Une des approche pour répondre à cette difficulté, c'est d'admettre qu'il faille compter les "blancs", c'est-à-dire les espaces entre les lettres. En effet, ces espaces comptent, car sans elles (en imprimerie les blancs sont appelés "espace" et dans ce cas ce mot est féminin) la lecture est impossible. Peut-être représentent-elles les juifs qui ne se voient pas, par opposition à ceux qui se voient, les lettres elles-mêmes !
Une autre solution c'est de considérer les lettres comme un assemblage de lettres. Exemple : le "Aleph est composé d'un "Vave" et de deux "Youd" ; le "Beth" est composée d'un "Resch" et d'un "Vave", le "Vave" compte pour une lettre, comme le "Youd", etc.. A la fin du 'Houmasch "Haemek Davar" vous avez le décompte de chaque lettre de l'Alphabeth. Exemple le "Aleph" : 27057. Un calcul précis vous amènera à 600.000 et des poussières.
Ces deux solutions m'ont été suggérées par mon beau-frère, Rav Ephraïm Klapisch de Marseille.
Quant aux lettres "Beth" et "Lamed", qui débutent et terminent la Torah, beaucoup peut être dit à propos d'elles.
Quand nous terminons la Torah, nous la recommençons immédiatement, et ces deux lettres forment alors le mot "Lev", coeur, car "Ra'hamana Liba Ba-i", D-ieu attend de nous du coeur, du coeur pour autrui, des Mitsvoth et des Tefiloth faites avec du coeur. Ce n'est pas le geste seul, la parole seule, la pensée seule, qui comptent, mais les intentions et ce que nous y investissons qui comptent : l'intériorité.
Le "Beth", valeur numérique 2, symbolise toute la notion de dualité, implicite dans toute la création, par opposition au Créateur qui est UN comme rien d'autre ne peut l'être.
Le "Lamed", écrit pleinement, "Lamed" "Mem" "Daleth", est la racine du mot qui veut dire ETUDE. C'est la fin de la Torah, c'est-à-dire, la finalité de la Torah. Car, comme l'explique R. M. 'H. Luzatto, si les Mitsvoth sont les instruments qui permettent de réaliser le but de la création, l'étude de la Torah en est l'instrument suprême. "VeTalmoud Torah Kenegued Koulam" : la Mitsvah de l'étude d'un mot de la Torah équivaut à toutes les 612 autres Mitsvoth de la Torah. Et ce n'est pas pour rien que le "Lamed" est la seule lettre de l'Alphabeth hébreu qui dépasse la ligne d'écriture.
Pour ma part, j'ai pensé que le "Vave" du centre exact de la Torah, est là pour lier les deux lettres extrêmes, le "Lamed" et le "Vave", et former le mot qui veut dire coeur. En effet, le mot "Vave" en hébreu veut dire "crochet", il représente ce qui permet d'accrocher deux choses ensemble. Et ce n'est pas pour rien que le "Vave" au début d'un mot signifie tout simplement ET, cette conjonction de coordination qui permet d'accrocher deux choses ensemble.