Votre citation empruntée au verset : Kol kevouda bath mélekh penima nous enseigne que l’intériorité des fonctions de l’épouse (penima) n’est pas un signe d’infériorité, mais au contraire un titre de gloire. Mais cela n’épuise pas la question.
La guemara Berakhoth (35b) propose deux modes de vie :
Selon une des opinions, le mari associe son activité professionnelle à sa fonction d’étude de la Tora. C’est l’avis de Rabbi Yichmael Be-rabbi Yossi.
Rabbi Chim‘on bar Yokhaï est d’un avis contraire, et il soutient que le mari doit se consacrer exclusivement à l’étude de la Tora.
La guemara conclut : Beaucoup ont suivi l’idée de Rabbi Chim‘on bar Yokhaï et ont échoué ; beaucoup ont suivi l’idée de Rabbi Yichmael Be-rabbi Yossi et ont réussi.
Le Choul‘han ‘aroukh (Ora‘h ‘hayim ch. 156 et Yoré dé‘a 246 § 21) tranche dans le sens de Rabbi Yichmael Be-rabbi Yossi.
Nous avons là, par conséquent, les « ordres de mission » qui devrait caractériser les familles traditionnelles : Monsieur aux Affaires Etrangères, et Madame à l’Intérieur.
Il existe cependant des dérogations :
1) Tout homme a l’obligation d’étudier la Tora jour et nuit, jusqu’à ce qu’il ait acquis son niveau d’étude. Ensuite, il continuera d’étudier en dehors des trente-six heures hebdomadaires. Celui qui n’a pas atteint ce niveau avant de se marier peut convenir avec son épouse qu’il le fera pendant les premières années de leur union. D’où l’institution du Collel.
2) Nous avons vu que la guemara a enseigné : « Beaucoup ont fait comme Rabbi Chim‘on bar Yokhaï et ont échoué ». Il y en a eu effectivement beaucoup, mais il y en a eu quelques-uns qui ont réussi. Un couple peut vouloir ambitionner d’être au nombre de ces « quelques-uns ».
Par exemple, dans le cas d’un homme particulièrement doué, Rambam nous apprend qu’il faut lui donner de quoi vivre comme on donnait jadis de quoi vivre au Lévi et au Kohen. Rappelons aussi la célèbre alliance entre Yissakhar, qui étudiait à plein temps, et Zevouloun, commerçant dans l’âme, qui partageait ses revenus à égalité avec son frère.
3) De nos jours, les jeunes filles font des études. Il en résulte que certaines d’entre elles n’ont plus la patience de s’enfermer dans leur « Ministère de l’Intérieur », et elles revendiquent comme un droit le privilège de travailler à l’extérieur. Pourquoi devrait-on les priver de ce « bonheur » s‘il procure à leurs maris la possibilité de devenir des ‘hassidim, des adeptes de Rabbi Chim‘on bar Yokhaï ???
4) Au lendemain de la Choa, le monde de la Tora était exsangue. Une première réaction fut de centrer tous les hommes sur l’étude de la Tora, pour que ceux qui s’en avèrent capables deviennent les sommités d’une nouvelle génération. Ce but ayant été atteint, le choix est redevenu normal entre la ligne de Rabbi Yichmael Be-rabbi Yossi et celle de Rabbi Chim‘on bar Yokhaï.
J’espère avoir offert une meilleure compréhension de la place de l’étude de la Tora dans toutes les sortes de familles pratiquantes.