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Meguila et couvre feu

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danielB
Messages: 3
Shalom Rav,

On est obligé de lire/écouter la meguila le soir et le jour.
Seulement cette année la nuit tombe vers 19:00 (voire plus tard) et le couvre-feu est en vigueur depuis 18:00.

Malheureusement, pas tout le monde a une meguila kasher à sa porté et saurait la lire...

Comment faire cette année?
On la rate simplement, par "force majeure" ?

Merci beaucoup !

Daniel
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Citation:
On est obligé de lire/écouter la meguila le soir et le jour.
Seulement cette année la nuit tombe vers 19:00 (voir plus tard) et le couvre feu est en vigueur depuis 18:00.
Malheureusement, pas tout le monde a une meguila kasher à sa porté et saurait la lire ...
Comment faire cette année?
On la rate simplement, par "force majeur"?!


Non, rater la Meguila ? surtout pas !

Ceux qui peuvent la lire à la nuit chez eux avec une Meguila Ksheira et en sachant la lire sans faire de fautes compromettantes, ont une solution.

Mais la grande majorité des juifs n’ont pas de Meguila et ne savent pas la lire.

Le Plag (à Paris) est vers 17h21, ça permettrait de faire Arvit à ce moment et lire immédiatement la Meguila ensuite (pour terminer vers 18h -un léger retard est toléré et n’est pas considéré comme une infraction au couvre-feu), mais ce n’est pas évident sur le plan halakhique.

L’option de lire dès le Plag ne semble pas idéale dès lors que certains (le Pri ‘Hadash en tête) considèrent qu’on ne s’acquitte pas de la Meguila si on en a commencé la lecture avant la nuit.
Pourtant, le Shoul’han Aroukh (O’’H §692, 4) l’autorise en cas de besoin, en se basant sur des Rishonim (qu'il cite dans son Beit Yossef).

Mais plusieurs A’haronim ne le suivent pas, comme le ‘Hayei Adam et d’autres, voyez le Mishna Broura (§692, sk.14) et le Biour Halakha (ad loc).
La conclusion du Mishna Broura est tout de même de l’admettre « Beshaat had’hak », mais ce n’est pas du « Lekhat’hila ».

J’en ai parlé avec des rabbanim avec qui je suis en contact ; Rav Dovid Kohn de Flatbush m’a dit qu’il reste préférable de la lire à la nuit, même seul, si on en a les moyens (Meguila + savoir la lire) et si l’on peut se regrouper en Minian dans l’immeuble (=sans sortir dans la rue) c’est idéal.

Evidemment, nous ne sommes pas en Israël ni aux Etats-Unis.
Rares sont ceux qui disposent d’un minian dans leur immeuble ou dans leur famille.
Il me dit que si ce n’est pas possible, il faudra faire Arvit et la lecture dès le Plag.

J’en ai parlé aussi à rav David Yossef, il dit lui aussi qu’il faut faire Arvit et la lecture dès le Plag, et que son père, rav Ovadia Yossef (cf. Yabia Omer 1, o’’h §43) avait indiqué cette solution lorsque, sous le mandat britannique en Palestine, il y avait eu un couvre-feu imposé le soir qui rendait impossible de se regrouper à la nuit.

Selon lui, il est assurément préférable de faire au Plag et ne pas indiquer de faire à la nuit chacun chez soi, pour ceux qui arriveraient plus ou moins à lire la Meguila eux-mêmes, car cela entrainerait irrémédiablement que des juifs se tromperaient en lisant la Meguila sur des points rédhibitoires.

Je trouve qu’il y a une différence à imaginer entre le couvre-feu de cette l’époque et le nôtre qui semble plus souple puisque chacun peut s’écrire une dérogation, le gouvernement nous fait confiance.
Cependant, je ne suis pas persuadé du tout que cette distinction puisse porter à conséquence nous concernant, car même si notre couvre-feu est moins strict, ceux qui en abusent risque de commettre un ‘Hilloul Hashem.

On peut sortir en cas de besoin, mais pas pour se regrouper à plusieurs dizaines de personnes dans une synagogue.
Même si les forces de l’ordre n’interviennent pas, ça reste une infraction à la loi française (puisque ça ne respecte pas l’esprit du couvre-feu), nos concitoyens (juifs ou non-juifs) qui verront ça, nous jugeraient négativement -sans avoir vraiment tort.

Il insiste pour dire qu’on pourra -et devra- faire les Brakhot sans souci et que l’on ne doit pas s’en priver en raison de la règle (pourtant sacro-sainte dans l’esprit des rabbanim de la famille Yossef) qui stipule que Safek Brakhot Lekoula.


L’enjeu Halakhique tient compte d’un élément pour lequel les Rabbanim étrangers ne sont a priori pas les mieux placés pour trancher, il s’agit de savoir apprécier le potentiel aspect de ‘Hilloul Hashem qui pourrait résulter de lectures de Meguila à la nuit.

Voilà pourquoi je devine que certains rabbanim en France ne voudront pas tenir compte de la position de ces deux Rabbanim cités, en disant que ces étrangers (un américain et un israélien) peuvent naïvement croire qu’il est strictement interdit de sortir le soir, mais s’ils vivaient ici et voyaient que chacun sort pour toutes sortes de raisons futiles et qu’il n’y a presque pas de contrôles, ils comprendraient que la possibilité de ‘Hilloul Hashem n’existe que dans l’esprit de certains frileux.

Et certains ajouteront volontiers : …certains frileux qui manquent de Yirat Shamayim et de Messirout Nefesh pour la Torah, qui cherchent une petite vie pépère sans se fouler et sans se soucier de l’accomplissement parfait des Mitsvot. Puisqu’il y a des opinions qui invalident cette lecture, nous nous DEVONS d’être Ma’hmirim !

Je soulignerais innocemment que ces « Ma’hmirim » sont des Meikilim sur le ‘Hilloul Hashem…

A mes yeux, c’est celui qui n’est pas tétanisé à l’idée de pouvoir commettre un ‘Hilloul Hashem qui manque grandement de Yirat Shamayim.

Je sais qu’ils diront qu’ils ne le craignent pas car selon eux « il n’y a aucun risque de ‘Hilloul Hashem », mais je sais que c’est aussi ce que disaient tous ces nombreux juifs qui ont fait un ‘Hilloul Hashem mondial depuis le Canada, les USA, l’Angleterre, la Belgique et Israël (que ce soit en se regroupant massivement pour des mariages ou autre).

Ils estiment peut-être toujours ne pas s’être trompés et qu’il n’y a aucun ‘Hilloul Hashem, mais il est un fait indéniable : les juifs ont été critiqués dans plusieurs pays -et même en Israël où les religieux ont été terriblement condamnés par l’opinion publique et critiqués de toutes parts.

Bien sûr, ça ne veut pas dire que ceux qui critiquent ont raison sur toute la ligne, mais il suffit qu’il y ait une petite part de vérité pour qu’il y ait un ‘Hilloul Hashem sur lequel le Talmud (Yoma daf 86a) nous dit qu’il n’y a aucun moyen de se racheter aux yeux de D.ieu après avoir commis une telle Aveira, si ce n’est… la mort !
Le Talmud nous dit que même si cette personne fait une Tshouva parfaite ça sera insuffisant.
Ni la force de la Tshouva, ni Yom Kippour, ni même des souffrances (Yissourin) qui viendraient s’ajouter en sa faveur, ne suffiraient pour racheter cette faute, il faudra qu’il y ait la mort en plus de la Tshouva, de Yom Kippour et des souffrances.

Ça m’a l’air quand même un poil plus conséquent que de ne pas tenir compte de la Shita du Pri ‘Hadash en suivant (somme toute) l’avis du Shoul’han Aroukh sur une Mitsva Midivrei Kabala, voire Miderabanan (-pour la lecture du soir).

L’erreur vient souvent du fait qu’on imagine qu’une infraction du issour ‘Hilloul Hashem nécessite une action définie et précise, un acte flagrant qui ne pourrait qu’attirer la critique et jeter l’opprobre sur le Klal Israel.

Mais c’est faux.
Si l’on participe à convaincre des gens (ou les faire penser) un tant soit peu que le judaïsme ne serait pas une voie parfaite, que les juifs pratiquants seraient répréhensibles, qu’ils se comporteraient mal, qu’ils ne respecteraient pas les lois du pays, qu’ils ne participeraient pas à l’effort national pour endiguer l’épidémie, si UN seul juif décidait de ne pas se rapprocher de la Torah ou s’en décourageait à cause de notre démarche (qui serait réellement répréhensible, au moins de manière partielle), nous serions déjà dans le ‘Hilloul Hashem.

Voilà pourquoi je pense qu’il est souhaitable d’annoncer pour cette année Maariv au Plag, suivi de la Meguila. Même si en sortant de la lecture, ce n’est pas encore l’heure de la fin du Taanit.

Bien sûr, pour ceux qui possèdent une Meguila et qui peuvent lire en ayant l’assurance de ne pas se tromper, il vaudra mieux attendre la nuit et lire en famille.
(et ceux qui peuvent obtenir un minian sans enfreindre le couvre-feu, bien entendu, c’est préférable.)

Si on doute de sa capacité à lire correctement, on peut avoir un souffleur qui nous la lit à voix basse (et le lecteur lira à voix haute dans sa Meguila Ksheira).
Ce souffleur peut souffler depuis le téléphone ou en étant enregistré, du moment que le lecteur lui, lit dans une Meguila Ksheira (et sans téléphone/micro…).

Mais pour la majorité du Tsibour, il faut que la lecture soit fixée tôt (17h21 à Paris).

Si certains peuvent se regrouper en minian très restreint, qui respecte toutes les conditions sanitaires, à la nuit, pour lire la Meguila en minian dans un appartement discret, c’est très bien. Il faudra faire attention aux gestes barrière et comme je l’ai déjà écrit, il n’y a pas de réelle infraction à la loi dans ce cas.

Mais venir à la synagogue le soir, à 30 ou 80 personnes, hommes femmes et enfants (déguisés !), puis en ressortir vers 20h15, bruyamment et tous en même temps comme chaque année, ça ne risque pas de passer inaperçu et c’est une infraction à la loi, ça ne respecte pas le couvre-feu et nous devons respecter la loi française.
[voyez ce que j'ai écrit ici: https://www.techouvot.com/le_couvrefeu-vt8029390.html?highlight= ]


J’ai aussi requis l’avis d’autres Rabbanim, certains travaillent encore sur ce dossier à l’heure actuelle et j’attends leurs réponses, mais je viens d’obtenir celle de Rav Yaakov Méir Shtern du Beit din de Rav Wozner à Bnei Brak.
Hier, il avait demandé 24h pour creuser l’affaire sur le plan halakhique, ce matin il a donné sa réponse que voici retranscrite en hébreu puis traduite:

הפסק הוא ככה: מי שיכול לקרוא לבד בלילה, עדיף
ומי שאינו יכול לקרוא לבדו, המצב נחשב כ"שעת הדחק" של מסקנת המ"ב, וקובעים המניינים בפלג המנחה

« Voici le Psak : que celui qui peut lire lui-même le fasse chez lui à la nuit (vers 19h15 à Paris), pour ceux qui ne peuvent pas lire (ou qui n’ont pas de possibilité d’obtenir une Meguila…), la situation correspond à ce qu’on appelle « Shaat Had’hak », une situation délicate, difficile, qui autorise à lire dès le Plag selon la conclusion du Mishna Broura, et on fixe les Minianim au Plag (17h21). »


J’en ai parlé avec Rav Rottenberg qui accepte ce Psak et m’a indiqué qu’il avait entendu que Rav Moshé Shaoul Klein aurait formulé le même Psak.

Ça revient aussi au Psak de Rav Dovid Kohn, et ça ressemble beaucoup à celui de Rav David Yossef (qui, lui, encourage moins les lectures individuelles à la nuit, tout en reconnaissant que l’atout de la nuit est supérieur à celui du Minian, mais il craint que certains commettent des erreurs de lectures qui invalident).

Mais ces 4 Rabbanim indiquent tous que les Minianim doivent être fixés au Plag.

Bien sûr, si on peut faire un minian à la nuit sans enfreindre le couvre-feu, c’est préférable. Que chacun voie avec son rav ce qui peut être envisagé dans cet esprit.

Rav Rottenberg m’a encore indiqué que son grand-père dont il porte le nom (Rav Mordekhai Rottenberg), en 1942, lorsqu’il y avait un couvre-feu imposé par les nazis ( ימ"ש), avait décidé de faire les minianim au Plag mais de lire la Meguila SANS Brakha.

Je lui ai dit que Rav Ovadia Yossef s’opposait à cela, et lui en ai expliqué la Svara.
Il a admis que c’était aussi une bonne Svara.

Dans les faits, de nos 4 rabbanim israéliens et américain consultés, aucun n’indique de supprimer les Brakhot.

Selon eux, on fera donc ainsi :
Au Plag (17h21 à Paris) : Arvit. Immédiatement suivi de Meguila (avec les brakhot). En visant de finir vers 18h pour que chacun rentre chez soi dans le respect du couvre-feu.

Je termine en précisant que je ne viens pas imposer ce Psak, que chaque Rav de chaque communauté est SEUL maître à bord et c’est à LUI, et seulement à lui, que revient la décision de choisir comment opérer.

Mais vous m’avez demandé mon avis, je vous le donne.
Je ne voulais pas décider seul, j’en ai parlé avec d’autres Rabbanim parisiens qui n’étaient pas tous d’accord avec moi, ce qui m’a poussé à avoir recours à ces rabbanim israéliens et américain, qui eux, abondent dans mon sens.

Sachez donc que mon opinion est discutée (par quelques rabbanim parisiens) et qu’il convient de toute manière de suivre son rav local, ce que j'ai écrit ici ne sert que de base de réflexion, chaque Rav décidera pour sa communauté.


PS: je précise que les questions aux Rabbanim étrangers comportaient toutes les explications sur la situation réelle du terrain, et la vision des deux partis.

PS2: Rav David Yossef m'a envoyé un Psak écrit, adressé à tous les Rabbanim français qui souhaiteraient lire d'eux-mêmes sa position. Si des rabbanim veulent le voir, je peux le leur envoyer.

Et ceux qui souhaitent le contacter directement, lui ou un autre des Poskim cités plus haut, ou d'autres Poskim, Bevakasha et Bessim'ha Raba.

PS3: je n'ai malheureusement pas le temps de me relire, veuillez excuser les fautes, merci.
La bonne humeur
Messages: 62
Bonjour Rav merci pour ce psak détaillé
Qu'en est-il des risques de contamination du virus?
et surtout n'y a-t-il pas quelqu'un qui puisse intervenir auprès du gouvernement pour obtenir une dérogation parce que si on viens tous en même temps à 17h21 ça va faire du monde et si on pouvais lire plus tard alors on peut faire pleins de minyanim et puis c'est mieux
chabat chalom
cheelnaute
Messages: 277
Bonjour et merci de ce psak détaillé.
Il fait clairement réfléchir
Plusieurs questions :

1. Ce problème de hiloul ashem est il toujours valable même si l'on prends sur soi de mettre une casquette ? Ainsi, techniquement, je ne suis plus assimilable a un juif et même si je sors en même temps que tout le monde a 20h et quelques, celui qui me voit ne me reconnait pas en temps que juif
Halahiquement, suis-je appelé mehalel ashem, du fait que je me joigne à cette assemblée peu discrète, oubien dirons nous que si tout un chacun n'a pas de signe distinctif ( comme en mettant une casquette ), alors il n'y a plus de hiloul ashem?

2. Doit on en conclure que selon vous le vendredi soir aussi on ne doit pas aller à la synagogue ?

3. Sans rentrer dans la polémique, et pour avoir une vision éclairée de la situation, j'imagine que les " rabanim parisiens " dont vous parlez sont des gens serieux sinon vous ne les citeriez pas.
Quels sont leurs arguments? J'imagine qu'ils connaissent aussi bien que vous la agdara du hiloul ashem, pourquoi alors n'arrivent ils pas à la même conclusion que vous?
juif
Messages: 72
Bonjour Rav
Pourquoi ne conseillez vous pas (à ceux qui le peuvent, bien sur) d'écouter la méguila au beith akenesset au Plag avec le minian, puis de la relire individuellement la nuit venue, chez soi a la maison (avec une meguila keshera)?
Est ce une bonne solution?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
A La bonne humeur :

Citation:
Qu'en est-il des risques de contamination du virus?
et surtout n'y a-t-il pas quelqu'un qui puisse intervenir auprès du gouvernement pour obtenir une dérogation parce que si on viens tous en même temps à 17h21 ça va faire du monde et si on pouvais lire plus tard alors on peut faire pleins de minyanim et puis c'est mieux


Les risques de contamination sont hélas toujours présents et d’actualité, il faut veiller aux gestes barrière et ne pas se relâcher en raison de l’ambiance festive.
Il est vrai qu’étaler des lectures sur toute la soirée aiderait à réduire l’affluence, hélas cela pose un autre problème.

Cependant, s’il s’agit de faire de très petits minianim, cela peut être réalisé comme expliqué plus haut.

Quant à faire intervenir un représentant auprès du gouvernement pour présenter notre problème et espérer une dérogation, cela s’annonce perdu d’avance dans la mesure où les instances représentatives se réfèrent à Rav Gugenheim qui, selon ce qu’on m’a dit, a autorisé -comme tous les Poskim cités plus haut, de faire Arvit suivi de la lecture au Plag.

De plus, à mon avis, si on va demander l'autorisation de faire des offices après 18h, je suis sûr que la réponse sera négative; le but de ce couvre-feu est de faire en sorte que les gens ne sortent pas massivement, alors qu'une dérogation permettrait exactement cela et favoriserait donc des contaminations.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
A Juif :
Citation:
Pourquoi ne conseillez vous pas (à ceux qui le peuvent, bien sur) d'écouter la méguila au beith akenesset au Plag avec le minian, puis de la relire individuellement la nuit venue, chez soi a la maison (avec une meguila keshera)?

Car celui qui sait la lire et qui possède une Meguila, n'a pas besoin d'aller l'écouter au Plag, il peut simplement la lire chez lui à la nuit.

C'est ce que j'ai écrit plus haut :
il reste préférable de la lire à la nuit, même seul, si on en a les moyens (Meguila + savoir la lire)

Cependant, à la différence des autres Poskim que j’ai cités, Rav David Yossef précisait qu’il est préférable de faire au Plag et de ne pas indiquer de faire à la nuit chacun chez soi, pour ceux qui arriveraient plus ou moins à lire la Meguila eux-mêmes, car cela entrainerait irrémédiablement que des juifs se tromperaient en lisant la Meguila sur des points rédhibitoires.

Disons que si vous possédez une Meguila et savez la lire, mais que vous n’êtes pas vraiment sûr de votre capacité à la lire sans faire de fautes, votre solution semble bonne.

Mais je ne l’ai pas indiquée d’une part, car elle ne concerne pas la majorité, loin s’en faut, et d’autre part, car c’était en fait indiqué à qui sait bien lire.

En lisant ce que j’ai écrit au nom de ces Rabbanim, vous remarquez qu’il y a une préférence à la lecture nocturne et solitaire et l’enjeu est de pouvoir être certain de lire convenablement.
Il en résultait forcément que -lorsqu’on a le profil cité (=posséder une Meguila, savoir la lire, mais craindre de commettre une erreur)- votre solution semble la meilleure.

C’est pour cela que j’ai expliqué l’argument de Rav David Yossef et ne me suis pas contenté de souligner qu’il est en Ma’hloket avec les autres sur la préférence à donner entre minian au Plag et seul à la nuit.
Car en expliquant qu’il est d’accord dans l’absolu que seul à la nuit c’est préférable, mais qu’il craint l’erreur fatale, cela permettait au lecteur qui se débrouille assez bien pour savoir lire tranquillement mais ne pas être sûr d’éviter les pièges, de comprendre que -s’il en a la possibilité, il gagnerait à relire la Meguila seul à la nuit avec sa Meguila Ksheira.

Vous l’avez compris tout seul comme je l’espérais, bravo.

J’espérais éviter d’avoir à écrire cette longue explication, c’est raté 😊.
En fait je souhaitais l’éviter pour ne pas produire un post encore plus long et où trop de monde se perdrait en route. Mais maintenant que c’est dans un message séparé, tout va bien.
Donc ‘Hazak pour m’avoir amené à l’expliciter !
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
A Cheelnaute :

Citation:
1. Ce problème de hiloul ashem est il toujours valable même si l'on prends sur soi de mettre une casquette ? Ainsi, techniquement, je ne suis plus assimilable a un juif et même si je sors en même temps que tout le monde a 20h et quelques, celui qui me voit ne me reconnait pas en temps que juif
Halahiquement, suis-je appelé mehalel ashem, du fait que je me joigne à cette assemblée peu discrète, oubien dirons nous que si tout un chacun n'a pas de signe distinctif ( comme en mettant une casquette ), alors il n'y a plus de hiloul ashem?

Le problème du ‘Hilloul Hashem ne se résoudra pas en mettant une casquette si des dizaines de personnes sortent de la synagogue après 20h, et à plus forte raison si elles ne sortent pas dans une très grande discrétion.

Voir un juif isolé et en casquette lorsque rien ne permet de l’identifier comme juif, en effet, ça retire l’aspect ‘Hilloul Hashem, mais ici le problème est la réunion de plusieurs personnes qui permettra de comprendre.

Et c’est même sans parler de la synagogue avec les fenêtres qui donnent sur la rue de telle sorte que les passants verront les lumières allumées et entendront le tapage concomitant aux mentions d’Haman.


Citation:
2. Doit on en conclure que selon vous le vendredi soir aussi on ne doit pas aller à la synagogue ?

Oui, on peut aussi y imaginer un problème de ‘Hilloul Hashem, mais dans une moindre mesure.
A Pourim, il y a l’addition de l’esprit festif au nombre nettement supérieur de fidèles, qui joue énormément.
Mais si l’on peut organiser une kabalat Shabbat au Plag le vendredi, oui, c’est souhaitable.
C’est ce qui se fait à la synagogue de Puteaux et dans plusieurs autres.

(Pour le Motsaé Shabbat, c’est plus compliqué et il y a des synagogues qui ne proposent pas l’office d’Arvit, bien qu’il soit Halakhiquement envisageable de faire Arvit plus tôt -sans pour autant faire sortir le Shabbat avant l’heure, il y a trop souvent un risque qu’un fidèle au moins puisse se tromper et faire une Melakha avant l’heure de Motsaé Shabbat. Il est donc préférable à ce que chacun prie Beya’hid plutôt que d’organiser un Arvit plus tôt, en plein Shabbat.)

Citation:
3. Sans rentrer dans la polémique, et pour avoir une vision éclairée de la situation, j'imagine que les " rabanim parisiens " dont vous parlez sont des gens serieux sinon vous ne les citeriez pas.
Quels sont leurs arguments? J'imagine qu'ils connaissent aussi bien que vous la agdara du hiloul ashem, pourquoi alors n'arrivent ils pas à la même conclusion que vous?


Je crois qu’il y a (souvent en tout cas) un désaccord sur l’appréciation de la situation.
Ça revient à dire qu’il y a un désaccord sur la définition du ‘Hilloul Hashem, sauf que ce n’est pas dépendant de l’aspect purement halakhique « dans les livres », mais plutôt dépendant de l’aspect « appréciation du terrain, de la réalité ».

Avant d’expliquer l’idée, repoussons et mettons de côté les AUTRES notions qui pourraient perturber les cerveaux désordonnés ; certains estiment que le couvre-feu ne serait pas une mesure sanitaire efficace, si le virus ne se transmet pas la nuit, il se transmettra de toute façon en journée.
D’autres leur répondent que chaque heure de confinement est toujours ça de gagné et que les heures du soir sont réputées particulièrement à risque car c’est dans les fêtes et soirées que le virus circule le mieux.
Les premiers rétorquent que le métro aux heures de pointe est largement plus dangereux et propice à la contamination et dénoncent une volonté de nous priver de notre liberté.
Ce à quoi les autres leur répondent que le métro est indispensable pour permettre de relancer l’économie, sans quoi, nous allons mourir d’autre chose que du Covid.
Etc… des débats qui continuent ainsi.

Ne nous intéressons pas ici à trancher entre ces deux clans, peu importe qui a raison pour le moment, et intéressons-nous à une réalité : Etant donné qu’il y a des gens qui pensent que le couvre-feu est une bonne mesure, et qu’ils ont la loi de leur côté, il faut composer avec eux aussi dans notre réflexion sur le ‘Hilloul Hashem.

Après cette préface, voici maintenant ma réponse:

Tous s’accordent à dire que si j’ai un voisin antisémite qui insulte tous les juifs du monde à chaque fois que j’éternue chez moi, car il colle son oreille au mur mitoyen dans l’attente de pouvoir déceler un infime son et prétendre que je fais du tapage (diurne !) afin de pouvoir râler et dire que je lui cause de terribles maux de tête, tous s'accorderont à dire que dans ce cas, on ne parle pas de ‘Hilloul Hashem, on parle plutôt de schizophrénie aromatisée au syndrome de Caliméro ou de Munchausen.

A l'inverse, tous s’accordent dans le cas où un juif en Kipa saute le tourniquet du métro, qu’il y a ‘Hilloul Hashem.

Car dans un cas, l’acte est objectivement répréhensible, alors que dans l’autre il est clairement innocent.

La question est de savoir comment définir celui qui enfreint de manière flagrante la loi française, comme celle du couvre-feu.

Tout le monde sait que chacun peut malhonnêtement rédiger une attestation de sortie pour après 18h. N’allez pas prendre le gouvernement et les responsables pour des demeurés qui n’y auraient pas pensé, ils le savent très bien, mais comme nous ne sommes B’’H pas en régime totalitaire, les autorités nous font confiance pour que chacun fasse les efforts requis pour diminuer la circulation et les rencontres durant ces 12 heures (de 18h à 6h).

Si UN juif sort le soir après 18h, il n’y a pas de ‘Hilloul Hashem, MÊME s’il est malhonnête et est sorti uniquement pour braver le couvre-feu (tel un enfant qui a besoin de pouvoir transgresser l’interdit pour se sentir libre).

Dès lors, que dire dans notre cas où l’on pourrait imaginer le spectacle de 200 juifs sortant d’une synagogue un soir de Pourim ? Qu’ils soient en casquette ou en béret, en Kippa ou en Borsalino, peu importe, les voisins savent que c’est un lieu de culte juif.
Il est évident qu’il est possible qu’un voisin ou un passant remarque qu’il y ait un office et qu’il pourrait penser que ce n’est pas réglo, non respectueux de la loi et dangereux pour la propagation du virus.
Va-t-on considérer qu’il y a ‘Hilloul Hashem ? Ou va-t-on dire que le passant qui pensera que ce n’est pas réglo est comparable au voisin qui s’excite dès qu’il entend à travers le mur un éternuement ?

Autrement dit, va-t-on considérer qu’à l’instar de celui qui saute le tourniquet du métro, il y a un acte objectivement répréhensible, il y a un tort. Ou bien dira-t-on que c’est comme l’éternuement chez soi en journée, que seul un dérangé peut critiquer, mais toute personne normalement constituée n’y trouverait rien à redire.
(j’ai donc mis de côté le débat sur l’efficacité du couvre-feu, car on ne peut pas dire que ceux qui pensent ainsi sont des fous dans la mesure où la loi est de leur côté et qu’ils sont très nombreux, ce n’est pas comme un schizophrène isolé. Nous ne pourrons donc pas utiliser comme argument que le couvre-feu est inefficace pour dire que notre sortie en grand nombre le soir de Pourim n’est absolument pas condamnable, comme dans le cas de l’éternuement.)

Voilà, je pense, ce qui distingue les deux approches.

Et c’est ce qui me faisait dire, plus haut, qu’il est délicat d’avoir recours à des rabbanim étrangers vis-à-vis de ce point, car il y a une appréciation du terrain qui entre en jeu.
J’ai donc bien souligné aux rabbanim que j’ai consultés pour notre cas, que l’on peut tout à fait sortir le soir muni d’une attestation que l’on rédige soi-même, et que le gouvernement nous fait confiance, bien qu’il soit techniquement possible d’être malhonnête et que dans les faits, il y a assurément beaucoup de malhonnêtes dans les rues tous les soirs.

Mais ces rabbanim considéraient (comme moi) qu’on ne joue pas avec le feu (=le ‘Hilloul Hashem) et que si la loi réprouve de tels regroupements (s’ils sont conséquents), nous ne devons pas, sous prétexte de vouloir accomplir la lecture selon toutes les Shitot, enfreindre la loi et risquer le ‘Hilloul Hashem.

[Avoir recours à l'argument du 'Hilloul Hashem au lieu de se contenter simplement de dire que c'est interdit par la loi française (et que la loi juive impose à tous les juifs de respecter la loi civile du pays qu'ils habitent), pourrait paraître superflu.
Mais comme il y a encore d'autres discussions et points à éclaircir et distinguer lorsqu'on parle de l'impact de la loi dans la Halakha, nous nous concentrons sur l'argument du 'Hilloul Hashem pour réprouver les offices nocturnes dans les synagogues, qui s'ajoutera au fait que nous sommes tenus de respecter la loi civile tant par notre résidence en France que par la Halakha (loi religieuse juive).]

Bien entendu, ceux qui ne suivront pas le Psak de ces Poskim et feront la lecture à la nuit, se diront qu’il suffira d’être discret, de ne pas tous se garer devant la shul, de ne pas utiliser une salle qui donne sur la rue, de ne pas faire trop de bruit lors de la mention du nom d’Haman, voire même de réguler les sorties de la shul au compte-goutte pour ne pas se faire remarquer.

Ces mesures sont réellement souhaitables dans ce cas, mais je crains (et les rabbanim cités aussi) qu’il ne soit pas toujours possible d’éviter de se faire remarquer et qu’il risque d’y avoir finalement un ‘Hilloul Hashem h’’v. (en plus de la réalité de l'infraction à la loi qui -comme dit, est doublement répréhensible, par la loi française et par la Halakha).

Pas besoin pour cela que ce soit publié dans la presse et qu’on ait un scandale semblable à celui d’autres communautés d’Europe ou d’Amérique. Un simple ‘Hilloul Hashem, d’UNE personne qui reverrait légèrement sa position par rapport à la Torah, suffit déjà pour justifier que l’on fasse l’impasse sur l’opinion du Pri ‘Hadash et qu’on suivre celle du Shoul’han Aroukh.

Voilà pourquoi, à mon sens, ceux qui disent qu’il n’y a pas lieu de craindre le ‘Hilloul Hashem, sont dans l’erreur.

Que ce soit parce qu’ils pensent qu’ils ne commettent pas d’infraction en organisant une lecture nocturne à la synagogue, ou que ce soit parce qu’ils estiment que les autorités le tolèrent assurément et que « ce n’est que dans ma tête que les autorités n’apprécieraient pas ces Minianim » (-oui, c’est l’argument de certains).
Je comprends bien qu’ils ne sont pas d’accord avec mon appréciation des choses, mais je persiste à dire qu'il me semble évident que les autorités civiles n'apprécieraient pas ce genre de regroupement nocturne et que j’ai par conséquent raison et eux tort -en espérant qu’aucun ‘Hilloul Hashem flagrant ne vienne me donner raison de manière éclatante, je me contente d’avoir raison même sans être capable de le faire reconnaitre aux autres 😊.
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