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E2626-1 :
Citation:
Re-bonjour, en effet vous avez +/- pointé le personnage, en tout cas pour ce qui est de l'intérêt du forum. J'ai lu (je l'avoue, en diagonale...) ce que vous écrivez sur les messages que vous avez rédigé, et en effet lorsqu'on connaît (faut-il encore avoir un minimum de critique sur ce qui nous entourne sans en être happé) le 'terrain' en Israël, on se rend compte que c'est tout simplement la situation.
Disons que pour le livre c'est un débat sans grandes Nafk"m, et disons que chacun décidera de lire ou non certains livres, et jouera aux échecs ou au solitaire, dans la limite du raisonnable !
Mais j'aimerai avoir votre avis sur ma dernière question
(Je me recite, je n'ai pas réussi l'option 'citer' comme vous le faites avec brio.)
Si vous êtes d'accord que le Gadol n'a pas necessairement à être adulé et à être rendu parfait, comment pensez-vous qu'en Israël il serait possible d'éduquer nos enfants avec un recul sur ce système établi depuis déjà assez longtemps..?
Je m'explique un peu ; je crois qu'aujourd'hui pour éduquer un enfant équilibré dans son environnement (surtout en Israël où le principe de 'kehila' et de système est extrêmement important, contrairement à la France où le côté 'famille' peut être un facteur écrasant si le 'hinou'h est suivi à la lettre, l'enfant pourra MOINS se retrouver à chercher ailleurs), il faut qu'il ne sente pas marginal.
Si les parents répètent qu'il n'est pas comme les 'israéliens', il ne sentira pas avoir une place, et sa "fierté" que les parents lui ont transmise se transforma rapidement en "complexe" (si les parents n'en sont déjà pas les vecteurs de celui-ci).
Il est possible de se transformer en 'Ben Teyré', oublier sa provenance, et s'immiscer dans le 'black Bne Brak', et si on a des moyens (sous plusieurs sens du terme...), faire rentrer ses enfants dans les mosdot yeshivish. Le fils n'aura plus de français que le 'comme si comme ça'. [Remarquons que sur le terrain, à Bne Brak ou à Jéru, il y a pas mal de Rabbanim français qui ont procédé de la sorte, et qui ont leurs enfants, totalement israéliens certes, mais, qui ont réussi dans leur structure.
Passons à ce qui est du plus délicat : le français qui pense/veut pouvoir relever le défi de jouer sur les 2 plans, de permettre à son enfant de le faire profiter de l'ouverture qu'il a eu lui en tant qu'adolescent, ouverture qui lui a permise d'arriver là où il en est.
La confrontation se fera sentir lorsque l'enfant reviendra du 'heyder avec des phrases toutes faites, et des nayess qui choquent un français classique etc, et (pour justifier le titre 'making of a godol') qui sera à son tour celui qui adulera les Gdolim sans vraiment comprendre les choses. Le parent se voir alors en décalage avec son fils. Et c'est bien LA que je repose ma question ; quel(s) conseil(s) donneriez-vous ?
Je sais que certains diront qu'il faut rentrer en France, mais niveau qualité de limoud, il n'y a pas photo... Vous avez certes opté (enfin j'ose me prononcer, c'est peut-être/surement la vie qui vous y a mené, je ne veux pas commettre de mauvaises estimations) pour l'option France, malgré que vous ayez connu ET Israël, ET les Etats-Unis, mais je pense que vous avez malgré tout une petite idée sur la question, et vos conseils pourraient être des meilleurs.
[Je sais qu'une prise de contact rendrait le conseil bien plus bénéfique, mais disons que pour le moment ce n'est pas faisable, si je rentre en France bientôt espérons avoir le mérite !]
En vous remerciant !
Vous avez à moitié raison sur mon choix personnel ; j’ai choisi de quitter Israël, mais c’était pour partir aux USA que j’ai finalement dû quitter sept ans plus tard, à contre cœur, pour des difficultés de Parnassa et -surtout, parce que l’INS (Immigration and Naturalization Service) en avait marre de prolonger mon visa étudiant.
Je suis donc rentré en France car on m’y proposait différents postes de Maguid Shiour, c’est à la Yeshiva (qui n’existe plus depuis) du centre Alef que j’ai finalement atterri.
Mais si j’avais pu rester aux USA, j’y serais resté.
Par contre, pour Israël, c’était -à l’inverse- un départ idéologique/hashkafique, en dépit des difficultés financières inhérentes au statut d’Avrekh étranger aux USA ; ma Parnassa était bien mieux garantie en Erets, tout comme pour le travail de mon épouse.
C’est pour le Limoud et pour l’éducation des enfants que j’ai quitté Israël.
Ce qui fait que je suis sûrement mal placé pour pouvoir vous conseiller, car ces réflexions qui vous préoccupent m’ont amené à décider, il y a maintenant plus de trente ans, que j’aurais du mal à éduquer mes enfants en Israël.
Aussi, il faut souligner que j’étais à Bnei Brak, je ne connaissais pas très bien chaque quartier de Jérusalem et son ambiance.
Ce n’est pas comparable.
De plus, la vie y a considérablement changé durant les dernières décennies (positivement sur certains points et négativement sur d’autres).
Bref, que puis-je vous dire si ce n’est que j’ai refusé de devoir choisir entre faire de mes enfants des israéliens dans l’esprit, ou leur faire vivre une marginalisation hashkafique, les deux options étant -pour moi- nocives pour la Avodat Hashem des enfants. Je ne dis pas que tous les enfants éduqués en Israël sont forcément mal éduqués, je dis que -me connaissant, je ne me considérais pas capable de leur donner un bon ‘hinoukh en devant lutter contre les influences extérieures israéliennes.
Chaque pays a ses problèmes et difficultés, aux USA aussi il y a des difficultés propres au pays qui rendent le ‘Hinoukh plus difficile sur certains points, mais je me sentais capable d’affronter ces difficultés avec bien plus de réussite que les difficultés liées à l’éducation israélienne.
Aux USA aussi mes enfants savaient que nous étions différents, mais se savoir différent n’est pas problématique comme ça l’est pour un enfant en Erets (quartiers frum), où chacun se mêle de la vie du voisin avec très peu de tolérance religieuse.
Idem pour la France, où il est aussi très dur d’éduquer des enfants frum, mais le danger me paraissait, pour mon cas, moins conséquent.
En Israël, au vu des problèmes auxquels vous faites allusion, et qui me font comprendre que vous êtes un jeune Avrekh, vous n’avez pas encore d’enfants en âge de rencontrer les autres soucis qui arrivent : il faut aussi tenir compte des difficultés après le ‘Heyder, il y a la Yeshiva Ktana, puis la Gdola et enfin les Shidoukhim.
A chacune de ces étapes, votre éventuelle marginalisation risque de vous/leur porter préjudice.
Certains parents n’en prennent conscience que le moment venu, lorsque les aînés ont déjà 13 (ou 17) ans, et se rendent compte qu’ils ne peuvent plus changer de pays car leurs enfants sont déjà trop grands (et ne pourront pas intégrer une école en France ni ailleurs).
Et je ne vous parle pas des difficultés ajoutées aux Sfaradim s’ils sont dans un environnement Yeshivish de type Bnei Brak.
Même en étant parfaitement sur la ligne idéologique des autres Bnei Brakim, un Sfarade rencontrera des difficultés à faire accepter ses enfants dans les Yeshivot Ashkenazes.
Mais si vous avez un patronyme Ashkenaze, cela ne vous concerne pas
(à moins que votre épouse soit née Sfarade, ça peut aussi vous jouer des tours, notamment à l’heure des Shidoukhim).
J’ajoute encore une autre difficulté pour moi: la situation en Israël a beaucoup changé durant les récentes décennies et je ne connais donc pas bien le terrain.
En bref, sans vous connaitre et au vu de mon parcours, je ne me sens pas très bien placé pour vous conseiller.
S’il y a un point qui me parait assez clair, c’est que la majorité de ceux qui ont voulu faire de leurs enfants "des petits français rebelles", n’ont pas réussi dans leur entreprise.
Les enfants ont besoin de grandir dans un environnement stable, non-hostile, c’est seulement plus tard, une fois qu’ils se sont formés dans la sérénité, qu’ils peuvent être amenés à développer un esprit critique.
Mais on ne peut pas éduquer un enfant dans la critique sans craindre un dérapage.
Cette réflexion encouragerait à éduquer les enfants comme des israéliens les premières années et leur apporter une ouverture critique vers l’âge de 14-17 ans en fonction de leur maturité.
Vous me direz que c’est un pari dangereux, car une fois éduqué en israélien jusqu’à cet âge, ça risque d’être irréversible.
Je vous répondrais deux choses :
a) C’est vrai mais tenter autre chose, en Israël, me parait encore plus hasardeux.
b) D’un autre côté, même en l’éduquant en mode israélien, votre côté français atténuera toujours le côté excessif des parents israéliens et votre enfant ne sera pas aussi israélien que ses camarades.
Je répète qu’il n’y a là qu’une ébauche de réflexion d’une personne assez mal placée pour vous conseiller. Faites-en bon usage.
Et vous devriez tout de même pouvoir trouver des personnes plus qualifiées que moi sur place, c’est tout de même le pays des rabbins, non ?