L’impression première qui se dégage du vingt-quatrième chapitre de II Samuel est celle d’une incohérence : Comment Hachem a-t-Il pu donner à David l’ordre de « dénombrer Israël et Juda » et le punir ensuite de l’avoir fait ?
On constate cependant, en lisant attentivement ce texte et en prenant en compte les commentaires classiques, que c’est contre Israël que la colère divine s’est embrasée :
« La colère de Hachem s’embrasa de nouveau contre Israël, et Il incita (wayasseth) David contre eux en disant : “Va dénombrer Israël et Juda”. »
David a été par conséquent l’instrument de cette colère, mais il n’en a pas été la victime.
Si Rachi reconnaît modestement ne pas savoir la raison de cette colère, Radaq et Ralbag envisagent plusieurs possibilités, et notamment celle pour les enfants d’Israël de n’avoir pas exigé la construction du Temple.
Cette hypothèse a d’autant plus de poids que la peste s’est arrêtée devant l’aire de battage de Arona le Jébuséen (verset 17). Or, cette aire de battage se trouvait sur le mont Moria, et c’est sur son emplacement qu’a été construit le Temple (II Chroniques 3, 1).
Quant à la détresse exprimée par David au verset 14 (« Je suis dans une grande détresse. Que nous tombions, je te prie, dans les mains de Hachem, car ses compassions sont grandes ; et que je ne tombe point dans la main des hommes. »), elle s’inscrit dans le choix qui lui a été imposé d’opter pour l’une des punitions envisagées par Hachem : sept années de famine, défaite militaire pendant trois mois, ou trois jours de peste.
Malbim et Metsoudath David : La famine est un phénomène naturel, la défaite militaire aurait été le résultat de ses propres décisions, alors que la peste est un produit de l’immanence divine et donc peut être atténuée par Sa miséricorde.
Radaq : Le choix de David a été dicté par les considérations suivantes : « Je ne puis accepter la famine, car le peuple, qui sait que je possède des trésors, m’accusera d’indifférence devant sa détresse.
De même, si je dois essuyer une défaite militaire, ce sont les hommes que j’aurai choisis et que j’aurai commandés qui mourront au combat, tandis que moi-même serai sauf.
Je préfère par conséquent choisir la peste, devant laquelle tous les hommes sont égaux. »