Les Tzizit à Kidoush Levana

Quelqu'un sait pourquoi nous secouons les tzitzit pendant kidoush levana ?

Cette coutume est citée dans le Maguen Avraham (sur le Shoul'han Arou'h ora'h 'haim 426, 11) ainsi que dans de nombreux ouvrages comme le Moed lekol 'hai de Rabbi 'Haim Pallagi (XXVII,75) .
La raison étant kabbalistique, il serait difficile de la transmettre ici. Disons "simplement" que c'est "pour se défaire des 'hitsonim et des klipoth créés par le kitroug de la lune" (si ce langage vous est intelligible).
Le même R.'Haim Pallagi dans son Kaf A'haim (XXXV, 22 et 26) (à ne pas confondre avec le Kaf A'haim plus connu du Rav Sofer) en donne 2 raisons supplémentaires, l'une étant de profiter de la mitsva du kidoush levana pour se lancer vers une autre mitsva -celle de vérifier ses tsitsiot. (et d'après cela l'essentiel est de les vérifier et non simplement de les remuer). L'autre raison invoquée est que le fait de regarder ses tsitsiot -reïat atsitsit- amène l'homme à la crainte du ciel -yirat shamaïm- or en hébreu les deux mots (reïat et yirat) sont composés des mêmes lettres. D'où la coutume de vérifier ses tsitsiot lors du/après le kidoush levana.
Voir encore le Taamei Aminhaguim (§464 et Kountrass A'haron §21) (page 204) et Sidour Aarizal.
On pourrait encore ajouter que nous tenons à manifester notre soumission à D. et à Ses mitsvot (en prenant en main nos tsitsiot qui symbolisent l'acceptation des 613 mitsvot) afin de bien se distinguer des idolâtres qui s'adressent dans leur prières à la lune en tant que dieu. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la coutume s'est répandue de réciter la prière de Aleinou leshabéa'h après le kidoush levana car on y dit "shélo sam 'helkeinou etc..." et "vaana'hnou korim etc..." phrases par lesquelles on affirme bien qu'il ne s'agît pas là de rendre un quelconque culte à la lune.

Il me vient à l'esprit une autre explication, très simple mais qui mérite d'être signalée:

La gmara (Sanhedrin 42a) compare celui qui fait la birkat levana à être "mekabel pnei shkhina", ce qui signifie qu'en méditant sur le parcours de la lune et son "renouvellement" mensuel, on peut entrevoir la main de D.ieu (cf. Méiri ad loc.), or la gmara (Mena'hot 43b) dit aussi que celui qui est zélé autour de la mitsva des tsitsiot est "mekabel pnei shkhina"...

Ainsi, pour renforcer cette perception de la shkhina, on tiendrait en main les tsitsiot qui sont eux aussi des vecteurs de kavana de "kabalat pnei shkhina".

Il me semble que c'est la seule mitsva -à propos de laquelle on parle de kabalat pnei shkhina- que l'on pourrait "avoir sur soi" lors de birkat levana.

En effet, les autres mitsvot comparées à kabalat pnei shkhina sont Aliya Laréguel (Yeroushalmi 'haguiga 3a) -peu praticable comme ça en soirée. Et Mekabel Pnei Rabo (Yeroushalmi Erouvin 31a et Yeroushalmi sanhedrin 56a) -pas toujours présent...

Voilà pourquoi on se reporte sur les tsitsiot. (même si on n'est pas tenu de porter les tsitsiot la nuit, mais c'est peut-être précisément la notion de zehirout -zèle- dont parle la gmara (mena'hot 43b) qui ne dit pas que "porter les tsitsiot" suffit, elle parle de celui qui est zélé autour de cette mitsva. Et ce, en les portant constament au point de les avoir encore sur soi au moment de la tombée de la nuit).