Je cite:
Citation:
Doit-on en déduire qu'il existe, outre le shimoush qui s'acquiert par la "fréquentation assidue du maître" un shimoush "dans le cadre de l'enseignement" ?
Non, en dehors du shimoush il est évident qu'il faut aussi du limoud, cette phase s'acquiert par l'étude plus que par la fréquentation du rav.
Cette dernière est nécessaire pour mieux comprendre les textes étudiés.
Je disais donc que si une femme comprend convenablement la halakha (pour l'avoir apprise auprès d'un expert), elle peut l'indiquer.
Mais pour la comprendre convenablement, on doit passer [par l'étude de tout le shas et] par le côtoiement d'un érudit.
C'est plus compliqué lorsqu'on est femme, c'est pourquoi les "Yoatsot halakha" se contentent "d'indiquer" la halakha, mais pas de la "trancher" (dans les cas subtils).
Il est vrai qu'à travers l'étude elle pourra percevoir un peu du maître et il y aurait là un peu de shimoush, mais c'est insuffisant. (sans quoi les Sages n'auraient pas eu besoin de mentionner "kara veshana
veshimesh T.H." si Shimesh T.H. va de paire avec Shana)
Citation:
qu'en serait-il d'un shimoush épistolaire ?
Etant personnifié, il peut valoir plus que celui qui s'acquiert à travers le livre (-s'il est assez conséquent, bien entendu), mais moins que le côtoiement qui permet aussi de voir, de ressentir (etc.).
Nous trouvons l'avantage de la "vision" du maître dans
Erouvin 13b où Rabbi (ou Rav) [qui assistait au cours de R. Méir en le voyant de dos] affirme qu'il aurait été plus "aiguisé", plus pénétrant, s'il avait vu Rabbi Méir de face.
Je soulignerais aussi l'aspect du shimoush "au niveau de la hashkafa" qui s'acquiert nettement moins à travers les sfarim de limoud que par le contact direct, là, le contact épistolaire peut s'avérer bénéfique.
En matière de sfarim aptes à former en hashkafa, je conseillerais les autobiographies rabbiniques.
Les biographies rabbiniques étant trop souvent un ramassis de naïvetés mêlées à des pudibonderies souvent insupportables, il conviendra plutôt de s'inspirer des autobiographies, là au moins on sait que c'est rédigé par un Talmid 'hakham et on évite les excès d'imagination romancés d'auteurs soucieux de vendre leur livre.
Baroukh Hashem nous avons quelques rabanim qui nous ont laissé un texte autobiographique comme:
Le 'Hida : Maagal Tov
Le Aderet: Seder Eliahou et Nefesh david
Le 'Hatam Sofer: Sefer Hazikaron
Le Tosfot Yom Tov: Meguilat Eiva
Rabbi Yehouda Arié de Modène: 'Hayei Yehouda
R. Y.D. Eisenstein: Otsar Zikhronotay
Rav Menashé Klein: Pirsoumei Nissa (période WW2)
Rav Yekoutiel Yehouda Grünwald: Sefer Hazikhronot (période WW1)
R. David MeBoli'hov: Zikhronot Merabbi David MeBoli'hov
R. Eisik Hirsch Weiss: Zikhronotay
R. BenTsion Ilfas: Veda Ma Shetashiv
R. Ephraïm Zalman Margulies: Maalot Hayou'hassin
Le Yaabets: Meguilat Sefer
[récemment, un livre -Meguilat Plastar- a été publié par un américain, un Rav Gestetner de Monsey qui a la prétention de prouver que la Meguilat Sefer est falsifiée et qu'il est impossible que le Yaabets soit l'auteur de nombreux passages de ce livre.
Certaines de ses preuves sont très discutables.
S'il fallait mettre au ban une autobiographie rabbinique (d'un rabbin digne de louanges), j'indiquerais plutôt les traductions françaises de certains de ces livres, comme celle de Meguilat Sefer -Mémoires de Jacob Emden -éditions du Cerf 1992- qui comporte des erreurs de traduction parfois déplorables ou encore la traduction du Maagal Tov (op cit) sous le titre "Le 'Hida" (en deux tomes -éditions Massoreth 1996 et 1999) qui est truffé d'erreurs grotesques, hélas.
Il faut dire que le style du 'Hida dans ce livre n'est pas à la portée de tout lecteur, entre les jeux de mots, les abréviations excessives et les paraphrases du Talmud et des Midrashim qui ne peuvent renseigner que celui qui les connait, on a du mal à déchiffrer son texte en étant allongé au soleil]
Rav Its'hak Zilber : Rester juif (titre de la traduction française de son autobiographie rédigée en russe)
Missefer HaZikhronot shel Rav Litaï d'un rabbin lituanien anonyme de l'époque de la Révolution française, imprimé par
Slatkine, à Paris en 1949 mais sans inscrire la date
Il y a aussi plusieurs livres écrits par les 'hassidim de 'habad.
Le 6ème Rabbi,
R. Yossef Its'hak Schneersohn a écrit plusieurs livres dont: "
Mémoires" (traduction française 1963).
Mais ses qualités d'historien fidèle à l'histoire sont très discutée, certains lui reprochent de réécrire l'histoire, particulièrement concernant son "
Divrei Hayamim Hahem" dont le sujet est assez brûlant.
R. 'Haim Berlin a écrit une courte autobiographie à la demande de
R. BenTsion Eisenstadt (cf. Dorot Haa'haronim I, p.72), je ne l'ai jamais vue ni lue.
Il y a aussi beaucoup de rababim qui laissent des éléments biographiques non négligeables dans la préface de leur livre, comme:
Le Pnei Yehoshoua
Le Malbim dans la Hakdama de Artsot Ha'haim
et des centaines d'autres.
Le
Ibn Ezra en aurait laissé aussi dans son livre
Ko'hot Shnot Haadam, mais je ne crois pas qu'il soit imprimé, je ne l'ai pas lu, j'ai juste vu qu'il était mentionné dans
Otsar Hagdolim (II, p.112)
Rav Aharon Heymann (l'auteur du
Toldot Tanaïm Veamoraïm) s'est aussi lancé dans une autobiographie mais il me semble qu'il ne l'a pas terminée, la fin de l'histoire de ce livre l'a surpris avant qu'il ne le termine, hélas.
(on aurait pu espérer que la partie déjà rédigée soit publiée même si elle nous laisse en cours de route -
comme ça été le cas pour notre regretté ami Dr Elie Temstet Z"L dont le départ trop rapide ne lui a pas permis de terminer son récit pourtant très instructif et intéressant, lo zakhinou- mais personne ne s'est occupé de cela et j'ai bien peur que le manuscrit soit déjà perdu)
(ah, oui, vous me demanderez d'où sait-on que
Rav Aharon Heymann a commencé cette rédaction?
Il la mentionne dans une lettre publiée dans
Otsar Ne'hmad de R.Y.Y. Grünwald p.122)
Rav Elisha Rosenfeld aussi a écrit -et terminé- son autobiographie, mais n'a pas pu l'imprimer par manque de moyen, de même que la majeure partie de ses sfarim.
Pour en faire la promotion, il a publié un livre -
Kokhvei Or (London 1960) dans lequel il publie des passages de plusieurs de ses livres qu'il souhaiterait faire imprimer (dont son autobiographie).
A ma connaissance, ça n'a rien donné.
Il y en a encore beaucoup, surtout par courts endroits éparpillés dans des sfarim, mais voilà déjà de quoi lire un peu.