Chers Khakhamim,
Je viens de tomber, avec un peu de retard, sur l'article d'une revue mexicaine concernant Pessa'h qui s'interroge sur les origines de la fête de Pâques. Les origines de cette festivité seraient bien antérieures au temps de Yétziat Mitzrayim/ la Sortie d'Egypte et remonterait même au temps d'Abraham Avinou et des Patriarches, on cite pour cela le commentaire de Rachi pour Genèse 18:10, La visite des anges à Abraham durant la convalescence de sa circoncision en signalant que celle-ci a eu lieu au moment de Pessa’h, qu'Abraham ordonna a Sarah, sa femme, de préparer 3 séïm de farine pour faire des galettes sans levain (ougoth) qu’on appelle en Genèse 19:3, des matsoth, des pains sans levain que Lot offrit également aux anges qui vinrent le visiter à Sodome.
Je lisais que certains exégètes modernes suivent l’opinion de Rachi et affirment que Pésa’h était une festivité agricole célébrée par les tribus nomades du désert.
Le théologien catholique Roland De Vaux situe la Pâque de la manière suivante: “C’est un sacrifice de nomades ou semi-nomades, de tout le rituel israëlite c’est celui qui se rapproche le plus des sacrificas des anciens Arabes: absence de prêtres, aucun lien avec l’autel, importante du rite du sang, il a lieu au printemps et le sacrifice est celui d’un animal jeune en vue d’obtenir la fécondité et prospérité du bétail. Le sang se met sur les linteaux de la porte, à l’origine sur les mâts de la tente, cela a pour but d’éloigner les puissances maléfiques, le "machith" , l’exterminateur, duquel mention a été conservée par la tradition yahviste, Ex 12:23 que l’on retrouve peut-être déformée dans la tradition sacerdotale, Ex. 12:13. L’auteur poursuit: “C’est une fête qui peut signaler, comme cela a été proposé, le départ pour la transhumance de printemps mais qui cependant ne s’explique pas suffisament, c’est par sa grande générosité, une offrande pour la prospérité du bétail, comme l’était l’ancienne fête du mois de rayab, le premier mois du printemps. Quant aux autres détails, ils mettent l’accent sur le caractère nomadique de la festivité: on y mange l’animal cuit et grillé sur le feu, sans ustensiles de cuisine, on le mange avec du pain sans levain, qui encore aujourd’hui, est le pain des bédouins, accompagné d’herbes amères qui ne sont pas des légumes cultivés dans un potager, sinon des plantes du désert, que les bédouins savent choisir pour condimenter leur nourriture frugale. Ce repas se mange avec les reins ceints et les sandales aux pieds en vue d’une longue marche, avec à la main la houlette du pasteur… Les textes sacerdotaux et Ézéquiel 45:21, son les seuls à préciser la date de Pâques, le 14,15 du premier mois, c’est à dire durant la pleine lune. Cette date a dû être la Paques depuis de début, étant une fête nocturne, une fête du désert célébrée lors de la pleine lune, non qu’elle appartienne à un culte astral mais plutôt parce que c’est la nuit du mois offrant le plus de clareté."
Traduction libre de l'espagnol, Roland de Vauz, Institututions de l’ Ancien Testament, Herder, Barcelone, 1976, p. 615-616
Y a-t-il des ressources bibliographiques, des commentaires de nos Sages au sujet des origines pré-yétsiat Mitzrayim de la fête de Pessa'h?
Une autre question sur Pessa'h qui m'intrigue est la suivante:
Pourquoi en Deutéronome 16.1 nous est-il apparemment demandé de garder le mois d’Aviv, le mois du printemps au complet? Le texte nous dit: “Chamor èt ‘hodèch ha-aviv vé-assita Pésa’h la-Hashem / Observe le mois d'Aviv, et célèbre la Pâque en l`honneur de l`Éternel, ton D.; car c`est dans le mois d'aviv que l`Éternel, ton D., t`a fait sortir d`Égypte, pendant la nuit. (Deutéronome 16:1)
J'aimerais énormément que vous m'éclairiez sur ce sujet qui me paraît passionnant bien que méconnu.
Chalom Ou-béra'hoth.
Marcel Léger, Mexico.