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le prénom Eve et les prénoms qui précèdent Avraham Avinou

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olivier
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Chalom
J'aimerai savoir - compte tenu de l'importance, selon certains, du choix du prénom d'un enfant - si je peux et s'il serait convenable de prenommer ma fille Ève du fait que l'on rappelle souvent sa faute et du fait aussi que j'ai cru entendre qu'il est déconseillé de donner un prénom issu de la période précedant Avraham Avinou.

Merci pour votre réponse.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Citation:
J'aimerai savoir - compte tenu de l'importance, selon certains, du choix du prénom d'un enfant - si je peux et s'il serait convenable de prenommer ma fille Ève du fait que l'on rappelle souvent sa faute et du fait aussi que j'ai cru entendre qu'il est déconseillé de donner un prénom issu de la période précedant Avraham Avinou.


Vous pouvez nommer votre fille Eve, il y a et a eu des rabbaniot et tsadkaniot portant ce prénom sans que cela ne perturbe personne.

Cette idée de ne pas donner un prénom d’une personne qui vivait avant Avraham n’a pas de source assez conséquente pour que l’on en tienne compte.
C’est écrit dans les Tshouvot Hamabit (I, §276) en pointant plus particulièrement les prénoms Adam, Noa’h, Shem et Ever.

Le ‘Hida (Shem Hagdolim 1, Alef, §34) souligne que le caractère insolite d’une telle « loi », lui impose d'avoir une source dans les ‘Hazal ou au moins des Gueonim -et le Mabit n’en dispose pas.

Le Knesset Hagdola (Y’’D §265, sk.8) objecte à partir du rabbin du Talmud « Rabbi Binyamin Bar Yefet ».

En effet, nous trouvons ce nom assez fréquemment,dans le Talmud Bavli :
Brakhot (33a et 38b),
Sanhedrin (7a),
Psa’him (54a),
Shvouot (18b),
Shabbat (53a),
Yoma (29a),
‘Houlin (50b et 52b),
Meguila (16b),
Ktouvot (77a)
.

Et dans le Yeroushalmi :
Brakhot (27b et 43a),
Sanhedrin (2a) et
Psa’him (18 a-b).


On peut aussi ajouter le Midrash :
Bereshit Raba (43, 3) et
Sho’har Tov (22).

La question du Knesset Hagdola n’est pas pour autant si pertinente que cela, car rien ne nous impose de dire que le grand-père de Rabbi Binyamin Bar Yefet -celui qui a nommé son fils Yefet, était une personne avisée.

Le ‘Hida (Birkei Yossef Y’’D §265, sk. 6) aussi pose une question, à partir d’un autre nom, celui du Tana Akavia ben Mehalalel (Mehalalel faisant aussi partie de ces noms précédents Avraham).

Ces deux questions ont été répondues par le Makhshirei Mila en écrivant que rien n’indiquait que les pères respectifs de ces rabbins étaient instruits, or, c’est uniquement s’ils l’étaient que nous serions en droit d’en déduire que leurs propres pères les ayant ainsi nommés n’auraient pas mal agi, car si ces noms n’étaient pas convenables, leurs fils ne seraient pas devenus des érudits.

Le ‘Hida le cite et défend la preuve du Knesset Hagdola en citant le Sefer Yo’hassin qui indique que Rabbi Yefet était un Talmid ‘Hakham lui aussi, contrairement aux dires du Makhshirei Mila.

Il cite aussi le Seder Hadorot qui se demande si le père de Rabbi Binyamin bar Yefet était un érudit puisque le Talmud ne dit pas Rabbi Binyamin berrebi (=bar Rabbi) Yefet.

Mais le ‘Hida souligne le peu de poids de cet argument, en prouvant par R. Eliezer ben Pedat (il faut corriger Elazar au lieu d’Eliezer) dont le père est aussi cité en tant que Rabbi Pedat -sans qu'on ne prenne la peine de nommer le fils Rabbi E. berrebi Pedat.

[le ‘Hida aurait pu citer des exemples beaucoup plus évidents et classiques et même parmi les Tanaïm, comme Rashbag…]


Une des explications pour interdire les prénoms précédant Avraham est que le prénom ayant son influence, on ne donnera pas un prénom d’une personne qui n’aurait pas respecté toute la Torah.
Cet argument devrait nous pousser à ne choisir des prénoms que parmi ceux qui datent (à partir) de Matan Torah, mais comme on dit (Yoma 28b et Kidoushin 82) sur Avraham qu’il a respecté les 613 Mitsvot, on débute depuis Avraham.

Il y a plusieurs difficultés que l’on peut objecter à cette explication.
D’abord, Avraham n’a pas exactement respecté les 613 Mitsvot comme nous le faisons (mais il serait trop long de l’expliquer ici) et ensuite, il n’a jamais été dit sur tous les Tsadikim des générations qui séparent Avraham de Moshé qu’ils respectaient eux aussi les 613 Mitsvot (sur certains, oui, dans les Midrashim, mais pas du tout sur tous) et pourtant, nous utilisons leurs prénoms…

De plus, que dire des Tsadikim qui portaient des noms de Goyim ?
Ces Goyim (qui avaient porté ce prénom avant eux) n’avaient pourtant pas respecté les 613 Mitsvot !
Par exemple les Rabbi Tarfon, Antignos, Soumkhous, etc.
N’est-ce pas pire que Shem ou Noa’h ?

Une explication voisine et qui ferait office de source pour le Mabit, serait dans le Sefer ‘Hassidim, cité par le Haga Mena’hem Tsion (Shem Hag. 1, 4b, note 28) qui s’étonne que le ‘Hida l’ait oublié (et n’y ait pas vu la source du Mabit).

Ce texte dirait qu’on ne donne des prénoms qu’à partir d’Avraham et les suivants, car ils ont étudié la Torah.

L’expression qu’il ramène est (qu’on ne donne des noms que depuis « Avraham » car) « Askou Batorah », il se sont occupé de Torah, ce qui peut vouloir dire qu’ils ont étudié -ou pratiqué.

Je m’étonne de cela, car on nous dit bien que Shem et Ever aussi ont étudié la Torah… (et ils étaient AVANT Avraham).

Le Haga Mena’hem Tsion ne donne pas la référence dans le Sefer ‘Hassidim, et j’ignore où ça se trouve…
(il faudrait utiliser un programme de recherche par ordinateur).

De plus, j’ai du mal à imaginer que R. Y. ‘Hassid ait écrit la phrase qu’il cite en son nom, car nous trouvons dans son testament une contradiction à cela.
Il y écrit (version de Munich §14, ou éd. Otsar Haposkim §73) qu’on ne donnera pas les prénoms Avraham, Its’hak, Yaakov et Moshé.
Or, d’après le Haga Mena’hem Tsion, R.Y. ‘Hassid autorise le prénom Avraham (et les suivants).
(On pourrait distinguer entre ses descendants et les autres, mais ça me semble insuffisant.)


En tout cas, l’habitude est de ne PAS tenir compte de cette « mise en garde » et des prénoms tels que Noa’h et Adam (etc.) sont donnés.

Voir :

Birkei Yossef (Y’’D §265, 6)

Tshouva Meahava (I, §35)

Knesset Hagdola (Y’’D §265, Hag. Hatour 5)

Roua’h ‘Haim (I, Y’’D §265, 24)

Pit’hei Tshouva (Y’’D §265, 6)
et le

Tshouvot Vehanhagot (I, §605) qui autorise explicitement le prénom ‘Hava (Eve).


De plus, dans la mesure où la signification du prénom serait positive, on n’y verra pas de problème, quand bien même ce prénom avait été porté avant l’époque d’Avraham.
Voir Yossef Omets (§11) et aussi Yafé Lalev (III, Y’’D §265, 6) qui écrit la même chose en se basant sur le Bessamim Rosh (§190) autorisant même le prénom d’un Rasha si la signification du prénom est positive.

Concernant l’opposition au prénom Moshé citée plus haut, voyez encore ce que j’ai écrit ici :
http://www.techouvot.com/prenoms_talmudiques-vt8027919.html
au sujet de l’absence de ce prénom parmi les Sages du Talmud.
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