Je ne le pense pas.
J'ajoute à ce sujet que Maïmonide introduit son traité sur les lois concernant l’idolâtrie par cet aperçu historique : « A l’époque d’Enoch, les hommes tombèrent dans une grave erreur. L’esprit des Sages de cette génération s’égara et Enoch lui-même était parmi les égarés. Puisque, disait-on, Dieu a placé les étoiles et les astres clans les hauteurs célestes pour régler la vie sur terre, qu’il leur a donné éclat et splendeur et en a fait ses premiers serviteurs, il convient de les glorifier et de les honorer. Car Dieu entend que ceux qu’il a rendus grands et glorieux, soient vénérés par les hommes, tel un roi qui veut voir honorés ceux qu’il honore. Dès qu’ils eurent conçu cette idée, les hommes construisirent des temples en l’honneur des astres, leur offrirent des sacrifices, les célébrèrent par des hymnes, se prosternèrent devant eux, pour obtenir la bienveillance divine à l’égard de leur conception erronée. Telle fut l’origine de l’idolâtrie, Les païens des origines n’affirmaient pas qu’il n’y eût que des astres et point de Dieu. Le prophète Jérémie témoigne que tous les hommes savaient jadis que l’Eternel était seul Dieu, mais ils s’imaginaient que le culte des astres était sa volonté (X, 7-11). Par la suite, ce culte dégénéra en paganisme et superstition, sous l’influence de faux prophètes, qui prétendirent avoir reçu des révélations ou des messages divins. On commença alors à adorer les étoiles et les astres, ensuite toutes sortes d’autres forces de la nature, puis de simples objets et des images, finalement des statues de pierre et de bois, en leur attribuant des pouvoirs magiques. On oublia peu à peu le nom de Dieu, exception faite de quelques esprits d’élite, tels que Enoch, Mathusalem, Noé. Chem et Eber. Cette situation se poursuivit jusqu’à l’avènement d’Abraham... »
Le rabbin Elie Munk (La voix de la Thora vol. I, p. 57) complète cette citation par les remarques suivantes :
Cet exposé de l’évolution historique confirme les résultats des études contemporaines qui conduisent à la conviction de plus en plus générale que l’adoration d’une Divinité suprême régnait dès la genèse de l’humanité. De nombreux arguments et certaines antiques traditions babyloniennes et grecques corroborent la théorie de l’existence primitive du monothéisme qui, par la suite, a graduellement dégénéré. Elle réfute d’une façon convaincante le schéma de l’évolution historique fort répandu : fétichisme - polythéisme - monothéisme ou : animisme - polythéisme - monothéisme. Cette constatation revêt une importance particulière parce qu’elle s’identifie à la source historique la plus pure des traditions primitives, selon laquelle le polythéisme ne fut rien d’autre que la forme dégénérée de la croyance monothéiste originale.