Citation:
J'ai entendu de mon Rav que le Rav Chaim Kanievsky n'a pas été frappé par l'ange de l'oubli et c'est pour cette raison qu'il n'oublie jamais un hidoush de la torah. Il se souvient même des ah'nonimes et il comprend même le sod des livres de kabala les plus obscures
Une telle chose est-elle possible? C'est un grand en Torah mais que l'ange de l'oubli l'ai oublié??
Que puis-je vous dire ?
Je n’y crois pas.
Voyez le sefer
« Hasfarim shel hagra’hak » (p.73) où vous constaterez que
Rav Kanievsky a oublié un de ses propres ‘hidoushim imprimés dans son
Taama Dekra !
(Sefer au sujet duquel il a dit que de la même manière que ces ‘Hidoushim lui sont venus facilement, il les oublie aussi facilement).
Et quant à comprendre le Sod des Sifrei Kabala les plus obscurs, voyez le même livre
(en p.86) où
RHK dit ne rien comprendre au Sodot du sefer
Reziel Hamalakh…
Sans exagérer,
Rav Kanievsky est assurément un grand Baki, mais votre Rav est, en exagérant, un grand fabulateur 😊.
C’est certainement son admiration pour la Bekiout du
Rav Kanievsky qui lui a fait tenir de tels propos, mais sur le fond, c’est vous qui avez raison.
Rav Kanievsky est un homme et il peut oublier des choses.
Je dirais même qu’il peut oublier des ‘Hidoushei Torah plus que les autres -et c’est normal car il en connait plus que les autres, il a donc plus de choses qu’il peut oublier ; celui qui ne connait qu’une Massekhet, ne peut pas oublier plus de Torah que ça.
Mais un grand Baki qui connait énormément de Torah est souvent amené en oublier (sur le coup) des détails, qui lui reviennent parfois un peu après.
Rav Kanievsky est largement assez épatant pour sa bekiout, il est inutile de créer des légendes à son sujet, surtout si elles sont contredites par lui-même ou son entourage.
Rav Kanievsky disait lui-même qu’il oubliait très rapidement les ‘hidoushim qui lui étaient venus très facilement. Je suppose que de nombreux Talmidei ‘Hakhamim connaissent le même phénomène.
Il y a aussi un phénomène voisin, lorsqu’un Talmid ‘Hakham produit beaucoup, au bout de quelques années, il est naturel qu’il oublie une partie de ce qu’il a lui-même écrit.
On voit ça avec le
Yaabets ou
Rav Shlomo Kluger, qui ont beaucoup écrit et sur des dizaines d’années, et il y a des contradictions d’un livre à l’autre.
Il y a plusieurs légendes à propos du Malakh de l’oubli qui aurait oublié quelqu’un, mais généralement c’est au sujet d’enfants qui semblent pouvoir réciter énormément de Torah qu’ils n’ont jamais eu l’occasion de lire.
Voyez le
‘Hayei Olam du
Steipler (I, §12) à propos d’un enfant de 4 ans en 1955
(je pense qu’il faut corriger 1954) qui récitait le Shas et les Rishonim.
Il ne le nomme pas, mais il s’agit du petit
Israel Moshé Mendel, d’une famille de ‘Hassidei Tsanz de Netanya.
Voir la
préface du Yadot Ephraïm dans sa nouvelle édition (éd. 2009).
Voir encore ce que j’ai écrit dans
Safa Leneemanim (Varsovie 2021, p.68) pour repousser la preuve que le Steipler voulait tirer de cela concernant les Guilgoulim.
Voir aussi un peu plus haut
(p.67) où je rapporte une autre histoire impliquant le
Rabbi de Gour, citée par le
Rav Mordekhaï Eliahou au nom de
Rav Tsadka.
Pour en revenir à
Rav Kanievsky, il est important d’avoir le courage de reconnaitre que s’il avait le Shas Bavli/Yeroushalmi et tous les Sifrei ‘Hazal « en poche », c’est parce qu’il les révisait constamment, pas parce qu’il aurait échappé au Malakh et serait doté d’une mémoire eidétique malgré lui.
C’est une tendance à vouloir s’affranchir du joug du Limoud et se donner bonne conscience qui nous pousse à vouloir attribuer des pouvoirs surhumains aux Talmidei ‘Hakhamim.
Ainsi, on se dit, c’est impossible de connaitre le Shas, mais lui le pouvait car il avait une mémoire infaillible.
La première objection qu’il faut se faire, c’est que même en ayant doté de la meilleure mémoire au monde, on ne peut pas aisément se souvenir de ce qu’on n’a pas lu au moins une fois. Donc commençons déjà par étudier UNE fois ce que
Rav Kanievsky a étudié des dizaines de fois…
