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Questions sur la conversion au judaïsme.

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Laur3355
Messages: 2
Bonjour,

Je suis une jeune fille de 18 ans presque 19 née de père juif non pratiquant et d'une mère non juive. Ma famille, du côté de mon père appartenant a la communauté sépharade est très nombreuse, j'ai de nombreux cousins, tantes et oncles plus ou moins pratiquant, mais dans l'ensemble j'ai souvent assisté a des mariages, des bar mitsvah je suis allée a la synagogue pas mal de fois dans ma vie déjà (lieu que je trouve par ailleurs magnifique) et j'ai assisté a plusieurs kiddoush le vendredi soir avec ma famille. Petite ma meilleure amie etait juive et je passait pessah chez elle. Cependant jusqu'a cette année je n'avais jamais fréquenté de juifs pratiquants (chomer chabbat, tsniout etc). Cette année j'ai donc commencé à fréquenter la fac de médecine et j'y ai rencontré de nombreux juifs pratiquants, et j'ai été vraiment étonnée de me voir être très bien integrée aussi du fait de ma mixité. Je me suis toujours sentie très proche du peuple juif et bien plus proche d'eux que des chrétiens et ce pour une raison que j'ignore. J'ai été dans un lycée privé chrétien et college toute ma scolarité et je ne partageais rien avec eux vis a vis de la religion.
En fait, je suis un peu fascinée par la religion juive.

Cependant je dois vous avouer que mes parents sont agnostiques, et moi jusqu'a present fervente athée... Jusqu'à ce que je rencontre ce merveilleux garçon, qui m'a fait ecrouler tous les prejugés sur la religions que j'avais avant de le rencontrer. Il est chomer chabbat, mais ne respecte pas la religion dans son intégralité (ce qui est je sais dur a realiser) meme si il respecte les plus importantes, les fêtes, les jeûnes etc. Cette personne a tellement marqué ma vie, l'a bousculée, a chamboulé tous mes repères et je suis assez mal car je ne sais que penser... Je ne sais plus où aller.
Je sais que la conversion au judaïsme est extrêmement complexe. La vie qu'elle impose est extrêmement différente de la vie que j'ai aujourd'hui, avec mes parents, même les plus pratiquants dans ma famille ne sont pas chomer chabbat. J'aurais peur de parler de ça a mes parents, peur qu'ils n'acceptent pas ma démarche ou pensent que je fais ça d'un regard intéressé...
Mais si j'entreprenais une telle démarche, je pourrais vivre une toute nouvelle vie, la mienne, me trouver un mari juif, et je pensais à ce garçon avec qui j'ai envie de passer ma vie ... De partager cette religion et la croyance avec lui.

N'etant pas juive il m'a tout de suite dit que d'entamer une relation de couple serait aller dans le mur et je suis d'accord, j'ai donc respecté sa décision. Mais je sais qu'au fond de lui il aimerait tellement que je decouvre sa religion, me donner la passion et j'admire le fait qu'il n'ose pas m'en parler du fait du caractère non prosélyte de cette religion. De nombreux rabbins sont tout a fait opposés à la conversion par amour pour une personne, mais si l'amour pour la religion viens de l'amour d'une personne ? Si mon père et toute ma famille n'étaient pas juifs, je ne sais pas si j'aurais pensé a une conversion ... C'est juste que j'ai toujours aimé cette religion ...

Je sais que pendant la conversion il faudra adopter un mode de vie très strict, respecter la casheroute, respecter le chabat et les fêtes, mais par exemple une fois que la conversion est terminée faudra-t-il être tsniout, manger absolument tout casher (ne pas aller dans d'autres restaurants) ou peut-on choisir son mode de pratique ? car ce garçon est pratiquant mais pas vraiment à un degré élevé.

Je suis un peu perdue... Si vous pouviez m'éclairer ce serait merveilleux.

Merci pour votre écoute.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
Bonjour,
je vous cite:
Citation:
De nombreux rabbins sont tout a fait opposés à la conversion par amour pour une personne, mais si l'amour pour la religion viens de l'amour d'une personne ?


Si l'amour d'une personne entraîne réellement l'amour de la religion, en effet, il n'y aura pas de problème.
Cependant, généralement c'est l'amour de la personne qui prime et qui aveugle quelque peu au point de laisser croire qu'on est aussi amoureux de sa religion, mais ce n'est pas toujours le cas; souvent on aime une personne et on se dit qu'on aime aussi sa religion, alors qu'en fait on ne l'aime pas tant que ça, au point de se demander, je cite: "une fois que la conversion est terminée faudra-t-il être tsniout, manger absolument tout casher..."

Celui/celle qui est réellement "amoureux/se" de la Torah ne se demande pas s'il faudra persévérer dans les mitsvot après la conversion, tout simplement parce que ce qu'il/elle aime, c'est justement ces mitsvot!

Celle qui comprend convenablement la notion de tsniout, voudra y rester fidèle toute sa vie même si son compagnon disparaît ou l'abandonne, même si elle se voit refuser la conversion par des rabbins suspicieux, ou encore même si elle décide de ne finalement pas se convertir.

Voilà pourquoi les rabbins sont réfractaires aux conversions par amour, car généralement, le sentiment religieux n'est pas réel, ou pas réellement développé.
On trouve les mitsvot "sympas", mais on les comprend pas vraiment, on n'est pas réellement séduit par les mitsvot et ce qu'elles représentent.

Vous me direz que de nombreux juifs non plus n'y comprennent pas grand chose et d'ailleurs ils sont aussi très nombreux à ne pas pratiquer ou à pratiquer en "faisant leur marché" dans la torah (=telle mitsva oui, allez c'est cool, celle-ci non, trop dure pour moi, telle autre, un peu difficile mais il faut bien faire des efforts parfois, etc.).
C'est vrai, mais eux sont juifs malgré eux, tandis que vous ne l'êtes pas vraiment (du moins du point de vue de la loi juive) et souhaitez le devenir. Pour cela, il est impératif d'accepter le joug des mitsvot tel quel et vouloir toutes les accomplir.

Si les enfants d'une convertie abandonnent la pratique, ils restent juifs, car ils sont nés juifs, mais la convertie elle-même, pour intégrer le peuple juif doit prendre sur elle l'engagement du respect total des mitsvot, de la même manière que les premiers juifs "halakhiques" (= nos ancêtres au Sinaï) ont pris sur eux l'accomplissement total des mitsvot.
C'est une condition sine qua non à la conversion, à l'adhésion au judaïsme lorsqu'on n'est pas né dedans.

Je ne dis pas qu'il ne faille pratiquer qu'à condition de comprendre les mitsvot, il faut bien sûr les pratiquer toutes, en raison de leur origine divine, même celles qui nous sont encore incomprises, dans l'espoir d'y comprendre quelque chose.
Ce que je dis c'est qu'une fois que l'on comprend une mitsva, on tient à l'accomplir même si on apprend ultérieurement qu'on n'est pas juif.

Pas toutes les mitsvot sont faciles d'accès à la compréhension, mais certaines le sont, c'est le cas de la tsniout, même si elle reste particulièrement difficile à accomplir en raison de l'influence extérieure.


Bref, on ne peut pas se convertir puis choisir son mode de pratique.
Enfin, si, mais uniquement entre pratiquant à 100% et super-pratiquant, ultra-orthodoxe et Cie.
On doit impérativement pratiquer toutes les mitsvot et toujours.
On n'est pas tenu de souscrire à toutes les pratiques surérogatoires et facultatives, mais on ne peut pas se convertir puis pratiquer comme votre ami qui pratique à ses heures ou à son goût.

Je comprends la difficulté de votre situation, je ne sais trop que vous dire, mais je vous conseillerais néanmoins de vous renseigner plus profondément sur les mitsvot, d'étudier la torah et ses mitsvot, de vous renseigner par des lectures, des sites internet ou des rabbins, afin de vous faire une idée pus nette des mitsvot et savoir à quoi engage une conversion pour savoir si vous souhaitez réellement vous y engager.

Bonne chance.
Laur3355
Messages: 2
Bonjour,

Je tenais a vous remercier pour votre message et pour l'attention que vous avez porté a mon cas assez complexe.

Je suis consciente que dans ma façon de demander les modalités de pratique d'un converti, on a l'impression que c'est une interrogation inquiete comme si je serais inquiete de devoir realiser toutes ses mitsvots, parce que je n'y adhèrerais pas. Cependant je pense que c'est plus une peur qui est liée a mon passé, plus qu'à mon futur : j'ai simplement peur vis-a-vis de mes parents de susciter l'incompréhension, ou que pour une jeune fille de 18 ans, assumer des lois comme les mitsvots alors que l'on en avais jamais entendu parlé il y a de ça 6 mois, est une decision difficile a assumer a un si jeune âge. J'ai simplement l'impression d'avoir besoin de 2 choses que je n'ai pas a l'heure d'aujourd'hui pour décider :
- une autonomie complète vis a vis de mes parents
- une connaissance préliminaire sur le processus et sur la religion que je souhaite adopter pour la vie.

Voilà les raisons pour lesquelles je vous ai posé ces questions et je suis désolée si vous avez eu l'impression que je ne suis interessée que par le statut de juive pour epouser un homme que j'aime.
Je ne pourrais jamais cependant vous dire qu'il n'est pas la cause de ma remise en question ... Mais il ne sera jamais ma motivation principale si je decide un jour me convertir.

Cet été il va m'apprendre à lire l'hébreu et me cultiver sur sa religion. C'est pour l'instant une certitude : je veux mieux connaitre la religion juive.

Merci pour votre aide !
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
Avec plaisir.

Citation:
C'est pour l'instant une certitude : je veux mieux connaitre la religion juive.

Très bonne résolution.
Beaucoup de juifs devraient s'en inspirer.

Bonne chance!
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