Les Juifs et la Confédération 1861-1865

Quand on pense aux Sudistes, on voit des types en cagoules qui se détendent le weekend en faisant brûler des croix, voire des Noirs quand ils manquent de bois... On les imagine mal prôner la défense des minorités religieuses, culturelles ou ethniques. On ne les sent pas franchement philo-sémites... Et pourtant, cela peut paraître de nos jours paradoxal, mais durant la guerre dite en France « de Sécession » (War Between States dans les États du Sud, Civil War pour l'Union), environ 10.000 juifs ont combattu dans les rangs confédérés de manière toute à fait volontaire et dès le début des hostilités.

Il y eut bien sûr aussi des soldats juifs dans l'armée du l'Union qui firent leur devoir. Les pertes épouvantables de l'armée fédérale (nordiste) étaient compensées par le système de la conscription, par l'enrôlement de volontaires noirs « émancipés » et par le flot des immigrants, souvent de langue allemande, immédiatement enrôlés dès leur sortie des bateaux (le film de 2002 de Martin SCORSESE, Gang of New York, le montre bien).

Pourquoi ? Pour plusieurs raisons. Déjà, parce que l'implantation juive en 1861, avant l'émigration Askénaze massive de la fin du XIXe et jusqu'au milieu du XXe siècle, était très représentée dans les États du Sud (depuis 1695 à Charleston où fut fondée la première synagogue américaine). Un tiers des Juifs américains vivaient alors en Louisiane. Ils défendaient tout simplement leur pays d'adoption, d'autant que ces états étaient beaucoup plus tolérants à leur égard que ceux du Nord.

De même -et on l'oublie souvent- pour l'Union, la question de l'esclavage n'est devenue la cause officielle du conflit qu'au milieu de la guerre. Pour Abraham LINCOLN, qui a tergiversé pendant plusieurs années avant de promulguer la célèbre Déclaration d'émancipation qui donnait une indéniable dimension morale à ce conflit, il s'agissait seulement à l'origine de préserver l'Union.
Aussi, c'est peut être pour défendre leur identité, leur manière de vivre, que de nombreuses ethnies ont combattu dans les rangs confédérés (CSA) (Confederate State Army). L'armée confédérée comportait des unités composées de « Latinos » (33ème Texas Cavalery Rangers), des Catholiques irlandais qui se sont illustrés à Fredericksburg, des Chinois installés en Louisiane, voire même des soldats noirs ! (3000 d'entre-eux auraient même combattus à Shapsburg – Antietam en 1862) (le film de An LEE de 2001, Chevauchée avec le Diable, aborde cet engagement noir dans la Confédération).

Dans l'armée confédérée, ces Johnny Rebs juifs (nom générique de dérision donné par les troupes fédérales aux « rebelles » sudistes) ne subissaient aucune discrimination. Le « Jewish Confederate Chaplain » Joseph GOLDSMITH fit tout son possible pour que les soldats confédérés juifs puissent célébrer les fêtes, dans les limites du service, pour ne pas désorganiser les lignes de front du fait de leur grand nombre.
Le général en chef confédéré Robert E. LEE était lié avec un général confédéré, juif, Abraham MYERS, qui avait été son compagnon de promotion à West Point.
Le Procureur général des États Confédérés d'Amérique, Secrétaire d'État à la Guerre, Judah BENJAMIN tout comme le Chirurgien général de la Confédération, Simon BARUCH étaient juifs. En Louisiane, trois colonels étaient juifs.
Bref, être juif chez les Confédérés ne semble pas avoir posé problème.

Du côté fédéral (nordiste), par contre, ce n'était pas le même son de cloche. Dès novembre 1862, le général Ulysse S. GRANT interdit aux Juifs d'utiliser les chemins de fer dans les zones occupées et multiplia contre eux les restrictions à la pratique du commerce. Les termes « juifs », « profiteurs », « spéculateurs » étaient utilisés indifféremment pour désigner les contrebandiers et les vendeurs au marché noir. Par le General Order Number 11 de décembre 1862, le général GRANT ordonna et fit expulser tous les Juifs du Kentucky, du Tennessee et du Mississipi. Ceux qui tentaient de rentrer chez eux furent emprisonnés.

Que reste-t-il de nos jours de ces confédérés juifs ?

Les Juifs qui ont parmi leurs ancêtres des soldats confédérés n'en font paraît-il pas étalage. En effet, l'historiographie étant toujours rédigée par les vainqueurs, la cause du vaincu confédéré a été fortement diabolisée (l'excellent ouvrage de Dominique VENNER, Gettysburg, éditions du Rocher, 1995, montre combien la réalité de ce conflit est loin de la vision moralisatrice des westerns proprets des années 50). La question de l'esclavage qui constitue le pivot de cette historiographie n'est pas de nature à glorifier les défenseurs de cette cause moralement très contestable. L'exécution de 300 prisonniers noirs qui s'étaient rendus ordonnée par le général confédéré Nathan B. FORREST à Fort PILLOW en 1864, les conditions de détention sordides dans la prison d'Andersonville, les meurtres de Noirs par le Ku-Klux Klan après la guerre agissent comme autant de repoussoirs.

Dans l'ancienne capitale de la Confédération, à Richemond en Virginie (Shockoe Hill), il existe un Hebrew Confederate Cemetery entretenu par la communauté Beth Ahabah.

La plaque commémorative indique :

TO THE GLORY OF GOD AND IN MEMORY OF THE HEBREW CONFEDERATE SOLDIERS RESTING IN THIS HALLOWED SPOT

ERECTED BY HEBREW LADIES MEMORIAL ASSOC. RICHMOND, VA. ORGANIZED 1866.

Suivent une liste de soldats confédérés juifs qui y sont enterrés, et une liste de soldats tués au combat et dont les corps n'ont pas été retrouvés. Ce cimetière est le seul cimetière militaire juif au monde hors d'Israël.

Bonjour Pat
cette histoire de cimetières militaires juifs est vraiment très intéressante. A titre anecdotique et dans la rubrique jeux de plage, je me permets de signaler l'existence d'un troisième cimetière militaire juif qui ne contient certes qu'un seul guerrier, mais, de taille : Moïse votre Maître, qu'il soit béni.

Pour accéder à ce lieu il convient de disposer de deux clés et il convient aussi de les bien disposer.
Je vous en propose une, à vous de voir pour l'autre, mais l'une et l'autre sont comme un gant que l'on retourne et de plus chacune ouvre et ferme en même temps.

En bon roumi de chez goy, la clé que je vous propose est « égyptienne ».
Rassurer vous je ne vais pas y passer deux cent dix ans, douze minutes suffiront amplement.
Première approche. Un petit effort d'imagination.
Imaginez donc un érudit « égyptien », maîtrisant après des années d'études et surtout grâce à D.ieu, l'ensemble des hiéroglyphes ainsi que leurs systèmes combinatoires.
Ce brave homme est confortablement installé chez lui, sur son canapé, et voit devant lui divers objets et animaux, par exemple ici un serpent, là une oie, là encore une plume d'autruche, là du miel, là du lait, là du vin, là un pain ; bref un peu tout et/ou n'importe quoi.
Alors que voit donc ce brave homme ? Réponse : du texte.
Un texte. De multiples textes. Du texte vivant, en mouvement ou/et statique. Voyez les hiéroglyphes et imaginez que vous soyez en présence de ce qu'ils représentent et vous vous ferez une petite idée de l'affaire dont je vous parle.
Ce texte vivant, c'est un fragment du Noun, de ce fragment se devine ce qu'est le Noun, je parle bien sur, du Noun d' Egypte, celui d'où sortent grenouilles et Pharaon.
A propos, ce dernier, ne doit il pas être le plus éminent érudit d' Egypte ?
Érudit à tel point qu'il faudrait se demander si même lorsqu'il lui arrive de se regarder dans un miroir, il peut voir autre chose qu'une lettre, des lettres. Certes des lettres en nombre plus restreint que l'ensemble des hiéroglyphes, mais des lettres inscrites sur son corps et ce corps lui même comme une lettre.

Deuxième approche.
L'Egypte c'est lourd, matière inerte. Soit.
Prenez donc des blocs de matière inerte et faites en un carré, puis au dessus encore un autre plus petit, puis encore un autre au dessus, de plus en plus petit.
Vous avez construit quoi ? Vous connaissez la réponse ? Vous brûlez ? Voici :
Une échelle, ou des escaliers, c'est très pratique pour monter ou pour descendre, selon quatre directions. Au sommet si vous n'avez rien d'autre à faire vous pouvez placer un résumé de l'ensemble en électrum, vu que de l'électrum l'on de sait pas trop quoi en faire et que ma foi c'est bien joli là haut et bien brillant. Et dedans vous mettez quoi ?
Du texte vivant, du texte vivant même mort !
Maintenant vous prenez la première et la deuxième approche et vous les baladez avec vous dans l'espace et le temps, ici, là, maintenant, avant, après et voyez, à vous de voir.
Bien sur j'ai fait "résumé" , mais si vous voulez objecter, n'hésitez pas, j'écoute. Je veux bien y passer dix mille ans. Soyez assuré que je peux sans difficulté être beaucoup, beaucoup, beaucoup plus explicite et acharné à défendre ce morceau becs et ongles, comme un chien défend son os, ou un vautour ses petits.
D'un point de vue pratique il serait souhaitable que les objections ne relèvent ni d'une volonté de me réduire au silence, ni d'une volonté de m'entortiller, seule admise la volonté de rechercher sincèrement la vérité à tout prix. Que soient réduits en poussières les os de qui ne se tiendrait pas à cela .

Voilà à vous de jouer, mais attention aux yeux, ce n'est qu'un jeu de plage, n'allez pas y laisser votre peau ou y perdre la tête, prudence ça décape et ça décapite.
Vous pouvez boire et mangez mais n'ayez pas vos yeux plus gros que mon ventre, à chacun sa part.
Voilà si avec ça vous ne parvenez pas à trouver l'autre clé, et à voir le Mont Nebo (noun beit), je me fais Pape, ou enfant de chœur voir même bonne sœur, ou strapontin.
Et si vous voyez, alors, comme je le disais il y a bien trois cimetières et le plus petit est le plus grand.

Cher M. « BLUXOR »,

merci de l'intérêt que vous portez à cette petite communication. Si durant cet été vous recherchez des activités culturelles historiques insolites et que vous habitez dans la Région Parisienne (cela peut aussi s'adresser à d'autres personnes fréquentant ce forum), j'ai un petit jeu de piste pour vous.

En effet, le confédéré juif le plus célèbre, Judah BENJAMIN (1811-1884), est enterré au Cimetière du Père Lachaise à Paris. Son histoire est vraiment étonnante. Né dans une colonie anglaise, il était juriste de formation. Malgré les réticences antisémites dont il fut l'objet, il parvint à des postes de responsabilités politiques importantes avant la Guerre Civile. En 1861, il suivit le Président des États Confédérés d'Amérique, Jefferson DAVIS avec lequel il s'était lié d'amitié dans des circonstances inhabituelles. En effet, en 1853, Jefferson DAVIS alors sénateur du Mississipi, l'avait insulté au Sénat. Un duel qui n'eut pas lieu devait les opposer. Les deux hommes parvinrent à s'apprécier après que Jefferson DAVIS présentât ses excuses à Judah BENJAMIN.

Durant la guerre, Judah BENJAMIN cumula les postes de Procureur Général de la Confédération, Secrétaire d'État à la Guerre et Secrétaire d'État. Il fit preuve d'une grande fidélité puisqu'il participa quasiment jusqu'au bout au travaux du gouvernement confédéré, même après la défaite militaire. Son effigie figure sur un projet de billet de banque confédéré de 2 dollars CSA.
Sa gestion des affaires faisait preuve d'un grand pragmatisme et il tenta jusqu'au bout de convaincre la Grande Bretagne d'intervenir dans le conflit aux côtés des États Confédérés d'Amérique.
Au regard de la question de l'esclavage, dès 1850, il avait revendu la plantation et les 150 esclaves qu'il détenait de sa femme. Durant la guerre, il tenta de faire accepter l'idée qu'il fallait accorder la liberté à tous les Noirs qui se battraient dans l'armée confédérée. Cette proposition qui était soutenue par le général LEE, ne fut acceptée qu'en mars1865, bien trop tard donc, du fait de la vive opposition qu'elle suscitait de la part des plus riches planteurs.

Après la guerre, craignant d'être impliqué dans un procès inéquitable suite à l'assassinat du président Abraham LINCOLN, il s'exila en Grande Bretagne où il exerça la profession d'avocat et devint Conseiller de la reine VICTORIA. Fidèle en amitié, il soutint financièrement l'épouse et la famille du Président Jefferson DAVIS déchut. Il mourut à Paris en 1884... et c'est pourquoi il est enterré dans le cimetière du Père Lachaise.

Sa tombe présente par elle-même un intérêt particulier. En effet, sur la clôture elle comporte une plaque en forme de croix de malte sur laquelle est inscrit : « CSA 1861-1865 » avec la représentation au centre de l'étendard de bataille confédéré. Cette plaque évoque la Southern Cross of Honor, une décoration créée en 1862 par le Congrès des États Confédérés, qui a été attribué, mais dont l'insigne original est rarissime du fait du peu de modèles frappés en raison de la pénurie de métaux. La plupart des livres et des documentaires indiquent qu'il n'existe pas de décoration confédérée parce que chaque soldat était considéré comme un héros. Cela est donc inexact.
La plupart des décorations pendantes ont été remises après la guerre par deux associations patriotiques confédérées, l'UDC (Union des filles de la Confédération) et l'UCV (Union des anciens combattants confédérés). Ces associations patriotiques confédérées mettent aussi des plaques comme celle de la tombe de Judah BENJAMIN sur les tombes des soldats confédérés et sur les personnalités qui se sont distinguées pour cette cause.

Le jeu de piste, si vous acceptez d'y participer vous ou un autre internaute, consiste à trouver la tombe de Judah BENJAMIN dans le cimetière du Père Lachaise et de la photographier dans ces moindres détails. Ensuite, je vous remercie de me faire parvenir ces photos à l'adresse électronique suivante :
[email protected]

À réception de ces photos, je les transmettrai à un petit groupe de descendants de soldats confédérés juifs aux États Unis qui font des recherches historiques sur le sujet, ainsi qu'à des correspondants qui s'intéressent à la phaléristique (discipline auxiliaire de l'Histoire qui étude les ordres et décorations).

Merci par avance et bonne recherche.

Bien cordialement.

PS : N'entamez pas de formation de pape, trop peu de débouchés. ANPE assurée. Enfant de cœur ? Trop tard, vous êtes probablement forclos. Religieuse ? Cela vous demandera je le crains, -Monsieur- , un bien lourd sacrifice. Reste donc strapontin. Bon choix : un truc qui ne prend pas de place, que l'on de remarque pas, et dont on goûte toute l'utilité lorsqu'on en a besoin !

Bonjour Pat
hélas je ne vais pas pouvoir vous aider beaucoup car je n'habite pas Paris, ni la région parisienne.
J'ai trouvé ceci sur le net :
Judah P. Benjamin (1811-1884), juriste et homme politique américain, membre du gouvernement confédéré (enterré sous le nom de Philippe Benjamin) (division 15)
en suivant ce lien
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_personnalit%C3%A9s_enterr%C3%A9es_au_cimeti%C3%A8re_du_P%C3%A8re-Lachaise

ici un plan interactif la division 15 se trouve en bas à droite en cliquant sur les points rouges l'on peut avoir un aperçu de l'ambiance.
http://www.pere-lachaise.com/
Avec cela, le champ de recherche se trouve un peu réduit, ce qui facilitera le travail de ceux qui voudront bien vous aider.
Il existe des guides conférenciers qui proposent leur service dans des programmes style pariscope, si vous ne trouvez pas autrement peut être pourriez vous contacter l'un d'eux, certains sont probablement aussi sur le net.
Phaléristique ! Très classe ! Je ne connaissais pas, mais je vais essayer de le placer et si possible à bon escient, cela ne doit pas être facile. Je crois que je tricherai un peu en lançant dès que possible un sujet de conversation approprié, cela me permettra d'espanter l'auditoire (espanter c'est comme épater mais en sudiste). Sans pratique je risque d'oublier ce mot qui est bien joli, il me fait penser à des papillons, peut être une piste pour le retenir.
Je ne l'ai pas trouvé sur mon dico mais j'ai trouvé phalère, papillon ou aussi plaque ronde donnée en décoration aux soldats... romains !
Retour rapide à ce que je disais ci dessus, il est aussi possible de penser que tous ceux qui sont morts en exil , soient à des degrés divers morts au combat, de là que tout cimetière juif est cimetière « militaire ». Il semble qu'à la fin des temps il y ait à partir de ces lieux des galeries souterraines creusées vers Jérusalem, enfin des sortes de tubes qui permettront à ces combattants d'aller se reposer sous leur terre voir au dessus. Dans ma première proposition il n'y avait qu'un guerrier et là une multitude.
J'avais mis en ligne un lien vers des devinettes pour l'été, mais tout cela a été néantisé ce qui est bien dommage, car j'avais en réserve de nombreuses propositions qui permettaient (je le crois) de ne pas s'ennuyer sur la plage.
Quand aux activités culturelles et historiques qui m'intéressent le plus, elles concernent surtout la ou les portes d'entré, fin du néolithique et début de l'état principalement en Egypte. Cette porte m'intéresse en ce qu'elle peut être mise en relation avec la porte de sortie.
Là une spécialiste française de la question; http://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9atrix_Midant-Reynes
Le seul que j'ai lu : Aux origines de l'Egypte. Du néolithique à l'émergence de l'état. Béatrix Midant Reynes
Pointu dans la « scrutation » des cailloux et des os, mais intéressant.
Pour le strapontin vous avez parfaitement raison.
Bonne continuation.

M. "BLUXOR",

pour le sujet qui vous intéresse (fin de la période pré-dynastique - période Thinite), je vous conseille très vivement d'acheter :

VANDIER Jacques, Manuel d'archéologie égyptienne, tome 1 Les époques de formation, Grands Manuels Picard, 1983.
C'est la réédition d'un l'ouvrage de 1952, très bien documenté, très clair, très précis. Vous allez vous aussi vous exploser le bulbe rachidien avec cela, j'ai dû le lire au moins dix fois lorsque j'étais étudiant !

Très cordialement.