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L'interdit de parler à une femme.

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cheelnaute
Messages: 277
Bonjour.
Pourriez vous nous en dire plus sur les gdarim concernant les discussions avec une femme ?

Par exemple :

1. Demander à la femme mipne darke shalom comment elle va, c'est permis, mais où s'arrête la notion de darke chalom ?
2. Ces interdits sont ils en vigueur avec notre belle soeur par exemple ?
3. Pourriez vous me donner les références dans le S.A de ces gdarim de discussions avec les femmes?

Merci
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6640
Au vu de votre question, son fond et sa forme, je me permet de faire usage -comme vous- de termes techniques sans les traduire.

Voyez la Mishna dans Ktouvot (72a) qui mentionne la « medaberet im kol adam », voir aussi le Midrash Vayikra Raba (XXXII, 5) cité dans Rashi (Vayikra XXIV, 11) au sujet de Shlomit Bat Divri qui parlait à tout le monde et demandait à chacun comment il allait…
(et vous connaissez assurément la Mishna dans Avot (I, 5) Al Tarbé Si’ha Im Haïsha)

La Gmara (sur la Mishna Ktouvot citée) expliquera « messa’heket im ba’hourim », on parle d’une femme qui « rigole avec les jeunes gens » (jeunes lav davka, c’est pour exclure les petits enfants et dibrou behové).

Le Tour (E’’H §115) retranscrira « hamedaberet Vehamessa’heket » (celle qui parle ET celle qui rigole), mais le Beth Yossef (ad loc) s’en étonne et pour lui, le « medaberet » n’a d’autre sens que « messa’heket ».

D’ailleurs, dans son Shoul’han Aroukh (E’’H §115, 4), il supprimera le terme « medaberet » pour ne parler que de la « messa’heket » (en suivant en cela le Rambam).

Mais voir Ba’h, Beth Shmouel, ‘Helkat Me’hokek, Baer Heitev, Taz, etc. pour qui la compréhension du Rav Karo ne tombe pas sous le sens (ils parlent donc d’une éventualité de Dibour, sans S’hok).

Voyez le Ritva (Ktouvot 72b) pour qui Messa’heket est « Lav Davka ».

Voyez encore l’explication du Maharam Shif (ad loc) sur la Ma’hloket entre Ravina et Rabanan, selon lui, pour Rabanan, Messa’heket est « Lav Davka », l’idée est qu’elle parlerait « trop » avec les hommes. (voir aussi Shita Mekoubetset Ktouvot 72.)


J’ai déjà lu des auteurs qui ont tenté d’établir des règles bien précises autour de cette notion, en distinguant les paroles autorisées des interdites, je dois dire qu’ils ont –selon moi- lamentablement échoué dans cette entreprise.

C’est ce qui arrive aussi à ceux qui tentent de fixer des règles immuables et d’une précision mathématique sur des sujets aussi délicats et subtils que la Tsniout, thème qui relève plus des sentiments et des Midot que du code civil.

Je ne vais donc pas vous donner une liste de phrases autorisées, je me contenterai de dire que globalement l’idée est qu’il ne faut pas qu’un dialogue (quand bien même court) entraîne un Kirouv Hadaat ou un sentiment de ‘Hiba.
La politesse est licite, mais il faut savoir faire le tri.

Voyez le Sefer Ha’hinoukh (§188) la règle est qu’il ne faut rien faire qui amène aux hirhourim interdits.

(Dans les Gmarot déjà, on retrouve différentes positions et situations, on comprend qu’il est ardu de donner une règle figée).

Bref, il faut faire usage de bon sens.

Pour ce faire, il faut aussi se documenter et réfléchir aux différents textes des ‘Hazal sur ce sujet, les combiner et en tirer une « ambiance générale », pour savoir comment agir le moment venu en fonction de chaque situation.

Même ce qui vous semble évident, je cite: «Demander à la femme mipne darke shalom comment elle va, c'est permis », peut ne pas l’être et si vous regardez la Gmara Kidoushin (70b) et le Shoul’han Aroukh (E’’H, §XXI, 6) vous serez étonné : « ein shoalim bishlom isha klal » !

Là aussi, il faut faire preuve de bon sens et ne pas prendre ça comme une « gzeirat hakatouv » ; si la shéilat shalom n’entraîne aucun kirouv daat, car ce n’est qu’un usage de politesse, ce sera autorisé.

Comme je sais qu’il y a toujours des personnes qui s’étonnent que l’on puisse parfois faire appel au bon sens en matière de halakha et qu’il y aura aussi dans mon lectorat des partisans du « tout est gzeirat hakatouv » car « chaque mot de la gmara a été transmis au Sinaï tel quel», j’ajouterais que certains auteurs et commentateurs du Shoul’han Aroukh écrivent cette idée avant moi (et dès lors, il y a aussi une « gzeirat hakatouv » dans mon sens), voir :

Aroukh Hashoul’han (E’’H, §XXI, 8),

Ezer Mikodesh (E’’H, §XXI),

Netivot Shalom (E’’H, §XXI, 20),

Maharam Shik (E’’H, §53)


Ce dernier indique le Tosfot dans Kidoushin (82a) qui –déjà- montrait que ces lois ne relèvent pas du registre de la Gzeirat Hakatouv.
(Voir aussi le Ritva en fin de Kidoushin)

Rav Elyashiv disait qu’appeler une femme par son prénom (de nos jours) constitue déjà un Kirouv Hadaat à éviter.
Il faut savoir comment appliquer cette règle, par exemple vous pouvez appeler votre belle-sœur (dont vous parliez) par son prénom.

Toute personne correctement sensible à la Tsniout sait remarquer lorsque l’utilisation du prénom est un problème.
Et les autres (ceux qui sont mal intentionnés ou ceux dont la sensibilité est mal réglée), utiliseront le prénom même lorsque ce n'est pas convenable, ou l'inverse, refuseront de l'utiliser malgré que cela puisse être vexant pour la femme concernée.

La règle à retenir sera donc: le bon sens, les bonnes midot et l'honnêteté intellectuelle.
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