je vous cite et réponds au fur et à mesure :
Citation:
Je voudrais, si vous êtes d'accord, connaître votre opinion concernant certains livres, pour savoir si vous connaissez ces livres, si ça vaut le coup de les lire, s'il n'y a pas de risque à craindre en les lisant, si les écrits sont fiables, est-ce qu'ils sont adaptés à tout le monde etc.
Vous avez l’air de croire que j’aurais lu tout ce qui est publié sur la planète au point de pouvoir en donner mon avis. Je ne lis pas beaucoup de livres en français, mais pour vous, je vais essayer de vous dire ce que je peux.
Citation:
Voici les titres :
Aux origines du Judaïsme ;
Je ne l’ai pas lu.
Mais le sujet ne nécessite pas tellement de se soucier d’une éventuelle crainte, vous ne risquez pas de vous faire tromper par sa lecture si vous prenez ce livre pour ce qu’il est et non pour une révélation du Sinaï.
Citation:
Dieu n'a jamais voulu ça ;
Livre du lord et
grand rabbin Sacks, je ne l’ai pas lu non plus, mais je ne crois pas que des risques de devenir Apikoros à sa lecture soient à craindre -tant qu’on n’est pas totalement givré.
Citation:
Juifs d'ailleurs : Diasporas oubliées, identités singulières ;
Bon, là, ça n’a plus rien à voir avec la théologie, on ne va pas censurer le Bescherelle non plus quand même ?
Citation:
La Dignité de la différence : Pour éviter le choc des civilisations ;
Là aussi,
grand rabbin Sacks. Et je ne l’ai pas lu.
Citation:
La Loi du secret ;
L'Esprit de la kabbale ;
ces deux-là sont de
Julien Darmon, moi j’aime bien, mais ce n’est pas forcément le type de livre qui va intéresser tout le monde.
Citation:
Les Juifs dans le Coran ;
je ne connais pas. C’est récent ?
Citation:
Les Juifs présentés aux Chrétiens (textes de Léon de Modène et de Richard Simon) ;
J’aime beaucoup.
L’auteur (de la première partie) est un Talmid ‘Hakham italien très intéressant
(l’auteur de la seconde n’est pas juif).
Je crois que j’en ai déjà parlé sur techouvot, c’est
Rabbi Yehouda Arié de Modène.
Voyez ici :
https://www.techouvot.com/rav_yehouda_arie_de_modene_et_amulettes-vt8028612.html
et là :
https://www.techouvot.com/rav_yehouda_arie_de_modene_et_theatre-vt8028610.html
et là :
https://www.techouvot.com/cours_du_simanei_hashas-vt18945.html
Je crois que j’ai déjà écrit à propos de ce livre, mais je ne sais plus où.
Ah, si, j’ai trouvé, c’est là :
https://www.techouvot.com/livre_de_vulgarisation_sur_le_judaisme_notre_sainte_torah-vt17716.html
Citation:
« Les Juifs d'Italie à la Renaissance » ou « La Polémique chrétienne contre le judaïsme au Moyen Âge » (livres de la collection « présences du Judaïsme »).
Oui, intéressant.
Il y a quelques erreurs, par exemple :
p.11 où il fait remonter la présence des juifs à Rome à 15 siècles, mais c’est plus ancien que ça, des Tanaïm y habitaient comme rabbi Matthieu
(Sanhedrin 32b) et d’autres.
A défaut de la lecture du Talmud, on trouve aussi l’idée chez
Flavius Josèphe et je crois que tous les historiens s’accordent sur ce point, il y avait des communautés juives à Rome il y a plus de 15 siècles -et même vingt !
p.18, il attribue une idée aux juifs de l’époque de la Haskala, alors qu’elle est déjà écrite des siècles avant par différents auteurs rishonim et A’haronim.
p.27 il écrit que les textes écrits de la Kabbala émergent vers le XIIème siècle, c’est plutôt le XIIIème siècle et même vers sa fin.
p.34 et p.75 il parle de yiddish à l’époque de
Rav Elia Ba’hour, le yiddish n’existait pas encore, les juifs parlait l’allemand, c’est peu après, suite à la ghettoïsation des juifs que leur langue a évolué différemment de celles des non-juifs.
p.46 il dit que le
Meor Enayim ne fut pas cité dans les générations immédiatement suivantes. C’est faux. Le
Maharal et je crois aussi le
Maharsha le mentionnent.
p.76 il écrit que
R. Elia Ba’hour habitait dans un couvent pendant 10 ans, je crois que c’est une erreur et il faut dire 13 ans et ce n’est pas dans le couvent mais dans les propriétés du cardinal de Viterbe (ça aussi j’en ai déjà parlé sur techouvot, ici :
https://www.techouvot.com/manger_avec_des_goyim-vt14514.html
mon message du 2 mars 2012).
Bref, vous devinez qu’il y a encore d’autres petites erreurs de ce genre.
Voilà, sinon, c’est un livre intéressant, comme le sont souvent les ouvrages d’
Alessandro Guetta.
Mais comme il ne s’agit pas d’un Talmid ‘Hakham, il y a forcément des petits détails qui trahissent de terribles lacunes, comme par exemple -
page 193- lorsqu’il retranscrit le nom du livre
מצרף לחכמה ainsi :
Metsaref la-hokhma.
Ce n’est pas
Metsaref mais
Matsref (qui veut dire autre chose, ça change le sens, Metsaref voudrait dire « qui additionne/rattache la sagesse », alors que c’est Matsref : « le creuset de la sagesse »).
Ou encore -
page 195- il retranscrit Iggerot
shelamim.
Il faut dire
Shlomim.
(Shlamim c’est comme le Korban Shlamim. Mais Shlomim -milashon Shalom- c’est comme Igrot Shlomim, des lettres et correspondances « de paix », de discussions apaisées).
Et -
page 207- il écrit
Masoret ha-masoret, là encore cela indique qu’il n’en comprend pas le sens, c’est
Mesoret ha-masoret qu’il faut lire (avec un Sheva sous le premier Mem).
Quand l’auteur ne comprend pas bien l’hébreu, on se doute qu’une très grande partie de ce qu’il rapporte dans son livre ne représente pas une investigation personnelle dans la littérature rabbinique, mais il ne fait que rapporter ce que d’autres ont écrit, souvent sans pouvoir vérifier vraiment...
(d'où des erreurs et imprécisions sur le sens aussi.)
Sa méconnaissance de l’hébreu l’aurait même poussé à écrire -
page 112 : «
les mitswot pouvaient être comparés » au lieu de «
comparées »…
A moins que ce soit volontaire, une sorte d’orthographe de traducteur qui mettrait tout mot étranger au masculin ?
Voire une simple faute d’orthographe (pour le coup involontaire), un peu comme les fautes que vous trouverez en
page 145 (en bas) «
personne n’osait se prononcer… craignant qu’on dise qu’ils s’étaient fait soudoyer… » il faut corriger «
qu’il s’était », car ‘personne’ est un singulier.
Ce qui me fait penser à une autre erreur, où pour le coup personne est un féminin : en
page 169, il écrit «
mais de personnes qui n’ont fait que raconter ce qu’ils ont entendu », il faut corriger «
ce qu’elles » , car des personnes c’est féminin.
Personne n’est parfait
(au masculin) et je ne suis pas du tout un spécialiste de l’orthographe de la langue française, mais a priori ce sont des erreurs.
Voir aussi en
page 176 «
péripéties dans lequel entre en jeu… », c’est plutôt «
dans lesquelles ». à moins qu’il ait oublié de mettre une virgule après péripéties, ce qui changerait un peu la phrase.
Il ne s’agirait alors que d’une faute de frappe, un peu comme en
page 89 où nous trouvons « Eli ‘ezer » en deux mots.
Mais n’allez pas croire que si je me suis un peu laissé aller à vous indiquer des erreurs dans ce livre, cela voudrait dire que les autres en seraient exempts, loin s’en faut !
(ou: loin sans faux 😊 )
Au contraire, c’est parce qu’il y en a peu que cela est aisé, s’il fallait vous indiquer les erreurs d’autres titres, ça serait plus long.
Par exemple concernant «
Les Juifs présentés aux Chrétiens » dont vous parliez , vous trouverez des fautes d’orthographe en
pages 27, 38 x 2, 40, 49, 50, 72… et dans la seconde partie aussi,
p.153, 173, 176.
Et les fautes de frappe sont aussi nombreuses,
pages : XXX, XLV, 23, 28, 40, 75, 76, 78, 123 et dans la seconde partie
pages 149, 159.
Quant aux remarques et erreurs, il y en a plusieurs dizaines à signaler.
Mais ça reste un livre que j’ai beaucoup aimé.
Cependant, la question est de savoir s’il y aurait un quelconque danger à la lecture de ces livres et je ne le pense pas.
Pour celui qui a été éduqué en mode « Méa Shearim », sans jamais rencontrer le monde séculier d’aucune manière que ce soit, coure un risque lors de tout contact avec ce monde-là, car tout son judaïsme repose sur l’absence de confrontation avec le monde ‘hol.
Je ne vous connais pas, mais un lecteur de Techouvot sur internet, ne correspond pas au profil surnommé « Méa Shearim », il ne devrait donc pas y avoir de risques majeurs, tant que vous gardez la tête claire et êtes conscient que ces auteurs ne sont pas forcément à 100% dans le style que vous recherchez.
S'il y a des éléments de Halakha ou de Hashkafa qui vous surprennent, parlez-en avec votre rabbin qui vous expliquera peut-être que vous avez raison, ou tort, mais l'idée est de considérer ces livres comme des livres 'hol et non des Sifrei Kodesh.
Voilà, je n’ai pas le temps de me relire, c’est Min Hashamayim, ça rendra plus facile les fautes de frappe et d’orthographe dans mon message, pour venger Alessandro Guetta 😊