Citation:
Est-il permis d'etudier la philosophie, non juive en l'occurence, pour ainsi mieux comprendre celle juive ?
Une fois qu’on a étudié la Torah, oui.
C-à-d qu’il faut d’abord se « remplir » de Talmud et décisionnaires, avant d’aller visiter les philosophes.
Et ce pour deux raisons :
a) Afin de mieux connaitre le judaïsme directement depuis ses sources, et ne pas en avoir une vue biaisée par des lectures profanes dès le départ.
b) Car il y a une obligation halakhique d’étudier la Torah (orale et écrite), il serait incongru de délaisser cette obligation d’étude pour aller étudier la philosophie. (Cf.
Mena'hot 99b)
Sans cela, de manière générale, lorsqu’on se dit qu’on veut étudier la philosophie non juive pour mieux comprendre la philosophie juive (~= la théologie), si la motivation est de connaitre la philosophie juive, il vaut mieux pour cela commencer par étudier… la philosophie juive !
Il y a beaucoup de textes et Sfarim qui valent le détour, celui qui ressent le besoin d'une réflexion approfondie peut y trouver une matière conséquente.
(et si dans le cadre de cette étude, on est amené à picorer un peu chez les philosophes non-juifs pour comparer leurs réflexions, ça passe. De toute manière, les philosophes juifs médiévaux n'ont de cesse de se baser sur des philosophes non-juifs aussi.)
Après, il faut comprendre que "dans l'absolu", il n'y a pas de philosophie juive ou non-juive. L'art de raisonner est humain, seuls les thèmes et les orientations peuvent varier.
Lorsqu'on parle de philosophie non-juive, il s'agit en fait de
thèmes non-juifs
(c-à-d qui n'apportent pas vraiment d'éclaircissements directs concernant le judaïsme), ou alors de réflexions orientées par des objectifs et intérêts éloignés du judaïsme.
Citation:
Quelles seraient les craintes et les limites à cette étude ?
Pourquoi certains rabbanim interdisent la lecture de certains livres, censurent certains livres ? Si l'ideologie et la pensée qu'ils pronent est la vraie verité, de quoi ont-ils peur ??
Ça ne marche pas comme ça. Ils n’ont pas peur pour ceux qui connaissent la Torah, ils ont peur pour les petits enfants que nous pouvons rester jusqu’à 77 ans en matière de connaissance de la Torah.
La crainte existe tant qu’on ne connait pas "parfaitement" la Torah, et comme il est assez rare de la connaitre "parfaitement", il est normal que certains rabbins craignent que ces lectures puissent déstabiliser la Yirat Shamayim de l’inculte.
Nous trouvons aussi des gens bien renseignés en Torah qui étudient la philosophie avant de s'être remplis de Torah, et souvent, malheureusement, ils fautent par Gaava (orgueil) et s'égarent
via leurs études profanes, mais
à cause de leur Gaava.
Il y a à part cela des opposants fermes à la philosophie, qui considèrent que c’est du Sheker, une science démoniaque à bannir, peu importe l'âge, les connaissances en Torah ou les Midot. Pour eux c'est à fuir un point c'est tout. On ne peut pas dire que ce soit "la halakha". Tout d'abord il n'y a pas vraiment de "Halakha" dans ce domaine, et surtout: une bonne partie des Rishonim ne pensaient pas comme eux. On ne peut pas aisément envoyer valser les Rishonim...
Celui qui a étudié beaucoup de Torah, qui travaille aussi ses Midot et particulièrement la Anava, s'il étudie la philosophie Leshem Shamayim, il met les chances de son côté pour ne pas être impacté négativement par cette étude, mais au contraire construit et élevé.
Rares sont ceux qui, n'ayant pas étudié assez de Torah avant de se lancer en philosophie, reconnaitront que c'est nocif pour la Yirat Shamayim.
Pourtant, ces personnes pourront constater par elles-mêmes avec un minimum d'honnêteté intellectuelle, si elles sont devenues plus pieuses DEPUIS qu'elles ont étudié la philosophie, ou pas spécialement...
Voilà pourquoi de nombreux rabbins interdisent ces études.
Mais même les autres, ceux qui parmi les Rishonim sont "pour", ceux qui ont effectivement étudié eux-mêmes la philosophie, pensent qu’il faut d’abord faire le plein de Torah.
Au début du XIVème siècle, le Rashba avait émis un ‘Hérem à l'encontre de celui qui étudierait la philosophie avant d’avoir 25 ans et d’avoir étudié le Talmud.
C’est qu’on constatait les dégâts qu’elle causait chez les jeunes étudiants.
Après, vous imaginez de vous-même qu’il y a philosophie et philosophie… (il ne s’agit pas d’interdire toute réflexion philosophique avant d’avoir avalé le Talmud).
Mais il n’en demeure pas moins indispensable de se concentrer sur l’étude de la Torah en premier lieu.
On peut étudier ce qui est nécessaire pour apprendre un métier, avoir un gagne-pain, mais les études « facultatives » ne doivent pas passer devant l’apprentissage de la Torah écrite et orale.