Le motif de la protection accordée au meurtrier, explique le rabbin Elie MUNK dans la Voix de la Thora (Vol. IV, p. 360), est ainsi développée par S.R. Hirsch :
« Apparemment, la Tora nous conduit par cette loi en droite ligne vers les mœurs obscures de la vendetta corse. Et il n’est pas douteux que l’interprétation de cette loi a provoqué des conceptions profondément erronées sur la valeur morale de la Tora. Et cependant, le sens véritable de cette institution devient évident si l’on prend la peine d’aller un peu plus loin que la première impression. Rien n’est plus facile pour un assassin que se soustraire au bras de la justice, pour peu qu’il prenne un minimum de précautions […] Et c’est précisément ce danger que notre texte veut pallier. En donnant le droit aux proches parents de la victime d’abattre l’assassin, la Loi fera ce qu’aucune police du monde n’a jamais pu obtenir : obliger l’assassin, constamment hanté par le cauchemar d’une rencontre au coin d’une rue, qui le mettrait en face du père, du frère ou du fils de la victime, l’obliger donc à se réfugier auprès des autorités judiciaires de son pays. C’est que, s’il ne peut espérer de la part de la famille, la clémence, il pourra peut-être la trouver auprès du tribunal qui jugera sans passion. Il est certain que, grâce à cette mesure apparemment sauvage, aucun meurtrier n’avait même l’envie de mener une existence “clandestine” et à la longue impossible. La Loi prévoit en conséquence que tout meurtrier, volontaire ou involontaire, aura, sous peine de se faire tuer, à se constituer prisonnier et à obtenir immédiatement la protection de la cité de refuge mais aussi à affronter les rigueurs de la justice. C’est donc en quelque sorte une police auxiliaire que nous pourrons voir en la personne du “vengeur de sang” et, suivant les témoignages de nos traditions, cette institution a contribué puissamment à diminuer le nombre des assassinats anonymes et ainsi à améliorer progressivement la sécurité du pays. »