C'est un ouvrage collectif, basé sur les enseignements de Rabbi Shimon bar Yo'haï (alias Rashbi), puis sur celui d'autres rabbins parmi ses élèves.
Il comporte toutefois indéniablement des ajouts tardifs de rabbins de l'époque des Rishonim (Moyen-Âge) comme l'affirment énormément de rabanim renseignés et le prouvent certains (le plus connu pour cela étant le Yaabets dans son Mitpa'hat Sfarim où il indique 281 preuves à l'ajout de passages dans le Zohar).
De très nombreux rabbins ou kabbalistes se sont opposés au Yaabets, mais l'analyse de leurs arguments démontre clairement qu'ils n'ont pas trouvé réponse à tout.
Il y a des chercheurs comme G. Scholem, Zunz, Gräetz et Tishby qui affirment que ce livre n'a rien à voir avec Rashbi, voire que la totalité de l'ouvrage serait de la plume de R. Moshé de Léon (rabbin du XIIIème s.) ou encore de ses collègues, mais leurs preuves sont contestables et ils ne tiennent pas compte de certains éléments.
Je sais que de nos jours il n'est pas politiquement correct dans les milieux religieux de mentionner ce Yaabets (bien qu'il ait été plus que soutenu sur ce point par le 'Hatam Sofer), mais comme je ne présente pas ma candidature, entre la politique et la vérité, je donne ma préférence à cette dernière.
Un rabbin israélien (qui se croit investi du devoir de faire régner ses idées jusqu'en France) m'a vivement critiqué auprès des élèves de sa yeshiva à ce sujet il y a quelques années (car j'avais donné un shiour sur les shitot des rabanim qui n'attribuaient pas la paternité du Zohar exclusivement à Rashbi et il avait apparement entendu/compris/voulu comprendre que j'y disais que le Zohar n'avait rien à voir avec Rashbi), je lui ai répondu par écrit que je déplorais son attitude lâche et irresponsable, puisque nous étions en bons termes jusque là et entretenions une amitié, il savait où me trouver et aurait pu commencer par me contacter avant de répandre à mon sujet des médisances et autres calomnies, il se serait vite rendu compte que tout ce que j’ai pu dire l’avait été par le Yaabets, le ‘Hatam Sofer et autres tsadikim incontestés que j’ai cités nommément et en indiquant systématiquement les références de leurs dires, de telles sortes que ses accusations impliquaient plutôt ces tsadikim que moi.
Il a refusé de me répondre alors que je l’y invitais poliment et gentiment, mais j’ai su par un de ses élèves qu’il aurait reconnu –suite à mon courrier- s’être "éventuellement" trompé à mon sujet.
Bien déplorable, car en attendant son motsi shem ra n’a pas été contrecarré comme il se le doit.
Mais j’y vois bien la névrose israélienne autour de ce sujet, j’ai entendu dire au nom de grands rabanim que « celui qui ne croirait que Rashbi est l’auteur de la totalité du Zohar serait un apikoros et ne compterait pas pour minian ».
Je ne peux croire de telles affirmations.
Il y a des preuves évidentes par dizaines que c’est absolument impossible, seul un fou (ou celui qui n'a jamais lu le Zohar) pourrait tenir une telle position.
Mais je sais que dans la Hakdama du Shaar Hahakdamot (3a) de R. ‘Haim Vital , il est dit clairement que Rashbi est l’auteur de la totalité du Zohar –à la lettre près- et qu’il ne faut pas trouver cela difficile en raison des nombreux rabbins Amoraïm cités dans le Zohar (qui vivaient plus d’un siècle après Rashbi), car il est "évident" que Rashbi voyant par Roua’h hakodesh toutes les Neshamot futures, savait même exactement ce que chacun allait dire et il a donc pu inscrire dans le Zohar à l'avance ce que chacun allait dire (dans les siècles suivants) « mot-à-mot » !
(sans commentaire, car ça serait trop long)
Je refuse de croire que R. ‘Haim Vital ait écrit pareille absurdité, c’est absolument insensé et cela semble contradictoire au principe de foi qu’est le libre arbitre.
Aucun doute : c’est faux.
Rabbi Moshé ‘Haguiz écrit dans une lettre publiée dans le Torat Hakenaot du Yaabets (p.224 de la nouvelle édition) au sujet d’un rabbin qui aurait écrit que tout le Zohar serait de Rashbi « cette idée est un mensonge connu » (vedavar zé shéker mefoursam).
[il se trouve que ledit rabbin –le Ram’hal- n’a PAS écrit cela dans le texte incriminé.]
(Voir encore ce qu’il écrit dans son Mishnat ‘Hakhamim §329, 332 et 334).
Le Yaabets lui-même n’en pense pas moins et cite des auteurs pour qui il y a des ajouts tardifs dans le Zohar.
Et vue la quantité de passages ajoutés et falsifiés dans les écrits kabbalistiques au nom du Arizal, notamment dans ceux du Mahar’hou
[voir par exemple
Rav Ovadia Yossef dans Ye’havé Daat (V, §35) qui écrit qu’on ne peut pas faire confiance au Pri Ets ‘Haim car il comporte plusieurs passages étonnants] [voir aussi le
Gaon de Vilna pour qui des disciples de Shabtaï Tsvi auraient ajouté des passages dans les écrits du Arizal –cf. ROY dans Yabia Omer (II, Y’’D §20, 11) et R. Méir Mazouz dans Shout Beit Nééman (I, §4, p.21)] [voir encore beaucoup d’auteurs pour qui il y a des ajouts et falsifications dans les écrits du Arizal, par exemple le
Divrei ‘Haim de Tsanz et le Satmar Rouv dans Shout Divrei Yoel (I, §139), le
Noda Biyehouda (drashot –cf. Yeshouroun XXII, p.602) ,
R. Yossef Irgas (2nde Hakdama du Shomer Emounim),
R. Eizik ‘Haver (Maguen Vetsina 4b),
‘Hida (Shiyourei Brakha Y’’D §89, 6),
R. ‘Haim de Volozhin au nom du Gaon (voir Yeshouroun XXII, p.600) et encore beaucoup d’autres],
je pense raisonnable de voir ce passage de la Hakdama du Shaar Hahakdamot (3a) comme une falsification due aux disciples de Shabtaï Tsvi –ou brigands mystiques similaires.
Ainsi au moins, le Kavod du Mahar’hou est sauf.
Il y aurait encore beaucoup à dire, mais je considère avoir répondu à votre question, donc je m'arrête-là.