Le Tanakh contient deux textes presque identiques, constitués par le cantique que David adressa à Hachem « le jour où Il l’eut délivré de la main de tous ses ennemis et de la main de Saül ».
La première de ces deux versions est contenue dans le second livre de Samuel (chapitre 22), et elle se termine, au verset 51, par les mots : « Donjon (migdol) des saluts de Son roi, qui comble de bienfaits Son oint, David et Sa postérité à jamais. »
La seconde version est celle du livre des Psaumes (chapitre 18), et elle se termine par la verset : « Qui agrandis (magdil) les saluts de Son roi, qui comble de bienfaits Son oint, David et Sa postérité à jamais. »
A noter toutefois que le mot migdol dans le livre de Samuel est écrit magdil, avec un yod, et on le lit comme s’il avait un waw (keri ketiv).
Le verset de Samuel est récité le Chabbath ainsi que tous les jours où l’on récite la prière de Moussaf, et celui des Psaumes les jours de semaine.
Il existe un moyen mnémotechnique de se souvenir de la différence entre magdil et migdol : bechab (c’est-à-dire « dans Chemouel ») correspond à bechab (c’est-à-dire « dans Chabbath »).
Quant aux raisons de cette différence, j’en citerai ici deux :
1. Une raison apologétique a été proposée par le Rogatchover rebbe : Il a été interdit d’étudier des passages des Psaumes pendant Chabbath, étant donné que leur approfondissement, par l’attraction qu'ils exercent sur le public, risquait de le détourner de l’étude de la halakha. C’est pour marquer symboliquement cette obligation de se détourner de ceux-ci que l’on emploie ce jour-là le mot migdol.
2. Contrairement au mot magdil, qui suggère une action en cours, celle d’agrandir, celui de migdol renvoie à une idée d’achèvement. Magdil s’applique au temps présent, celui où nous devons travailler à réaliser ce qui n’est encore qu’un idéal. Migdol, en revanche, signifie que cet ouvrage est désormais achevé, et il renvoie à l’idée, souvent évoquée dans notre liturgie, que le Chabbath donne un avant-goût du monde à venir.