Citation:
La question est la suivante : de quelle couture parle-t-on pour les mezouzotes?
C’est une très bonne question.
Mais il faut préciser que c’est surtout suite au commentaire de
Rashi qu’elle se pose.
En effet, à la lecture simple de la Gmara, on pourrait encore expliquer que les Mezouzot ne sont pas concernées par la couture, car la Mishna dit qu’il n’y a que « telle » différence entre d’une part la Torah et d’autre part les « Tfilines Oumezouzot », donc la Gmara en déduit que ces deux groupes ne présenteront pas de différence au sujet de la loi qui impose d’utiliser des nerfs
(Guidin) pour les coudre, c-à-d que pour le Sefer Torah aussi il faudra utiliser des nerfs et non du lin.
Mais rien ne nous oblige à dire que cette loi concerne aussi les Mezouzot, qui elles ne nécessitent pas de couture.
C’est juste que la Mishna qui ne mentionne pas de différence entre ces deux groupes concernant l’obligation d’utiliser des nerfs, laisse entendre que le Sefer Torah nécessite aussi des nerfs pour ses coutures, comme pour les Tfilines. Le fait que les Mezouzot fassent partie du groupe des tfilines n’implique pas qu’il faille les coudre.
Cependant,
Rashi écrit explicitement que la Halakha Lemoshé Mi-Sinaï imposant l’usage de nerfs
(Guidin) pour la couture concerne les Tfilines ET les Mezouzot.
Donc la question se pose, au moins sur
Rashi.
Vous constaterez sur la page que
Rabbi Akiva Eiger indique un renvoi au responsa
‘Havot Yaïr (§192, 13).
Il s’agit de votre question, posée par le
rav Bakhrakh qui s’étonne que
Rashi puisse parler de coutures au sujet des Mezouzot
(et il reste en question -Tsarikh Iyoun).
Le
Rav Reouven Margulies (Nitsotsei Or -daf 47c) écrit avec une certaine assurance que le mot «
OuMezouzot » s’est infiltré par inadvertance
(par un copiste non zélé) dans le commentaire de
Rashi et qu’il faut l’en effacer.
Le
‘Havot Yaïr n’a soulevé cette question qu’en passant, ce n'était pas son sujet, on peut comprendre qu’il l’ait laissé en suspens, mais pour
R. Akiva Eiger, c’est étrange, car il ne semble pourtant pas sorcier d’y répondre !
Il suffirait d’expliquer que la Halakha s’applique aussi aux Mezouzot et donc que SI nous avons besoin de coudre une Mezouza, on n’utilisera que des Guidin (et non du lin).
Par exemple si le parchemin d’une Mezouza se déchire et qu’on souhaite la réparer, il faudra veiller à utiliser des Guidin comme pour les coutures des tfilines.
Ou encore, si l’on dispose de deux petits bouts de parchemin et qu’on souhaite les coudre afin d’écrire une Mezouza, il faudra utiliser des Guidin.
C’est d’ailleurs ainsi que le
Ritva explique notre Souguia.
Il y a certes des Rishonim qui considèrent qu’on ne peut pas coudre deux morceaux de Mezouza
(=qu’elle serait alors invalide), c’est ce qui semble être l’opinion du
Rambam (Tfilin V, 1), mais rien ne nous empêche de dire que
Rashi pensait autrement -comme le pense le
Ritva.
De plus, il est à noter que
R. Akiva Eiger lui-même
(Shout I, §213) écrit que même pour le
Rambam, ce qui est invalide c’est si le texte est écrit
avant la couture, mais coudre deux parchemins vierges afin d’y écrire
ensuite une Mezouza resterait acceptable.
Nous pourrions donc justifier cette Halakha concernant les Mezouzot.
Toutefois, le
Rosh Yossef pose aussi la question sur
Rashi et semble refuser d’envisager que le Halakha Lemoshé Mi-Sinaï puisse venir parler d’un tel cas, car une Mezouza -a priori- ne nécessite pas de couture.
Nous concernant, on peut largement se reposer sur le
Ritva et considérer que telle était l’opinion de
Rashi et votre question est répondue.
D’autant que c’est ce que nous trouvons dans
Tosfot Mena’hot (32a, sv. Dilma) pour qui
Rashi considérait qu’une Mezouza composée de deux parchemins cousus est valide.
Ce
Tosfot est indiqué par le
Rashash pour répondre à la question du
‘Havot Yaïr.
(Voir pourtant le Keren Ora sur Mena’hot 32a, mais on pourra s’arranger malgré tout).
Par manque de temps, je ne me relis pas, j'espère avoir été assez clair et ne pas avoir laissé passer trop de fautes d'orthographe/frappe.