagnes étaient moins instruits que ceux des villes, mais la folie chrétienne s'était déjà bien calmée en France par rapport à d'autres pays d'Europe de l'Est.
Depuis le XIXème siècle, il y a eu un progrès à ce niveau, pour aboutir au début du XXème siècle à un léger rejet des doctrines antisémites de l'église suite à l'affaire Dreyfus (en France).
C'est l'époque de la séparation de l'Eglise et l'Etat.
Le mouvement était bien amorcé en France depuis la Révolution, même dans le monde ecclésiastique, avec l'abbé Grégoire par exemple.
Mais au XVIIème et XVIIIème siècle, dans les campagnes d'Europe de l'Est, ce n'était pas brillant...
Ce qui fait que dans les sfarim de l'époque on ressent parfois un mépris des goyim qui n'avaient aucun savoir vivre, qui "rossaient ou tuaient du juif" sans trop de raison et sans avoir à se justifier.
Voilà ce qui a semé cette graine de racisme dans nos rangs.
Certains lecteurs dépourvus de sens critiques sont tombés sur ces textes et n'ont pas sur les remettre dans leur contexte, celui d'une Europe antisémite et barbare, parsemées de pogroms, de bûchers et de crimes abominables...
Il est vrai que lorsqu'on lit tous les crimes des chrétiens européens durant le dernier millénaire, on se demande si on a affaire à des êtres humains.
Mais la cruauté et la bestialité de leurs ancêtres et de leurs papes ne sauraient les condamner s'ils abandonnent ce chemin et ne suivent pas l'exemple de leurs pères.
Et il n'y a pas l'ombre d'un doute qu'il y a et qu'il y a eu parmi les chrétiens de grands tsadikim qui ont droit au monde futur pour leur tsidkout et leur 'hassidout.
Citation:
On m'a donné la référence suivante: Rav Silver, Michpatei Hachalom, ch. 19, par. 28. ...
qui est ce Rav? Est-ce un possek ou un compilateur? Quelles sont ses références et ses arguments? Ou peut-on trouver le livre? est-il facilement accessible?
La référence n'est pas juste, c'est
§19, 25 (et non 28).
Je ne connais pas l'auteur, ce n'est qu'un compilateur, pas particulièrement connu.
Il écrit lui-même en page de garde que son livre a été écrit "bedére'h limoud" et n'est pas un psak ala'ha et que pour obtenir la ala'ha il faudra approfondir les sources et consulter un 'ha'ham.
A l'endroit pointé, il ne fait que dire que c'est permis de raconter du lashon ara sur un goy (sauf en cas de 'hilloul hashem !) et dans les notes de bas de page qui sont supposées citer les sources, aucune indication, ni aucune source sur ce point.
Il me semble évident que l'auteur se soit dit qu'un goy est encore moins "de ton peuple" qu'un apikoros.
Bref, il n'a aucun nouvel argument qui puisse vous manquer sur ce point.
De manière générale, pour un auteur israélien, il aurait été assez surprenant qu'il se positionne différemment.