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Aimer les Talmidei 'Hakhamim

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OAPerez
Messages: 349
Chalom Rav.

J'ai remarqué qu'il y a des Talmidei 'Hakhamim, y compris des Gdolim, qui n'éprouvent pas de sentiment particulier de respect ou d'amitié envers d'autres personnes, jusqu'à ce qu'ils découvrent que ces personnes sont en faites des Talmidei 'Hakhamim qui sont particulièrement grands en Torah.

Personnellement, quand je pense à cela, j'ai un peu l'impression que ce qui intéresse les Talmidei 'Hakhamim de manière générale - y compris des Gdolim - chez les autres gens, c'est leurs connaissances en Torah, et sinon, ces gens-là ne les intéressent pas tant que ça.
Pourtant, les 'Hazal nous enseignent que l'une des qualités requises pour obtenir le Kéter Torah, c'est le fait « d'aimer les créatures » (Pirkei Avot VI, 6).
C'est également l'un des traits de caractère que l'on retrouve chez celui qui étudie la Torah de manière désintéressée (ad loc. 1).

Je comprends que l'on puisse aimer quelqu'un parce que c'est un Talmid 'Hakham, plus que quelqu'un d'ordinaire. Mais ce qui me dérange à ce sujet, c'est que j'ai le sentiment que cette attitude n'est pas quelque chose qui correspond au Émet.
Je veux dire par là que le fait d'aimer quelqu'un pour ses qualités (intelligence, gentillesse, etc.), c'est une chose, aimer quelqu'un parce qu'on lui donne de l'importance au même titre que tout individu (bien sûr, pas des Récha'im et compagnie) un peu comme nous le disent les 'Hazal (Pirkei Avot IV, 3), c'est aussi une chose.
Mais le fait d'avoir des sentiments pour quelqu'un parce qu'il est Talmid 'Hakham, sans quoi on ne le considère pas ou pas tellement, je ne crois pas que c'est ce que D. veut de nous.
Et si on retrouve aussi ce genre de comportement chez des Talmidei 'Hakhamim, et peut-être aussi chez des Gdolim, alors ça me dérangerait beaucoup.

Comment donc comprendre ce genre de comportement ?
Est-il justifié, valable ?
Est-ce que D. attend de nous que nous nous comportions comme cela, c'est-à-dire qu'il ne faut aimer quelqu'un qu'à condition qu'il soit « proche de D. » par le fait qu'il ait de grandes et solides connaissances en Torah, et sans quoi il n'y a pas vraiment à le considérer ?

Est-ce qu'il y a un rapport avec le principe qui dit : « אהבה, זה שיווי הרצונות » ?
(Désolé, je ne sais plus qui dit quelque chose comme ça, il me semble que c'est le Ram'hal ou le Maharal).


Je précise que mon ressenti peut être erroné, ou qu'il y a aussi d'autres choses qui entrent en jeu et que j'ignore, mais je préfère dire les choses telles que je les ressens, sans vouloir critiquer ou mépriser les Talmidei 'Hakhamim ou les Gdolim, mais c'est pour être sûr de bien poser mes questions.


Merci d'avance pour votre retour.
Kol Touv.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Citation:
J'ai remarqué qu'il y a des Talmidei 'Hakhamim, y compris des Gdolim, qui n'éprouvent pas de sentiment particulier de respect ou d'amitié envers d'autres personnes, jusqu'à ce qu'ils découvrent que ces personnes sont en faites des Talmidei 'Hakhamim qui sont particulièrement grands en Torah.
Personnellement, quand je pense à cela, j'ai un peu l'impression que ce qui intéresse les Talmidei 'Hakhamim de manière générale - y compris des Gdolim - chez les autres gens, c'est leurs connaissances en Torah, et sinon, ces gens-là ne les intéressent pas tant que ça.
Pourtant, les 'Hazal nous enseignent que l'une des qualités requises pour obtenir le Kéter Torah, c'est le fait « d'aimer les créatures » (Pirkei Avot VI, 6).
C'est également l'un des traits de caractère que l'on retrouve chez celui qui étudie la Torah de manière désintéressée (ad loc. 1).
Je comprends que l'on puisse aimer quelqu'un parce que c'est un Talmid 'Hakham, plus que quelqu'un d'ordinaire. Mais ce qui me dérange à ce sujet, c'est que j'ai le sentiment que cette attitude n'est pas quelque chose qui correspond au Émet.
Je veux dire par là que le fait d'aimer quelqu'un pour ses qualités (intelligence, gentillesse, etc.), c'est une chose, aimer quelqu'un parce qu'on lui donne de l'importance au même titre que tout individu (bien sûr, pas des Récha'im et compagnie) un peu comme nous le disent les 'Hazal (Pirkei Avot IV, 3), c'est aussi une chose.
Mais le fait d'avoir des sentiments pour quelqu'un parce qu'il est Talmid 'Hakham, sans quoi on ne le considère pas ou pas tellement, je ne crois pas que c'est ce que D. veut de nous.
Et si on retrouve aussi ce genre de comportement chez des Talmidei 'Hakhamim, et peut-être aussi chez des Gdolim, alors ça me dérangerait beaucoup.
Comment donc comprendre ce genre de comportement ?
Est-il justifié, valable ?
Est-ce que D. attend de nous que nous nous comportions comme cela, c'est-à-dire qu'il ne faut aimer quelqu'un qu'à condition qu'il soit « proche de D. » par le fait qu'il ait de grandes et solides connaissances en Torah, et sans quoi il n'y a pas vraiment à le considérer ?
Est-ce qu'il y a un rapport avec le principe qui dit : « אהבה, זה שיווי הרצונות » ?
(Désolé, je ne sais plus qui dit quelque chose comme ça, il me semble que c'est le Ram'hal ou le Maharal).
Je précise que mon ressenti peut être erroné, ou qu'il y a aussi d'autres choses qui entrent en jeu et que j'ignore, mais je préfère dire les choses telles que je les ressens, sans vouloir critiquer ou mépriser les Talmidei 'Hakhamim ou les Gdolim, mais c'est pour être sûr de bien poser mes questions.


Peut-être que ce « décalage » que vous avez remarqué ne signifie pas que ces Rabanim « n’aiment pas » les Amei Haarets, mais simplement qu’ils aiment plus les Talmidei ‘hakhamim? Et si c’est le cas, il n’y a là rien d’anormal ni de répréhensible.

La question qu’il faut se poser c’est si ces Rabanim aiment les Amei Haarets MOINS que ce que les autres juifs les aiment.
S’ils les aiment autant (que ce que les autres juifs aiment les Amei Haarets), le fait qu’ils aiment encore plus les Talmidei ‘Hakhamim est parfaitement normal et louable.

Et si ce n’est pas le cas, si vous parlez de rabanim qui n’aiment absolument pas les autres juifs (quand bien même Baalei Midot Tovot) tant qu’ils ne sont pas des Talmidei ‘Hakhamim, alors oui, il y a un problème chez ces Rabanim.

Je pense que la majorité des rabanim n’aiment pas uniquement les Talmidei ‘Hakhamim, ils aiment tous les juifs, et surtout ceux qui ont de bonnes Midot.

Il doit bien y avoir des Rabanim qui n’aiment personne, mais généralement les Rabanim atteints par ce syndrome n’aiment pas non plus les Talmidei ‘Hakhamim ! du moins tant qu’ils ne leur sont pas inféodés, à leurs ordres. Concrètement ils méprisent la majorité des Talmidei ‘Hakhamim.

C’est une maladie de l’âme, elle n’est pas difficile à déceler ni à diagnostiquer, ça saute aux yeux et aux oreilles dès qu’on parle un peu librement avec le patient concerné.
Généralement, ça donne ceci : tous les Talmidei ‘Hakhamim/Rabanim qui ne pensent pas EXACTEMENT comme lui sur absolument tous les points de Hashkafa, se répartissent en deux groupes : Les crétins et les Apikorsim.
Les premiers étant ceux qu’il catégorise comme moins intelligents que lui.
Les seconds se voient taxés d’hérésie car ils osent penser autrement que lui alors qu’il est le seul détenteur du Emet absolu.

C’est une pathologie qui ne se soigne pas vraiment, seul le patient peut se guérir (à force de Moussar) mais comme il n’estime pas être malade, il ne le fait pas.

Le Netsiv (Pti’ha de Bereshit) décèle des traces de cette infection il y a 2000 ans, lorsqu’il pointe le mal qui rongeait la Torah à l’époque qui a amené à la destruction du second Temple, en expliquant qu’il y avait des TSADIKIM et Talmidei ‘Hakhamim, qui pratiquaient et respectaient donc les Mitsvot et étudiaient la Torah avec Amal et Hatmada, mais leur problème était qu’ils considéraient comme Min et Apikoros tout autre n’ayant pas exactement les mêmes Hashkafot qu’eux.

Le Netsiv explique qu’ils restent des Talmidei ‘Hakhamim et qu’on peut aussi les appeler des « Tsadikim » eu égard à leur grande Avodat Hashem, seulement « Hakadosh Baroukh Hou ne SUPPORTE PAS ce genre de Tsadikim ».

Deux millénaires se sont écoulés, nous ne sommes toujours pas sortis de la Galout, ni de cette dérive qui en est responsable, puisqu’il y a encore des Rabanim qui haïssent et critiquent quasiment tout le monde, et même les Ovdei Hashem, pour peu qu’ils aient des Hashkafot très légèrement différentes des leurs.

L’ennui avec ces rabbins c’est qu’ils sont sûrs d’avoir raison, on ne peut pas les raisonner.
Il ne nous reste qu’à prier pour qu’ils gagnent un peu en maturité avec l’âge et se remettent légèrement en question.

D’un autre côté, il est important d’éduquer nos enfants et leur inculquer la Mida de tolérance et d’acceptation d’autrui [Précision pour ceux qui en ont besoin : ça ne veut pas dire qu’il faille tolérer tout et n’importe quoi, je parle de tolérer un autre Talmid ‘Hakham qui a une autre Massoret et des Hashkafot différentes mais qui s’inscrit toujours dans l’enseignement de Tsadikim reconnus].

On m’a indiqué que Rav Reem HaCohen a dit dans un cours récent à propos de Rav Shmouel Rozowsky que lorsqu’il voulut expliquer ce qu’est le Bitoul ‘Hamets, il aurait dit qu’il faut être Mevatel le ‘hamets Belev Gamour (~de tout son cœur et de toute son âme), comme lorsqu’un Talmid ‘Hakham est Mevatel un autre Talmid ‘Hakham.
כשהוא רצה להסביר מה זה ביטול חמץ הוא אמר כמו שתלמיד חכם אחד מבטל את השני בלב גמור כך צריך לבטל את החמץ

Cette boutade est bien placée et en dit long.

Voyez encore ce que j’ai écrit ici :
https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=57758#57758
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