Citation:
y a-t-il un problème à aller au restaurant
Ok, je vais considérer que vous êtes en France et que vous parlez d'un restaurant Kasher et que vous connaissez déjà le problème halakhique à manger au restaurant pour un sfarade
(voyez ici: http://www.techouvot.com/2-vt18487.html?postdays=0&postorder=asc&start=15 ), voilà pourquoi votre question ne porte que sur un autre éventuel problème d'ordre hashkafique ou moussarique.
Comme toute situation où il y a un problème hashkafique, on ne peut le donner comme définition systématique.
Le propre d'un problème hashkafique est souvent d'être "plus ou moins" applicable en fonction des situations et des personnes.
C'est très difficile à expliquer et à détailler.
Je vais essayer de le faire un peu, mais sans grande conviction, je sais par avance que de nombreuses personnes ne vont rien y comprendre et se sentir totalement étrangères à ce qui va suivre.
D'un certain point de vue, on peut dire ceci:
Manger au restaurant entre adolescents est plus problématique qu'entre adultes.
Manger au restaurant entre adultes est plus problématique qu'en couple.
Manger au restaurant en couple est plus problématique que seul.
Vous l'aurez compris, le paramètre critiqué par certains n'est pas le fait de se restaurer
(comme celui qui va seul au restaurant à sa pause de midi), mais le fait d'y festoyer.
Il ne s'agit pas d'un problème systématique et il n'y a donc pas d'infraction à la halakha, mais lorsque l'on se retrouve pour festoyer au restaurant, il y a l'aspect Bitoul Zman érigé en plaisir, conjugué au manque de Tsniout qui frise parfois le Moshav Letsim.
(ceci est modulable par de nombreux paramètres et il est possible de se retrouver au restaurant sans rien enfreindre et sans "abîmer sa neshama")
Je sais que l'idée d'une atteinte à la Tsniout en mangeant au restaurant peut paraître incompréhensible à ceux qui se sont habitués à croire que la Tsniout est une notion qui ne regarde que les femmes et qui se mesure en centimètres, ils ne voient pas le problème à manger en public, d'autant qu'on le fait bien lorsqu'on se rend à un mariage ou une Bar Mitsva.
Je ne vais pas leur expliquer le rapport avec la Tsniout s'ils ne l'entrevoient même pas, mais veuillez noter que l'ambiance est décisive: si on est regroupé autour d'une sim'ha shel mitsva (mariage), ce n'est pas comme lorsqu'on va au resto "pour se faire un kif".
Aussi, l'aspect "Reshout Harabim" du restaurant (qui est ouvert à tous) n'est pas celui d'un mariage où ne sont présents que les invités, même si on ne les connait pas tous, tous sont regroupés autour d'une raison, personne n'est (officiellement) là pour se concentrer sur sa propre personne et son kif, personne ne met "la nourriture" en valeur par sa présence.
[excepté lorsque certains se regroupent autour de "la" pièce-montée en scandant un compte à rebours avant l'ultime entaille... ceci aussi n'est pas convenable -à mes yeux du moins. Il y a là aussi une mise en valeur excessive de la nourriture en tant que telle et du plaisir qu'elle procure. Cette idolâtrie du gâteau me semble nocive pour la délicatesse de l'âme]
[J'entends déjà certains se dire: quel Ashkenaze! il ne sait pas kiffer!...
Voilà pourquoi j'écrivais que c'est trop subtil et difficile à rendre par écrit à ceux qui n'y sont pas encore sensibles.]
Quant au problème de Bitoul Zman, il passe généralement totalement au-dessus de la tête de ceux qui fréquentent assidûment les restaurants.
Dans leur esprit c'est de la 'hassidout pure, de la 'houmra de haute voltige, une idée qui ne concerne que les dévots spécialisés.
Mais vous me demandiez quels seraient les éventuels problèmes, donc je vous en cite quelques uns sans tenter de vous en convaincre.
Il y a aussi le problème de la dépense excessive. Manger au restaurant revient cher et c'est dommage. Si certains sont obligés de travailler plus et étudier moins pour assurer le budget resto, ils échangent le bien-être spirituel et moral contre le "bien-être du ventre" , c'est "bidon".
Même celui qui a une bonne parnassa et pour qui les frais de restaurant ne représentent vraiment pas grand-chose devrait tenir compte de la dépense, d'abord parce qu'il risque de s'y habituer et il ne peut pas être certain de rester aussi riche à vie, ensuite même s'il le reste, il faut se soucier de ne pas habituer ses enfants à ce luxe qui pourrait leur manquer un jour et enfin, même sans ces considérations parfois trop sages pour certains affamés, reste un autre point: comment justifier cette dépense auprès de D.ieu après 120 ans si dans le même temps il y avait des pauvres (et kal va'homer des talmidei 'hakhamim) qui manquaient de parnassa?
A moins d'en ressentir un vrai besoin (d'aller manger au restaurant, et pas seulement pour le kif), comment justifier les sommes investies qui auraient pu alléger le fardeau de nécessiteux ou faire progresser la Torah?
Et cela concerne même ceux qui donnent déjà beaucoup d'argent pour la Torah et pour les pauvres, même pour eux la question se pose: si tu n'avais pas besoin de ces sommes (dépensées futilement au restaurant), pourquoi ne pas les avoir investies dans un domaine plus louable?
(attention: on a le droit et le devoir de se faire des petits kifs de temps à autre, si c'est nécessaire pour notre bien-être.
On peut partir en vacances et manger au restaurant etc. mais il faut savoir garder la mesure et ne pas gaspiller des sommes bêtement -sauf si on vit dans un pays et une époque où il n'y a pas un seul pauvre et pas un seul Talmid 'Hakham à aider financièrement et que tous sont à leur aise)
Disons ceci:
celui qui est contraint d'aller au restaurant mais n'y prend pas plaisir et s'y retrouve seul ou en couple ou en "déjeuner d'affaire", évite probablement le gros des problèmes.
Ce qu'il faut avoir à l'esprit pour minimiser les problèmes lorsqu'on mange au restaurant:
-éviter de conférer trop d'importance à la nourriture et aux Taavot.
-éviter de perdre du temps bêtement
-éviter les "ambiances" si elles ne sont pas empreintes de Yirat Shamayim
-savoir rester discret en mangeant
-savoir ne pas s'habituer au restaurant
Pour des sources écrites effleurant ces sujets
(sans parler proprement du restaurant qui n'était encore il y a un siècle, qu'un lieu pour se restaurer), voyez le
'Hafets 'Haim dans:
Biour Halakha (§529, 1 d''h Veal Yetsamtsem)
Ahavat 'Hessed (II, §20, 4 et 5)
Shem Olam (I, Ha'hzakat Torah §13)
Je ne me relis pas, je demande la bienveillance pour les fautes et je présente d'avance mes excuses aux offusqués que l'on puisse s'en prendre au sacro-saint restaurant et y voir un quelconque problème de Hashkafa, car ils sont parfois tellement
Megoushamim (attachés au matériel) qu'ils ne peuvent pas comprendre ce dont nous parlons ici.