Citation:
J'ai entendu dans un cours qu'à la fin des temps les Cohen seront Levy et les Levy seront Cohen, pouvez-vous m'expliquer et me donner la source?
C’est une idée du
Arizal que l’on retrouve sous d’autres plumes aussi, le
Rav Nathan Shapira (décédé vers 1667)
(à ne pas confondre avec son homonyme, le Megalé Amoukot, décédé en 1633) écrit un Remez à cela dans le verset
(Bamidbar XX, 16) וישלח מלאך ויצאנו ממצרים en soulignant que le mot Malakh
מלאך est constitué des initiales de
משה לוי אהרן כהן (=Moshé est Lévi et Aharon est Cohen), mais à la fin des temps il est dit
ובעת ההיא יעמוד מיכאל (Daniel XII, 1) et le mot Mikhael
מיכאל est formé des initiales de
משה יהיה כהן אהרן לוי (=Moshé sera Cohen et Aharon Lévi).
Le
Rav Shapira est cité par le
‘Hida dans
Midbar Kdémot (Kouf, §13), il l’appelle
Harav Hanassi הנשי"א, terme formé par les initiales de
הרב נתן שפירא ישמרהו אלוקים.
Ailleurs, le
‘Hida (Midbar Kdémot Khaf §14) cite le
Arizal qui disait qu’à la fin des temps le cohen sera lévi et le lévi sera cohen, et précise qu’il s’est longuement expliqué sur le Sod qui en est à l’origine.
Cependant, le
'Hida ne le partage pas.
C’est qu’il estimait qu’il ne convenait pas de le partager.
Faisons-lui confiance.
Cette idée permet d’expliquer un texte du
Torat Cohanim :
וישא אהרן את ידיו אל העם ויברכם באותה שעה זכה במתנות כהונה וזכה בנשיאת כפים לו ולדורותיו עד שיחיו המתים
Pourquoi dit-on qu’Aharon a mérité les Matnot Kehouna pour
"jusqu’à la résurrection des morts" seulement ? Si ce n’est pour ce que nous dit le
Arizal…
Ce n’est pas totalement convaincant, car nous retrouvons cette expression ailleurs, mais peu importe.
Ce qui me dérange plus dans cette déclaration du
Arizal, c’est que le
Talmud ne semble pas d’accord avec cette idée.
Nous trouvons vers la fin du second chapitre de
Sanhedrin (22b) qu’on se demande à quel titre les Cohanim sont autorisés à boire du vin de nos jours, pourtant ils ne connaissent pas leur Mishmar
(leur tour de service au Temple) et nous espérons que le Temple soit vite reconstruit et si c’est le cas, un cohen ayant bu avant ne sera pas apte au service.
Or, si comme nous le dit le Arizal, un cohen ne sera plus cohen, pourquoi l’embêter avec cette histoire de vin, c’est plutôt au Lévi qu’il faudrait l’interdire !
Plus encore, nous trouvons aussi dans
Sanhedrin (daf 90b) que l’on s’interroge sur le verset
(Bamidbar XVIII, 28) ונתתם ממנו את־תרומת ה' לאהרן הכהן , comment donner la Trouma à Aharon puisqu’il est mort avant l’entrée en Israël ?
Et la Gmara répond : אלא מלמד שעתיד לחיות וישראל נותנין לו תרומה
C-à-d qu’elle y voit une allusion à la résurrection des morts à la fin des temps et explique qu’Aharon va alors ressusciter et qu’on lui donnera la Trouma.
Cette dernière étant réservée au Cohen, nous voyons bien que le
Talmud s’oppose à cette idée du
Arizal.