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Lecture du Shéma par un enfant au lieu du H'azan

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MrQuestion
Messages: 161
Bonjour

Dans de nombreux endroits, c'est un enfant qui lit le kryat shéma à la place du h'azan lors de l'office.

1. Quelle est l'origine de ce minhag ?
2. Si c'est pour le h'inoukh', pourquoi spécialement pour le shéma et pas pour autre chose ?
3. Est-ce qu'il y a un problème si les auditeurs ne lisent pas le shéma par eux même à ce moment là, sont-ils acquittés de la lecture faite par cet enfant ?

Merci
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
C’est une coutume très ancienne chez les Sfaradim du Maghreb, je pense qu’elle ne consistait pas -à son origine, à céder cette lecture aux enfants, mais plutôt à ce que les adultes la récitent à voix basse.

Ça ne serait que dans un second temps que le Minhag se serait répandu de faire lire un enfant à voix haute afin de l’initier à cette lecture et nous trouvons dans le Talmud (Souka 42a) : « dès que l’enfant sait parler, son père lui enseigne la Torah et la lecture du Shema ».
Le Talmud va interpréter « Torah » dans le sens du verset « Torah Tsiva lanou Moshé Morasha… » et « Kriat Shema » : le premier verset du Shema.

Nous voyons l’importance d’éduquer les enfants dès le plus jeune âge à la lecture du Shema…

Le fait de donner cette lecture à un enfant préservera la raison pour laquelle on souhaitait que les adultes le lisent à voix basse, du moins selon l’explication citée par le Rav Ayache :

Il y a deux Minhaguim dans la lecture du Shema, certains le lisent à voix haute, d’autres à voix basse.
Les deux sont mentionnés par le Shoul’han Aroukh (O’’H §61, 26), à l’instar du Rashba (Responsa cité dans le Beit Yossef fin de §61) qui indiquait déjà à son époque les deux coutumes.

Rabbi Yehouda Ayache (Shout Beit Yehouda, nouvelle éd. Jérusalem 1990, tome II, §3, p.12) avait le Minhag algérien (ou seulement algérois ?) de lire le Shema à voix basse et il lui donne la préférence sur le Minhag opposé en expliquant qu’en le lisant à voix haute, il y aurait lieu de craindre qu’un fidèle se contente de l’écouter d’autrui sans le lire lui-même, crainte soulignée par Rav Hay Gaon puis par le Maharam Alaskar (tous deux cités par le Beit Yehouda en question).

Si c’est ainsi, le fidèle ne souhaitera pas se faire acquitter par un Katan et il lira lui-même son Shema, nous avons donc tout gagné, même d’habituer les enfants à cette lecture.

Mais une autre explication de ce Minhag se trouve sous la plume de Rabbi ‘Haim Messas dans son Sidour, cité par son fils dans Otsar Hamikhtavim (I, §321, 45) : les Anciens ayant instauré des Kavanot particulières à avoir lors de la lecture du Shema, auraient jugé nécessaire de fixer sa lecture à voix basse afin que chacun puisse entretenir les Kavanot qu’il souhaite sans être dérangé.

Si c’est ainsi, le fait de faire lire un enfant pourrait aussi perturber la Kavana...

De plus, cette explication stipule que la lecture d’un ‘Hazan à voix haute serait de nature à perturber la Kavana de l’assistance, or, nous trouvons précisément l’idée opposée concernant le troisième paragraphe du Shema, parshat Tsitsit, qui, dans certaines communautés (ashkenazes) était lu à voix haute par le Rav.

Le Taamei Haminhaguim (§66) explique au nom du Kerem Shlomo qu’étant donné que le rappel de la Sortie d’Egypte est « min hatorah », il convient d’y avoir de la concentration et de la Kavana, voilà pourquoi le Rav récite ce passage à voix haute, pour favoriser la Kavana de l’assistance.

Nous voyons donc qu’une lecture à voix haute peut au contraire favoriser la Kavana et canaliser la concentration.

Cette idée est aussi citée par le Otsar taamei Haminhaguim (Guelbard) (tome I, Mador 2, Shaar 5, §7, p.55) et par le Minhag Israel Torah (o’’h §61, 3), mais je trouve étrange que personne ne soit interpellé par une question simple: si la mention de la Sortie d’Egypte est en effet « min hatorah », la lecture des deux précédents chapitres n’est pas non plus « Miderabanan », pourquoi ne pas se soucier les Kavanot là aussi ?

Quoi qu’il en soit, au vu des difficultés que soulève l’explication du Rav Messas, nous donnerons la préférence à l’explication de rabbi Yehouda Ayache.
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